jeudi 8 avril 2021

Portraits et sagesse 156

 


                   


Ali ben amor Jahouach, militant de première heure de la jeunesse destourienne de Zarzis, avait été aussitôt l’indépendance, choisi à la garde présidentielle, en tant que motard principal de l’escorte. De ce fait, il avait travaillé pendant une trentaine d’années au palais pour convoyer Bourguiba dans touts ses déplacements à l’intérieur du pays. Pendant la guerre de Bizerte, il assurait le courrier entre la présidence et les chefs des combattants et avait échappé de justesse aux roquettes de l’aviation française. Avec un collègue, ils avaient dû, laisser les motos sur la route pour aller précipitamment se cacher dans les oliviers et déjouer les allées et venues des aigles de la mort. D’ailleurs, c’était lui qui avait annoncé à la famille Oueriemmi, le décès de Si Salem, garde nationale de sa génération, tué par l’aviation dans un barrage routier aux alentours de Bizerte.  Si Ali, n’avait pas manqué de convoyer le corps de son ami le martyr Salem Oueriemmi, jusqu’à Zarzis, soit six cents kilomètres, pour participer à un enterrement militaire mémorable. A cause de son adresse et le fait d’avoir surpassé toutes les situations difficiles, le président le surnommait « le diable de Zarzis ». Surtout quand il s’en sortait lors d’accidents graves et de situations difficiles. Si Ali, devait aussi garder un œil sur Si Habib, qui faussait souvent compagnie à la surveillance pour faire la randonnée buissonnière ou simuler des sorties afin d'évaluer la vigilance des gardiens. Il se rappelle encore le caractère jovial du président et son sérieux la plupart du temps, mais surtout quand il reçut avec enthousiasme son ministre des affaires étrangères de l’époque Mongi Slim, et le félicita énergiquement pour son éloquence et son habilité à défendre la cause de la Tunisie dans l’arène des nations unis. Si Ali était ponctuel, sérieux et acrobate dans sa profession, au point de jouir d’un grand respect de ses supérieurs et amis, avec même quelques jalousies de passage. A un moment, et suite à la scolarité de sa fille et la maladie de sa femme, Mabrouka El Hattab, qui nécessitait des soins rapprochés, il demanda à ses supérieurs sa mutation dans le sud pour finir sa carrière et répondre aux devoirs de famille. Bien sûr, étant presque indispensable dans son métier, à cause de sa probité, adresse et engagement, sa demande avait été refusée catégoriquement et sans appel. Malgré ses rappels à ce sujet, à cause des pressions de la conjoncture familiale, il haussa le ton et menaça même un gardien délateur, avec son pistolet de service, qui ne tarda pas à reporter à son commandement cet incident. Devant ses supérieurs, il tint bon et insista sur son droit à la mutation qui ne vint qu’après de longues tergiversations. Pourtant, cet envoi en tant que chef de poste dans une ville de l’intérieur, était plutôt disciplinaire et susceptible de briser sa carrière, vu, la complexité de l’endroit, où l’alcool coule à flot. Quand il avait dit à son supérieur qu’on voulait se débarrasser de lui, ce dernier fit un sourire révélateur et malin. Mais Si Ali Jahouach, fit de son mieux, établi des amitiés avec la population et géra deux délégations à la fois pendant quelques années sans le moindre problème. Il ne cessait de dire, qu’il est né dans un champ de blé, à Wahmia près de Bengardane, pendant que sa mère moissonnait, qui aussitôt l’avoir mis au monde, le porta dans un tissu hamac sur son dos et continua son travail dans la chaleur du sirocco, donc ce ne seraient pas ces entraves qui arrêteraient ses devoirs et sa volonté.

Beaucoup de souhaits, de santé et de bonheur, à Si Ali Jahouach, pour son engagement et son patriotisme constant.

                                               Lihidheb Mohsen 08.04.2021