mardi 20 décembre 2022

Portraits et sagesse 158




 Mahmoud Boujeddada, un très brave homme, son allure et son dynamisme ne donneraient pas son âge, corpulent, bronzé, aux yeux vifs comme un tigre dans sa grandeur, dirigeait un stand de livres usagés à même la rue, au centre ville, un produit merveilleux, dans toutes les langues et allant du roman policier aux œuvres philosophiques et historiques. J'étais presque le seul à lui acheté les livres en Anglais et en Allemand et sommes devenus amis par la force des choses et après une demi douzaine de passages par celle ville insulaire. Il faisait plusieurs choses à la fois, dont l'accompagnement des élèves dans leurs études, la distribution des dons et des aides aux familles pauvres pendant les fêtes religieuses et autres, nettoyait quotidiennement les alentours de son espaces au point d'avoir entretenu un égout bouché et négligé par l'honorable municipalité... Il était fier, comme il se doit, de ce qu'il faisant et conscient de la justesse de son approche culturelle, environnementale et aussi philanthropique. Il y avait un arbre à coté de son stand, qui l'abritait par la chaleur, mais on l'avait en partie détruite juste pour le dégager, à cause de son activité populaire devant de grands immeubles commerciaux et d'affaires. Peut être, que la nature fait toujours bien les choses, et à cause de la verdure dans son cœur, les feuilles repoussèrent et Mahmoud, illumina l'endroit par ses centaines de livres, par sa sagesse et par son engagement à l'humanité des hommes. 

jeudi 1 septembre 2022

Engagement jusqu'à la mort...

 


                   


Une fin de mois d’aout, encore très chaude, mais il fallait bien garder son rythme et marcher longuement, comme d’habitude sur les plages du sud de Zarzis, jusqu’à l’Isthme d’El Bibane. Normalement je sortais seul, mais l’avant dernière fois était avec un jeune cinéaste qui insistait à prendre des prises d’une partie de mes activités écologiques et humanitaires. Loin, bien loin, aux environs de Lemsa, en descendant vers la mer, retroussant nos pantalons et enfonçant nos orteils pour ne pas glisser dans le fond très lisse et déstabilisant, on avait remarqué deux personnes qui nous précédaient vers la mer. Etrangement, ils portaient des chemises blanches et des pantalons noirs sans rien avoir dans les mains et marchaient d’une manière décidée qui frôle la précipitation. Puisqu’ils n’étaient visiblement pas de pêcheurs, toute en exécutant notre tâche, nous continuâmes à les observer de loin, au point de les voir pousser une petite barque vers le large et entendre un peu plus tard, le bruit d’un moteur puissant. C’était mon compagnon qui douta des mouvements et pensa que c’était une opération de migration clandestine en train de se préparer dans toutes ses étapes de rencontres, de timing et de contournement des contrôles.

                    Le lendemain, j’étais seul dans mon action écologique au bord de la mer et remarqua aussi un mouvement suspect de voitures de locations qui s’arrêtaient dans des endroits précis, pour l’observation peut être et le rabattage et la collecte des postulants à la Harga. Il faut dire que d’habitude je laissais ma voiture ouverte et les clefs dans la serrure, mais cette fois, je les ai pris dans ma poche pour faire les deux kilomètres de plages de part et d’autre de l’engin. Le vent était encore très chaud et je devais ligoter mon chapeau de paille avec une corde autour de ma tête et mon menton. Normalement, je rencontrais peu de personnes mais cette fois, un vieux venait dans ma direction cherchant du goudron, qui d’après lui, lui servait pour l’étanchéité de la toiture de sa maison modeste. Je lui avais signalé les endroits où j’ai vu les rares calottes de goudron, qui pourraient le servir. Il m’avait dit qu’il était marin et se rappelle encore la quantité énorme de ce pétrole coagulé et qui brulait les plantes des pieds chaque fois qu’on marchait dessus, à cause de la chaleur brulante. Plus loin, j’ai rencontré un pêcheur en train de déposer sa moto pour entrer en mer et se plaignit des inconnus qui circulaient depuis quelques mois et les vols de filets, moteurs et même bateaux. Des outils de travail de gens pauvres, pour des familles pauvres et dans un milieu de surpêche notoire. En revenant vers ma voiture, j’ai rencontré encore une fois le vieux du goudron, en train de démarrer vainement sa vespa refroidie par l’humidité de la mer. Je lui ai dit que je vais venir avec ma voiture et le prendre vers sa maison si l’engin n’a pas démarrer. Il me raconta qu’il connait mes voitures usées par l’oxydation du sel marin et tous se collègues considéraient ma présence sur les plages depuis trente ans, comme un accompagnement amical et un réconfort de secours en cas de pannes. Il est aussi vrai que chaque fois que je trouve quelque chose rejetée de la mer et pouvait leur servir, je la donnais avec plaisir au premier d’entre eux. Un aviron, un bidon, une corde, un piquet de signalement de filets…. Il m’a dit, qu’il aimait ce travail, malgré les maigres pêches, mais depuis l’accident mortel d’un frère ainsi qu’un autre, il avait arrêté ce métier de souffrances et d’ingratitude. C’était en 2015, parait-il, quand le mois de ramadan coïncidait en été et en pleine chaleur, son frère, lors d’une journée torride, malgré le jeûne, s’obstina à aller à Lemsa et mourut de soif et d’exténuation. La deuxième personne, survécu pendant un moment pour payer aussi le prix de cette obstination.

                   Ainsi, comme les migrants clandestins, qui risquent leurs vies pour un bien être légitime et de plein droit, les pauvres pêcheurs aussi, par le besoin et quelques fois la foi, endurent les difficultés climatiques et mécaniques, au point d’en mourir en vraies martyrs de la lutte pour la survie.

                    Bien sûr, ils ne sont pas les martyrs de la guerre, de la violence et la compétition au gain, mais les vrais martyrs du droit à la vie et l’humanité des hommes.  

                                                           Lihidheb Mohsen 01.09.2022

Moncef Chebbi


 

                   


« Chemins de traverse », son dernier livre qui met en valeur une période militante, de la jeunesse Tunisienne, tirée entre la gauche traditionnelle « de l’époque », le panarabisme naturel des indépendances et l’alignement aux pouvoirs en place ; et met aussi, une découverte du personnage, comme militant patriote et fidèle au parcours des idées et les différentes formes de luttes, sans tomber dans l’assimilation au chapardage politique ni les idées fixes et finies. Un livre de très grande qualité, focalisant sur une période occultée par les régimes en place et le sectarisme réducteur des biographies et écrits au sujet de la période. Ainsi, il a permis de constater la valeur supra nationale de l’auteur, la grandeur militante et intellectuelle de Brahim Toubal et les scissions organiques et constantes des factions militantes du Maghreb et du moyen orient. Comme je le lui est dit lors de la signature de son livre à Djerba, accompagner ainsi les idées du conceptuel à l’option militariste, lutter pour les peuples malgré les origines familiales aisées et garder une lucidité, une crédibilité et un engagement constants, dans un équilibre difficile et une conjoncture souvent ambiguë. Il était vraisemblablement ému, pendant qu’il faisait de la politique avec « El Amel Ettounsi », moi Boughmiga le néandertalien, militant de base à Zarzis, je volais chaque soir la bicyclette d’un ouvrier, pour l’utiliser à distribuer toute la nuit des paquets de tracts dans les ruelles de Zarzis et remettre tôt le matin le vélo dans la cabane. Un livre qui permet de mesurer la teneur des uns et des autres, que ce soient des individus, des groupuscules, des partis ou des états comme l’Algérie, la Lybie ou l’Irak…sans parler de la crédibilité intellectuelle et l’engagement réfléchi de Si Moncef Chebbi, qui endura la prison, le fugitif pendant une bonne partie de sa vie et les divers dangers de liquidation physique pour ses convictions.                                                                                                                                                    Le lendemain de sa visite à Djerba Zarzis, il ne manqua pas de visiter le musée mémoire de la mer et de l'homme, fit la connaissance du militant de base aussi Slah Mzalouat et dégusta à la terrasse du café culturel de Souihel, du thé à la menthe accompagné de pastèques et figues fraiches du jardin.... Ainsi, joindre l'action, aux éléments de la vie, pour la vie, était réussie...

                                              Lihidheb Mohsen 01.09.2022

vendredi 24 juin 2022

Hassi Amor...encore.

 

                



   

 Hassi Amor, encore…

                    Depuis longtemps je n’ai pas fait le jour de marché à Hassi Amor, ce village sur la route principale, en plein milieu du sud-est Tunisien, qui résume les activités de la région et donne une idée claire sur la situation des gens et la nature. Des légumes, des fruits, des poules, des œufs, des vêtements usagés, des grains, des grignons d’olive, de la paille emballée, des bricoles et surtout une grande place pour le commerce du bétail. En effet, des milliers de moutons, de chèvres et autant de camionnettes agricoles quatre-quatre bâchés. Il y avait aussi des femmes assises parterre à vendre des tissus multicolores et des habits traditionnels. Pour moi, mon but était toujours de trouver des objets pour sauver la mémoire dans mon musée écologique et cette fois aussi, je cherchais des outils pour le jardinage de mon petit terrain, mais, je n’avais trouvé qu’un ustensile en terre cuite et une girouette ancienne, « Tibsi w Maccara ». Les prix étaient relativement chers et la production locale, modeste à cause de la sécheresse qui sévit depuis deux ans. Seul le marché florissant du bétail qui se maintient grâce au blé, le fourrage importés du nord de la Tunisie et d’ailleurs à travers le port de Zarzis. Il parait que le prix du mouton à sacrifier cette année, serait à sept cents dinars en moyenne, un montant, difficilement abordable même pour le citoyen moyen.

                   Toutefois, je me permettrais de relater mes remarques cette fois : Le marché au bétail était monumental et serait le rendez-vous des citoyens de tout le sud, le nombre des femmes étaient en croissance, les nombre des clients en général était important, les camions de fourrage étaient nombreux, les vendeurs de grumeaux étaient trois avec une grande affluence, la femme qui balayait sous les camions pour récupérer la paille tombée n’était pas là et un vieil homme faisait la tâche, une seule charrette au repos devant son âne chétif ce qui est un signe de mécanisation fâcheux aux dépends des animaux et la vie traditionnelle, un moulin à vapeur travaillait à plein rythme à transformer les grains en nourriture pour les humains et les bêtes, un enfant tenant la main de son père happa une poignée d’amandes vertes sous le regard sévère du vendeur qui s’était calmé quand j’avais demandé au garçon d’en restituer quelques-unes, un vieil homme familier dans la majorité des villes demandait à haute voix monotone des dons pour la construction d’une mosquée, il n’y avait pas le marchand des outils agricoles, le marchand de beignets à même la route aurait son temps passé, le vieux forgeron noir qui travaillait debout dans un trou au milieu de sa boutique jusqu’à la taille pour avoir le sol à la porté de ses mains n’était plus, la vénérable Dame pleine de Baraka que je rencontrais les années précédentes était absente et peut être pour toujours, le grands entonnoirs desservant le pétrole Lybienne de contre bande entoure la ville et celles de tout le sud…

                    Voici donc, une lecture rapide, d’un milieu qui révèle la sévérité de la situation, dans une économie de survivance, surtout s’il n’y aurait pas un hiver précoce « de pluies » pour sauver l’oliveraie et la nature avant de voir les arbres périr à vue d’œil.  

                                       Lihidheb Mohsen 22.06.2022

                  

mardi 31 mai 2022

Les offrandes de la mer...

 







                   


C’est inscrit dans le patrimoine social, dans la mémoire collective et le comportemental quotidien des paysans de l’oasis maritime. Au début, c’était qui voyait les bandes de petits poissons le premier, pour avoir le droit et la légitimité exclusive de l’attraper, sans la contestation, au vu et au su des autres familles longeant le littoral, ou qui a vu l’objet et devant quelle famille il est arrivé de la mer et que les habitants réutilisaient, une planche pour la cabane, une bouteille pour l’achat de pétrole ou d’huile, ou une corde pour tisser une muraille de brindilles d’oliviers… Cette expectative collective, donna à l’horizon, du point de vue de la population, une sorte de sacralité mystique, allant entre l’attente, le souhait, la vénération et l’espoir. Ce que Boughmiga avait repris sans le savoir, dans son action écologique et son mouvement avec les composantes de la nature qu’il embrassa avec ferveur.

                    Il faut dire que la pluie vient généralement avec des nuages arrivant du nord-est, le soufflet de vent rafraichissant après les siroccos, venait aussi du nord-est et les éclairs de nuit rabatteurs des bandes de petits poissons vers les côtes venaient aussi de la même direction. Pour cela, tout le monde s’inscrivit dans cet attachement aux éléments de la nature et son mouvement généreux.

                     A part les phénomènes conjoncturels comme la guerre mondiale ou la migration clandestine et ce qu’elles rejettent tristement sur les plages, Boughmiga avait trouvé beaucoup de choses utilitaires, comestibles, recyclables et importants. Il avait trouvé ou consommé des dates de mer, des poulpes rejetées par la tempête, des oranges, des tomates, des pommes de terre, des oignons, du piment vert, du charbon, des aubergines, des seiches, des pastèques, des melons, des noix de coco, des pins d’Alep, des paquets de thé noir, des paquets de cigarettes, des bouteilles d’huile, des bouteilles d’eau minérale… Il faut aussi reconnaitre qu’il avait aussi trouvé quelques fois de l’argent dans les chaussures des migrants, qu’il avait converti dans les banques pour le donner aux associations caritatives de la région. Une générosité de la mer, que rares sont les gens, qui réalisent son ampleur et sa dimension. Ne dit-on pas dans la culture locale, que celui qui a une nasse en mer, est dans les bras de sa mère.

                    Il faut dire que Boughmiga avait recyclé et réutilisé tout ce qui venait de la mer, jusqu’à la peinture et les pinceaux avec lesquels il avait écrit sur les planches de la cabane de l’ile déserte les noms des hommes célèbres qui avaient influencé l’histoire en bien et en mal. Bien sûr, tout au long de son action, la famille voulait toujours réduire ses activités relativement extravagantes, comme quand il réutilisait du charbon pour la cuisson du thé, avec de grandes étincelles à cause du sel d’eau de mer imbibé et séché dedans.

                    En présence de sa mère, autrefois, une de ses connaissances avait dit, qu’elle connaissait un habitant, bien loin de la ville et des gens qui avait dit « Chaque fois que j’ai faim, sans rien à manger, je me dirigeais vers la mer, ma mère, à longer la cote, pour trouver quelque chose à grignoter, à boire et subsister... ».

                    Ainsi, dans une sorte d’intégration ultime, dans un climat désertique, en plus de la poudre d’orge, de l’huile d’olive, de l’eau de pluie, des figues et des dates séchés, la ruée vers les plages des bandes de petits poissons, séchés aussi pour les garder dans des jarres, constituaient des produits stratégiques, nutritifs pour les pauvres et dont plusieurs sont offerts par la mer, maternelle.

                                                  Lihidheb Mohsen 26.05.2022

 

 

dimanche 22 mai 2022

Tomate orpheline.

 



                   



Dans le sud-est Tunisien, désormais, c’est la sècheresse, presque pas de pluie, les sables du désert et de la mer, la diminution du niveau des nappes phréatiques, l’ensablement des puits traditionnels, le tarissement des citernes d’eau pluviale, le recul de l’effet d’humidification des vents de mer, le surpâturage, la surpêche, la confiscation des terres collectives par l’état, la consommation exclusivement du nord et de l’étranger…, amère cette situation qui perdure et augmente de jour en jour sa mainmise, qui se manifeste bruyamment par la charté des légumes, la monté en flèche des prix des fruits, l’explosion des prix des matériaux de construction, l’hégémonie vorace des factures des énergies et la pénurie périodique des produits l’un après l’autre. Il faut dire que les prix ont toujours grimper aussi à l’occasion des fêtes, du mois de Ramadan et lors du passage tapageux des confrères venant de l’étranger pour les vacances et les extravagances.

                    Un bilan noir diriez-vous, mais en vérité, la réalité est encore plus douloureuse. Puisque Boughmiga, veut toujours diversifier ses activités pour garder sa liberté d’action et ne point se faire approprier par un créneau aussi important serait-il, il tenta cette année, de planter des semences de pastèques, de mêlons et de tomates, dans l’espace du musée écologique, le lopin de terre de son fils et celui de son frère à l’étranger. Il a fallu quelques fois employé des africains futurs migrants clandestins pour faire deux cents trous à cet effet. D’après les connaisseurs, les semences sont souvent improductives à usage unique et l’irrigation par l’eau de robinet est nocif et Terminator. Donc, Boughmiga avait acheté deux petits arrosoirs et à partir de ce qui reste encore dans la citerne d’eau de pluie, il rationna périodiquement à chaque plant un litre d’eau douce. Un exercice physique, recommandé pour sa santé qu’il faisait très tôt le matin avant le réveil de tout le monde. Quelques jours après, il fallait aussi bécher les trous pour aérer le sol et laisser les plants sortir de la terre. Sauf votre respect, Boughmiga se permet de ne pas parler d’une approche fondamentale et en parlera bientôt dans le blog thématique de la migration clandestine.

                    Depuis quelques semaines, les semences poussaient, puis mouraient et qu’il fallait remplacer de nouveau, irriguer de nouveau, bêcher, encastrer les pauvres poules, surveiller les attaques de moutons et chèvres de voisins, surveiller le ciel et les rares nuages dans l’espoir de la pluie, suivre les prévisions météorologiques chaque soir à la télé avec les remarques taquines de sa compagne…. A la fin, en vain, la plupart des plants sont morts, les semences ne sont pas sorties de la terre et seule, une tomate de douze centimètres de haut, mis en haut, prématurément, comme pour congédier Boughmiga rapidement de cette aventure, une tomate rouge de dix grammes. fallait-il l'exporter par le port de Zarzis, jusqu'à Marseille et Hambourg, pour convaincre les preneurs de décisions sur les difficultés des pays du sud !!

                   Voilà, une action exemplaire, véridique, incontournable, de la vérité de la sécheresse dans la région et l’infertilité des terres, qui pourrait justifier les vagues de migrations même de chez nous, dans le sens du « must » écologique naturel.

                                                    Lihidheb Mohsen 22.05.2022

samedi 14 mai 2022

Figuiers de la Baraka.

 











                   


Ils étaient plusieurs arbres, autrefois, une bonne vingtaine, dont ceux qu’il fallait greffer, d’autres autonomes, ceux aux fruits au goût piquant, d’autres aux figues rayées, avec de différents couleurs, noir ou blanc et une marge modeste de tailles. Sauf à la fin de l’automne et l’hiver, il y avait toujours des chances de trouver des fruits entre les grandes feuilles vertes, « Herguel, Hatef, Gharbouz… » soit, prématurées et secs sur les branches. Chaque matin en rentrant de la mer et chaque après-midi après la sieste, j’en faisais le tour, une à une à avaler les fruits murs. Pour le savoir, il fallait toucher le « karmouss » et vérifier si son corps n’est plus dur et son épluchure moelleuse. « Les mûres dans l’estomac et les encore dures dans le couffin » disaient nos parents pour dénoncer amicalement les excès des cueilleurs. Vous n’allez pas dire pourquoi le fruit n’était pas lavé, car ça n’a jamais existé sachant que la poussière, les insectes, les traces de coup de bec d’oiseau et le passage d’un bourdon vorace, étaient dans l’organique complet de la gastronomie traditionnelle. Il arrivait que le soir, les enfants jetaient des pierres aux palmiers des voisins pour frapper les régimes de dates et en cueillir quelques-unes parterre, et avant d’attendre le retour des projectiles du ciel, ils se ruaient précipitamment, en avalant quelques fois aussi des scarabées noirs sans y faire attention. Maintenant, si vous voulez reconnaitre cette génération de voleurs cueilleurs nocturnes, il suffirait de leur faire découvrir leurs têtes, pour voir les traces blanches des blessures de pierres reçues sur la testa revenant du palmier avec les fruits. D’ailleurs, les enfants ne faisaient pas grand cas de ces blessures et seules les grandes mères, qui quand elles cherchaient des poux et de petits parasites dans les cheveux de leurs petits fils, qu’elles découvraient les trous ensanglantes. Les palmiers étaient nombreux et les paysans ne faisaient pas très attention aux intrusions des enfants, mais, pour les figuiers, ils étaient gardés jalousement et les propriétaires nettoyaient le sable autour des arbres afin de prévenir les traces de pas des intrus, tout en les entourant d’un grand cercle d’épines infranchissables. Ils y avaient même des gens spécialistes dans l’identification des traces de pas et pouvaient reconnaitre facilement les agresseurs. Il faut dire que c’était un produit stratégique, surtout quand il est séché au soleil sur un grand tas de plantes épineuses pour éloigner les chiens et les insectes, ou bien sur les toits des cabanes ou les maisons s’il y en avait. Les figues, les dates, la poudre d’orge, les poissons secs, l’eau de citerne et l’huile d’olive, étaient les principaux produits stratégiques et vitaux pour les paysans d’alors. Il y avait bien des années difficiles de manque de pluies et c’étaient les féodaux et les détenteurs de ces produits, qui dominaient le paysage et s’enrichissaient en échangeant un sac de grains contre une parcelle de terre et d’oliviers.

                    Que d’histoires avec ces quelques figuiers qui m’avaient nourri presque tout au long de l’année. En plus des fruits, on utilisait les feuilles pour la nourriture des moutons et imbibait une petite touffe de laine avec de la sève blanche des troncs qu’on mettait dans le lait pour le cailler. En plus de leur espèce, chaque arbre avait son nom de famille, à qui mon père, l’avait offerte pour la saison gratuitement. Il se fait que les gens qui venaient de Tataouine, pour s’approvisionner en dates sèches et passer l’été avec leurs moutons dans la fraicheur de l’oasis maritime, avaient droit chaque année à deux grands figuiers pour leur nourriture journalière. Je me rappelle encore, comment une famille pauvre de mes voisins, allait chaque été à la compagne pour vivre de leur demi-douzaine de figuiers seulement. Avec ce petit nombre d’arbres, mon père était aussi généreux avec les familles des instituteurs qui restaient à passer les vacances d’été dans notre village.

                   Maintenant, un demi-siècle après, à force de désertification, les arbres ont disparus avec le temps, seule deux plants encore verts, résistent à la finitude. Après un partage de succession, le terrain appartient à mon petit frère, mais malgré mes plusieurs interventions à coups de labours, plantages, irrigation, rien ne va plus. Surtout, quand l'eau des robinets est très peu recommandable à l'irrigation et encore moins à la consommation, car amer, acide, de couleur rouge et plein de désinfectants. Cette fois, je viens de donner quatre vingt lires d’eau à chacune des figuiers, et entrepris de planter une centaine de grains de pastèques et de melons, mais malgré l’eau douce directement arroser de la citerne d’eau de pluie, rares qui ont dépassé les quatre centimètres. Cette fois je ne vais pas lâcher ma détermination à replanter le terrain, premièrement afin de convaincre mon frère de revenir de sa longue migration injustifiée, deuxièmement afin de faire revivre cet endroit paternel de Baraka et troisièmement afin de satisfaire ma fantaisie de solidarité avec les victimes de la migration par mer, à travers les pastèques.

                                         Lihidheb Mohsen 14.05.2022

dimanche 6 mars 2022

La grande famille de Zarzis.

 

                       


                          

                   




Puisqu’il fait désormais frais, j’ai profité de l’occasion pour faire les différentes plages de la région, périodiquement, en consécution linéaire, selon, les possibilités de la voiture et mes caprices du moment. Une sorte de nettoyage, d’observation, de sport d’endurance, du « hart-training » et un mouvement durable avec la nature et le temps. Il y a des moments, où je ne pouvais aller loin, comme cette fois, quand la région de Lemsa était encore inaccessible à cause des pistes vaseuses et interdites par les eaux de la mer. Alors j’avais décidé de faire les terrains et les oliveraies, afin de répertorier les sites et stations, ou même le passage de nos ancêtres primitifs. Cette fois, j’avais ciblé un endroit, que je connaissais bien depuis une quinzaine d’années et dont des engins avaient transformé sa morphologie et ses déformations naturelles en un immense terrain rectangulaire et entouré d’une haie inaccessible aux humains et même aux animaux sauvages. Voulant accéder à partir de la route, j’ai vu comment les sillons étaient très profonds, et avec la chaleur, il me serait très difficile de parvenir au fond. Allant de l’extérieur, j’ai remarqué un sur élèvement du terrain du dehors, qui me permis avec un grand effort de monter sur la haie, que j’ai longé sur cent mètres jusqu’à ce que j’aie vu un cumul de sable des derniers vents, qui me facilita la descente à l’intérieur. La transformation était radicale et comme je connaissais les endroits où j’ai précédemment trouvé des objets, ainsi que les espaces lagunaires que je savais comment éviter, il n’y avait pas les moindres traces de pas d’hommes, ni d’animaux et l’endroit était vierge. Je marchais difficilement, avec les pieds chaque fois dans le sable et le soleil ardent. Comme d’habitude, je faisais des zigzags et cadrillages ordonnés tout en mettant à mon service la réflexion des rayons du soleil sur les pierres de silex, les écailles d’œufs d’autruches ou les meules. D’ailleurs, c’était ce que j’avais trouvé, de belles pièces, conformes à celles trouvées auparavant, du paléolithique inférieur. Bien sûr, c’étaient les trouvailles de surface, après des travaux de labours récents, pendant que dix fois plus serait sous le sable et dans les haies. Une belle sortie, que je ferais encore dans quelques fois, si le propriétaire avait fait encore des travaux ou l’érosion du vent ou la pluie aurait modifié la surface du terrain.

                   Le lendemain, encore dans le sable, avec un peu moins de chaleur, j’avais fait la même prospection des terres d’oliviers. Les endroits que je connaissais, avaient été enseveli par les vents, d’autres travaillés comme il faut, pendant que de rares étaient des champs de lentilles. Une année sévère, à cause de la sécheresse de deux années consécutives, pendant que nous sommes déjà en Mars. A la fin, je me suis retrouvé dans un grand champ d’oliviers, que j’avais traversé en triangle, sans que je ne trouve les objets de mes recherches. Pourtant, en étudiant l’endroit d’un autre point de vue, j’ai découvert l’ingéniosité des propriétaires, qui avaient bien exploité la ferme, selon les normes et l’éthique écologique de la région. Deux citernes à eau de pluie, camouflés par des arbustes de part et d’autre à cent mètres de la petite construction, qui à son intérieur, une citerne aussi, pour la conservation de l’huile d’olive. L’eau et l’huile, deux produits stratégiques et indispensables dans cette région d’aridité et de caprices climatiques. La construction était à une distance respectable de la route et un peu plus loin la mer. La ville, à quelques km, commence progressivement à meubler la route par des construction utilitaires de part et d’autre.

                   Voici donc, un comportemental local, ancien, d’une famille respectable, dont certains avaient fais de grandes études, qui en bons citoyens de Zarzis, fidèles aux impératifs de l’intégration et de la survie, étaient aussi en quelques sortes, végétariens avant l'heure. Une famille qui avait vu juste, en focalisant sur l’eau, l’huile d’olive et le poisson, dans un élan de lucidité collective confirmée.

                                                                                  Lihidheb Mohsen 06.03.2022

 

mardi 1 mars 2022

Adieu Si Said El Ghaber.

                     Plein de regrets, de sentiments et sincère compassion, j'ai assisté aujourd'hui à l'enterrement de mon collègue et ami Si Said El Ghaber, le postier, le poète, le footballeur, l'activiste culturel, le président du festival des éponges de Zarzis, le débrouillard, l'omniprésent, le présent, parti, pour rester dans notre mémoire, dans les cœurs de sa famille proche, ses amis et ceux qui reconnaissent la valeur des hommes et respecte leur histoire locale. Le cimetière était immense, bien réorganisé, avec une foule de gens qui l'aimaient et l'aimeraient encore, avec une grande amertume, mais aussi un cumul de sentiment de devoir accompli, bien au-dessus, des autres...qui passaient leurs vies, inaperçus, paix à leurs âmes, paix à l'âme de Si Said. Demain, il y aura certainement le "Khetm" et j y assisterais comme il se doit, à la mémoire d'un grand homme de Zarzis. Je ne peux oublier comment à force de sa personnalité et son pouvoir moral, il m'avait sauvé des griffes d'un délégué qui m'avait fait arrêté par la police, lors de mon insubordination catégorique, à cause de son impolitesse vis-à-vis des vieux de la région.

                   Toutefois, l'un de  ses fils, avait signalé avant la "Fatiha" si quelqu'un aurait quelque chose à vouloir du défunt, il sera réglé et si c'était le contraire il sera pardonné. Dans ce contexte, pour rester crédible et respectueux jusqu'au bout, mon ami m'avait demandé dans les années quatre vingt dix, une grande boite métallique de semences de pastèques provenant de la Lybie, pour son terrain à Ejdaria. Donc, il avait certainement oublié, mais je serais heureux, Inchallah, de recevoir cette saison un bon pastèque du milieu de la saison, de celui de Zarzis dont on mangera la moitié au café culturel de Souihel et l'autre en famille. 

                    Gloire à ceux qui laissent des traces et méritent reconnaissance, gloire à Si Said, paix aux hommes de paix. Allah Yarhamhom. 

                                                                                     Lihidheb Mohsen 01.03.2022.

samedi 29 janvier 2022

Djerba, le papillon de Wilhi 2

 






                   



Dans le cadre du mouvement de l’action mémoire de la mer et de l’homme, celui aussi de Djerba-Zarzis anthropopolis, ou encore le maraudage de Boughmiga le néandertalien, cette fois, après dix ans, il reprit le chemin d’autrefois, pour voir en profondeur Djerba, l’Île des mangeurs de lotus, celle du musée ouvert sur le monde et celle de la sagesse cumulée et partagée durablement. Curieux et randonneurs et organisateurs d’excursions pour touristes, avaient dit que c’était grâce à mes écrits qu’ils avaient découvert certains endroits de l’intérieur de cette toison d’or d’Ulysse, de Didon et d’Hannibal. Bien sûr, Boughmiga ne pouvait faire la prospection méthodique de Djerba, faute de moyens, de temps et de tempérament. Enclin plutôt à la poésie, l’art sauvage et la fantaisie, il refusait, à un niveau personnel, toute approche sérieuse et linéaire. Comme il fit la connaissance de toutes les ramasseuses de clovisses, les bergers, les tisserands, les petits pécheurs, les potiers, les vendeurs de toutes les sortes des dates locales, les joueurs d’échecs, les vendeurs de livres… il fit aussi la connaissance des endroits isolés, des plages lointaines, des mosquées anciennes y compris les souterraines, des sites punico-romains et musulmans, des forts de guet et de catapultage, de petites collines en étages de Robbana jusqu’à Ajim, des canyons débouchant sur des oliveraies… En effet, en arrivant cette fois, à l’ancienne mosquée de Wilhi, il fut accueilli comme l’autre fois, par un rapace géant, qui prit prestigieusement son vol tranquille, à l’honneur du visiteur. Il serait peut-être le petit fils de celui de 2012. Le bonheur était immense, surtout quand il constata que la construction était restaurée et certains puits béants étaient fermé par des dalles. Toutefois, juste à sa descente du coté arrière, il remarqua l’absence d’une grosse pierre vingt-cinq kg au moins, en calcaire dure et striée par de beaux traits en courbe artistique. Il espère toujours que l’objet avait été transposé au musée de l’Île. Il n’y a plus de délabrement, l’entrée au sous terrain était nette, les inscriptions en plâtre aux toits lisible et l’allure grandiose, au niveau du respect dû à la mémoire de nos ancêtres
. Des chambres avec des lits construits en pierre, étaient aussi propres et soignées. Un peu plus loin, une autre mosquée ancienne, avec sa salle de prière à deux Mihrabs mitoyens dirigés comme il se doit vers le sud-est et des espaces pour le koutteb où les enfants apprenaient en chorale le Coran. Avec une différence, par rapport à la dernière visite, les inscriptions de souhaits, de requêtes, de demandes à la divinité pour une meilleure santé, une fertilité pour les femmes, le règlement d’une injustice…ont été effacé de main d’homme et même les bouts de vêtements laissés pour la cause, sont désormais rares. Il se peut que ce fût dû à l’action de radicaux religieux. A chaque fois, je faisais le tour extensif des marabouts pour constater l’ampleur de la présence humaine et son passage à travers la quantité de poterie cassée et surtout celle colorée par en vert organique.

                   Plus loin, sur la colline surplombant la région d’Agim, d’où le contour de la mer était nettement visible, j’ai découvert un petit canyon creusé par l’érosion pluvial et débouchant sur une belle oliveraie, qui malgré la sécheresse, gardait sa verdure et sa beauté. Des espaces encore des espaces, dont j’ai remarqué cette fois, la grande mise en valeur, par la plantation des oliviers avec certains points d’eau de puits forés et exploités avec des moteurs au diesel.

                    Encore, je confirme encore, cette Île à coté du désert, qui reste un musée ouvert, de verdure, de palmiers, de sagesse, diversifiant les ressources, de la terre, de la mer, de la transformation de l’argile, de la finition de la laine, du commerce avec le monde, de l’exportation des éponges, de l’intégration de la foi, pour faire de cet endroit, un nid de vie, un nid pour les hommes.

                     On verra, si la prochaine fois, il y aura une prochaine fois et Boughmiga survivra aux dangers en cours et trouvera, encore une fois, le rapace à son accueil, au seuil de la mosquée de tous les temps, Wilhi.

                                         Lihidheb Mohsen 26.01.2022  

vendredi 28 janvier 2022

A Djerba, enfin, un peu de justice.

 


                 



A Houmt-Souk, dans le souk, comme un plouk, je faisais ma marche, comme partout, à Zarzis, à Souihel, à Hassi Amor, à Médenine, à Er Riadh, à Cedouikech, toujours à la recherche de livres, d’éléments de jeu d’échec et à l’occasion des bricoles peu chères. Des objets de plus en plus rares, prédominés par les livres scolaires usagés ou les machines électriques. Toutefois, j’ai trouvé quelques livres déchirés et très anciens, auprès d’une vendeuse, assise à même le sol, étalant aussi des produits bon marché. Elle n’avait pas voulu me faire une remise, mais j’étais satisfait de trouver un vieux dictionnaire et un roman à quatre dinars les deux. Traversant le grand espace des vendeurs de fripes, le marché aux légumes, les stands des importations de la Lybie, je suis parvenu au deuxième emplacement des brocantes, bondé par des femmes et des curieux. Un vendeur avait des livres neufs et chromés et avant de me mettre à en choisir, je lui avais dit au préalable, que les livres en ma possession dans le sac ne sont pas les siens, pour qu’il n’y ait pas d’erreur. Alors, il a souri en disant amicalement, qu’il ne va pas faire l’erreur de l’autre vendeur qui avait fait un scandale à ce sujet avec un client. Alors je lui avais dit que l’incident était effectivement avec moi, quand il y a quatre ans, un livre à la main, pour le lire en prenant le café, j’avais marchandé ce vieil homme au sujet de livres de faible importance sans que je ne les achète, mais un peu plus loin, j’étais surpris par le vieil homme derrière moi me demandant le livre en ma possession prétendant qu’il lui appartenait. Stupéfait, j’avais beau protesté, pris les gens à témoin, jura, déclara que je suis en lecture au milieu du livre et je peux lui raconter tous les épisodes avec précision… en vain, il ne voulu pas comprendre et j’étais dans l’embarras, car frapper sur la porte d’une maison vide, d’une tête bornée, d’un homme résolu à avoir raison… ne servirait à rien. Heureusement, je ne me suis pas emporté et réconforté par la compréhension manifeste des assistants à l’incident, au point que l’un d’eux m’avait invité à négliger le problème et une personne inconnue l’avait payé au prix voulu tout gardant le livre chez le vieil homme. En effet, j’étais parti, calme, mais bouillant à l’intérieur, tant l’injustice, la médiocrité humaine et la violence, sont encore dans nos rapports. Vingt minutes après, j’ai rencontré une personne qui était présente, qui me dit que tout le monde avait compris l’injustice, mais devant un vieil homme récalcitrant on ne peut que passer.

                    C’est pour cela, que cette fois, j’avais prévenu le vendeur des livres en ma possession, et combien j’étais heureux de l’entendre dire « Mais non, je ne vais pas faire la même erreur que l’autre vieux il y a quelques années… » et quand je lui avais déclaré que c’était moi la victime, il me salua avec une grande poignée de main et dit que tout le souk était au courant de ce comportement fâcheux et tous les vendeurs avaient condamné son comportement. Enfin, un bol d’oxygène, un réconfort, un regain de confiance dans les hommes et un pénible fardeau ôté de mes épaules. Un sujet dont Boughmiga, n’avait jamais parlé, tant le nonsense et l’iniquité, étaient flagrants.

                    Restant du bon peuple, pour la patrie et le bon peuple, vive la patrie, vive le peuple, même le mauvais, sans exagérer.

 

                                           Lihidheb Mohsen 27.01.2022

dimanche 23 janvier 2022

Ténéré-Zarzis-Lampedusa.

 

                  


A la trace des empreintes humaines, dans la mer, dans le désert ou sur les plaines, Boughmiga le néandertalien dans son action éco amicale, continu sa cavale, en faisant des assemblages, configurations et collages, à travers d’objets provenant de la mer ou d’autres de migrants en galère, afin de sensibiliser les preneurs de décisions, à trouver une solution, à ce drame toujours persistant. L’image est bien claire, du parcours de nos frères, partant du cœur de l’Afrique, de ville en village, à travers les plages du désert, pour faire le Ténéré et son arbre légendaire, pour parvenir difficilement à coté de la mer et de Tripoli, Zouari ou Zarzis, grâce aux passeurs et complices, jusqu’au milieu des eaux à Lampedusa, encore une étape, d’étape en étape, jusqu’au pole des lumières, à l’imago des chimères, mais comme même, il y aurait de quoi manger, un refuge et de la santé. Bien sûr, sans faire l’apologie à une triste aventure, qui perdure, il serait plus juste et serein, de donner à cette ruée vers le nord, des visas et des passeports, pour rester dans la légalité, d’un droit convenu de liberté. Le monde appartient à tout le monde, la terre et l’existence aussi, la justice recouvrera ses acquis pour un Homo Sapiens Sapiens réfléchis…

                        Lihidheb Mohsen éco artiste Zarzis 23.01.2022

jeudi 13 janvier 2022

La bonne surprise de Boughmiga.

 

                   






Cette fois, Boughmiga, se décida pour de bon, à partir tôt le matin, pour faire sa grande tournée dans la campagne avec une brève visite au marché de Hassi Amor, qu’il n’avait pas parcouru depuis quelques années. A part une nouvelle construction, dans la périphérie de la place, c’était plutôt les visages et les métiers qui ont malheureusement changé. Il n’y a plus le marchand de beignets, le forgeron noir dans son trou jusqu’à la taille au milieu de sa boutique, la noble vieille Dame, dans ses merveilleux habits traditionnels, à distribuer la baraka aux petits vendeurs de légumes ou de bricoles où aux femmes vendant les tissus. Un coté pour les légumes et fruits, un autre pour les poules, un troisième pour les moutons et un quatrième pour les vendeurs de grains, de fourrage et de grumeaux…denrées fort appréciées dans cette région pour le bétail à cause de leur qualité alimentaire. Des dizaines de camionnettes cat-cat, s’alignaient devant les grands camions vendeurs de bottes de foin, venant du nord du pays. D’ailleurs, c’est pour cela, que quant on est déçu des prévisions climatiques chaque soir sur la télé, on est aussitôt satisfait de savoir qu’il y aurait de la pluie au nord du pays, le silo de Rome car peut-être il y aurait un peu du reste pour nous. Toutefois, le marché avait toujours gardé son caractère paysan, traditionnel et subsistantiel. Un caractère qui lui donne toujours un charme, sans consumérisme, mais au contraire, avec la disponibilité exclusive des produits locaux de tout genre.

                   Comme il se doit, il profita de la sortie, pour aller voir plusieurs endroits qu’il avait découvert depuis une quinzaine d’années aux alentours, avec les traces des hommes primitifs, nos ancêtres à tous. Comme il le faisait avec la mer, qui chaque jour les courants et les vagues apportaient des objets vers la plage, ici avec la terre, les vents, les pluies les labours, la réflexion du soleil, les trous des rats de compagne et les pattes d’animaux de pâturages ou sauvages, lui permettait très souvent de voir des pierres et du silex taillés. Il trouva de belles pièces travaillées, sauf que dans un endroit, il trouva des constructions d’exploitations modernes et fut accueilli par une horde de chiens qui le dissuada de descendre de voiture. Pourtant cet endroit comme plusieurs, avait été complétement transformé en un immense champ d’oliviers, quelques fois irrigués, dans une sorte de mise en valeur des terres et d’exploitation agricole sérieuse des espaces. Il se rappelle encore, comment certains étaient des espaces rocailleux avec des broussailles sauvages, pour les retrouver cette fois, bien labouré avec des rangées d’arbres fruitiers.

                    Souvent, Boughmiga marchait dans des endroits isolés et très loin de la route, au point, qu’il devait chercher un bâton d’olivier, pour le tenir à la main et avoir un peu plus d’assurance. Il avait souvent entendu des cris de renardeaux, sans oublier ses mésaventures avec les hordes de chiens sauvages au milieu desquels, il se trouva par hasard à deux reprises. Des mésaventures, dont il ne réchappa que grâce à la régénération lui aussi, de son caractère sauvage et férocement défensif. Bien sûr, il suivait toujours les sous bassement de terrains sans dunes où le vent avait découvert le sable et peut dévoiler les éventuels objets anciens. Toute la région, était du paléolithique, dans plusieurs sites, sauf pour Mydher, Khalfallah, et Snam, où le néolithique était manifeste.

                    Ainsi, Boughmiga fit ses huit kilomètres de marche, dans le sable, une bonne distance pour un vieux vagabond des espaces et heureux d’avoir constater les transformation positive des terres.

                       Lihidheb Mohsen éco artiste 11.01.2022

vendredi 7 janvier 2022

Les enfants face au temps.

 

 





Ils avaient commémoré, l’arbre du Ténéré,

De la grande forêt du désert, le dernier,

Qui marquait la piste aux randonneurs,

Aux caravanes de bétail et dromadaires.

Devant cette triste finitude,

Les enfants après leurs études,

Participèrent à l’installation,

Mettant les mains dans la formation.

Avec les objets récupérés de la mer,

Des bouées et des bouteilles en verre,

Pour des couleurs pour les feuilles vertes,

Et le tronc sur une terre déserte.

Un symbole qui les poussa à s’engager,

A replanter des arbres partout,

Les irriguer et les suivre jusqu’au bout,

Pour rendre à la nature sa santé.

Ainsi, comme on le voit, en face,

Des milliers de jeunes se déplacent,

A cause du réchauffement climatique,

De la faim, des conflits tragiques,

Et les conditions pauvres et iniques,

Vers le mirage du nord magnifique.

Ils passent des années, d’étapes en étapes,

Pour arriver à la cote et traverser,

Sur des embarcations vétustes, la méditerranée,

Dans des conditions de périls, et risques d’arnaque.

Comme l’arbre du Ténéré, a droit à la vie,

Les migrants aussi, ont droit au bien être, sans haine,

Pour peupler la terre, de paysages fleuris,

Et participer ainsi, à la civilisation humaine.

Que vivent les jeunes et les vieux, militants,

Soucieux de la nature et de l’ambiant,

Ceux qui se préoccupent des migrants,

Solidaires, compréhensifs et humains.

 

Lihidheb Mohsen éco artiste 07.01.2022