dimanche 6 mars 2022

La grande famille de Zarzis.

 

                       


                          

                   




Puisqu’il fait désormais frais, j’ai profité de l’occasion pour faire les différentes plages de la région, périodiquement, en consécution linéaire, selon, les possibilités de la voiture et mes caprices du moment. Une sorte de nettoyage, d’observation, de sport d’endurance, du « hart-training » et un mouvement durable avec la nature et le temps. Il y a des moments, où je ne pouvais aller loin, comme cette fois, quand la région de Lemsa était encore inaccessible à cause des pistes vaseuses et interdites par les eaux de la mer. Alors j’avais décidé de faire les terrains et les oliveraies, afin de répertorier les sites et stations, ou même le passage de nos ancêtres primitifs. Cette fois, j’avais ciblé un endroit, que je connaissais bien depuis une quinzaine d’années et dont des engins avaient transformé sa morphologie et ses déformations naturelles en un immense terrain rectangulaire et entouré d’une haie inaccessible aux humains et même aux animaux sauvages. Voulant accéder à partir de la route, j’ai vu comment les sillons étaient très profonds, et avec la chaleur, il me serait très difficile de parvenir au fond. Allant de l’extérieur, j’ai remarqué un sur élèvement du terrain du dehors, qui me permis avec un grand effort de monter sur la haie, que j’ai longé sur cent mètres jusqu’à ce que j’aie vu un cumul de sable des derniers vents, qui me facilita la descente à l’intérieur. La transformation était radicale et comme je connaissais les endroits où j’ai précédemment trouvé des objets, ainsi que les espaces lagunaires que je savais comment éviter, il n’y avait pas les moindres traces de pas d’hommes, ni d’animaux et l’endroit était vierge. Je marchais difficilement, avec les pieds chaque fois dans le sable et le soleil ardent. Comme d’habitude, je faisais des zigzags et cadrillages ordonnés tout en mettant à mon service la réflexion des rayons du soleil sur les pierres de silex, les écailles d’œufs d’autruches ou les meules. D’ailleurs, c’était ce que j’avais trouvé, de belles pièces, conformes à celles trouvées auparavant, du paléolithique inférieur. Bien sûr, c’étaient les trouvailles de surface, après des travaux de labours récents, pendant que dix fois plus serait sous le sable et dans les haies. Une belle sortie, que je ferais encore dans quelques fois, si le propriétaire avait fait encore des travaux ou l’érosion du vent ou la pluie aurait modifié la surface du terrain.

                   Le lendemain, encore dans le sable, avec un peu moins de chaleur, j’avais fait la même prospection des terres d’oliviers. Les endroits que je connaissais, avaient été enseveli par les vents, d’autres travaillés comme il faut, pendant que de rares étaient des champs de lentilles. Une année sévère, à cause de la sécheresse de deux années consécutives, pendant que nous sommes déjà en Mars. A la fin, je me suis retrouvé dans un grand champ d’oliviers, que j’avais traversé en triangle, sans que je ne trouve les objets de mes recherches. Pourtant, en étudiant l’endroit d’un autre point de vue, j’ai découvert l’ingéniosité des propriétaires, qui avaient bien exploité la ferme, selon les normes et l’éthique écologique de la région. Deux citernes à eau de pluie, camouflés par des arbustes de part et d’autre à cent mètres de la petite construction, qui à son intérieur, une citerne aussi, pour la conservation de l’huile d’olive. L’eau et l’huile, deux produits stratégiques et indispensables dans cette région d’aridité et de caprices climatiques. La construction était à une distance respectable de la route et un peu plus loin la mer. La ville, à quelques km, commence progressivement à meubler la route par des construction utilitaires de part et d’autre.

                   Voici donc, un comportemental local, ancien, d’une famille respectable, dont certains avaient fais de grandes études, qui en bons citoyens de Zarzis, fidèles aux impératifs de l’intégration et de la survie, étaient aussi en quelques sortes, végétariens avant l'heure. Une famille qui avait vu juste, en focalisant sur l’eau, l’huile d’olive et le poisson, dans un élan de lucidité collective confirmée.

                                                                                  Lihidheb Mohsen 06.03.2022

 

mardi 1 mars 2022

Adieu Si Said El Ghaber.

                     Plein de regrets, de sentiments et sincère compassion, j'ai assisté aujourd'hui à l'enterrement de mon collègue et ami Si Said El Ghaber, le postier, le poète, le footballeur, l'activiste culturel, le président du festival des éponges de Zarzis, le débrouillard, l'omniprésent, le présent, parti, pour rester dans notre mémoire, dans les cœurs de sa famille proche, ses amis et ceux qui reconnaissent la valeur des hommes et respecte leur histoire locale. Le cimetière était immense, bien réorganisé, avec une foule de gens qui l'aimaient et l'aimeraient encore, avec une grande amertume, mais aussi un cumul de sentiment de devoir accompli, bien au-dessus, des autres...qui passaient leurs vies, inaperçus, paix à leurs âmes, paix à l'âme de Si Said. Demain, il y aura certainement le "Khetm" et j y assisterais comme il se doit, à la mémoire d'un grand homme de Zarzis. Je ne peux oublier comment à force de sa personnalité et son pouvoir moral, il m'avait sauvé des griffes d'un délégué qui m'avait fait arrêté par la police, lors de mon insubordination catégorique, à cause de son impolitesse vis-à-vis des vieux de la région.

                   Toutefois, l'un de  ses fils, avait signalé avant la "Fatiha" si quelqu'un aurait quelque chose à vouloir du défunt, il sera réglé et si c'était le contraire il sera pardonné. Dans ce contexte, pour rester crédible et respectueux jusqu'au bout, mon ami m'avait demandé dans les années quatre vingt dix, une grande boite métallique de semences de pastèques provenant de la Lybie, pour son terrain à Ejdaria. Donc, il avait certainement oublié, mais je serais heureux, Inchallah, de recevoir cette saison un bon pastèque du milieu de la saison, de celui de Zarzis dont on mangera la moitié au café culturel de Souihel et l'autre en famille. 

                    Gloire à ceux qui laissent des traces et méritent reconnaissance, gloire à Si Said, paix aux hommes de paix. Allah Yarhamhom. 

                                                                                     Lihidheb Mohsen 01.03.2022.