dimanche 22 mai 2022

Tomate orpheline.

 



                   



Dans le sud-est Tunisien, désormais, c’est la sècheresse, presque pas de pluie, les sables du désert et de la mer, la diminution du niveau des nappes phréatiques, l’ensablement des puits traditionnels, le tarissement des citernes d’eau pluviale, le recul de l’effet d’humidification des vents de mer, le surpâturage, la surpêche, la confiscation des terres collectives par l’état, la consommation exclusivement du nord et de l’étranger…, amère cette situation qui perdure et augmente de jour en jour sa mainmise, qui se manifeste bruyamment par la charté des légumes, la monté en flèche des prix des fruits, l’explosion des prix des matériaux de construction, l’hégémonie vorace des factures des énergies et la pénurie périodique des produits l’un après l’autre. Il faut dire que les prix ont toujours grimper aussi à l’occasion des fêtes, du mois de Ramadan et lors du passage tapageux des confrères venant de l’étranger pour les vacances et les extravagances.

                    Un bilan noir diriez-vous, mais en vérité, la réalité est encore plus douloureuse. Puisque Boughmiga, veut toujours diversifier ses activités pour garder sa liberté d’action et ne point se faire approprier par un créneau aussi important serait-il, il tenta cette année, de planter des semences de pastèques, de mêlons et de tomates, dans l’espace du musée écologique, le lopin de terre de son fils et celui de son frère à l’étranger. Il a fallu quelques fois employé des africains futurs migrants clandestins pour faire deux cents trous à cet effet. D’après les connaisseurs, les semences sont souvent improductives à usage unique et l’irrigation par l’eau de robinet est nocif et Terminator. Donc, Boughmiga avait acheté deux petits arrosoirs et à partir de ce qui reste encore dans la citerne d’eau de pluie, il rationna périodiquement à chaque plant un litre d’eau douce. Un exercice physique, recommandé pour sa santé qu’il faisait très tôt le matin avant le réveil de tout le monde. Quelques jours après, il fallait aussi bécher les trous pour aérer le sol et laisser les plants sortir de la terre. Sauf votre respect, Boughmiga se permet de ne pas parler d’une approche fondamentale et en parlera bientôt dans le blog thématique de la migration clandestine.

                    Depuis quelques semaines, les semences poussaient, puis mouraient et qu’il fallait remplacer de nouveau, irriguer de nouveau, bêcher, encastrer les pauvres poules, surveiller les attaques de moutons et chèvres de voisins, surveiller le ciel et les rares nuages dans l’espoir de la pluie, suivre les prévisions météorologiques chaque soir à la télé avec les remarques taquines de sa compagne…. A la fin, en vain, la plupart des plants sont morts, les semences ne sont pas sorties de la terre et seule, une tomate de douze centimètres de haut, mis en haut, prématurément, comme pour congédier Boughmiga rapidement de cette aventure, une tomate rouge de dix grammes. fallait-il l'exporter par le port de Zarzis, jusqu'à Marseille et Hambourg, pour convaincre les preneurs de décisions sur les difficultés des pays du sud !!

                   Voilà, une action exemplaire, véridique, incontournable, de la vérité de la sécheresse dans la région et l’infertilité des terres, qui pourrait justifier les vagues de migrations même de chez nous, dans le sens du « must » écologique naturel.

                                                    Lihidheb Mohsen 22.05.2022

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