jeudi 18 juillet 2024

Portraits et sagesse 162

                   Sadok Hoch Safya Jehmi, un ami depuis quelques années, quand je venais à sa petite boutique à Errajaa, prés de la poste, pour m'approvisionner en essence pour ma voiture ou acheter des fruits de saison locaux et frais. Une amitié s'était tissé avec le temps, au point que je devais aller de Souihel pour le voir ou passer auprès de lui à chaque voyage à Médenine et sa région. C'était l'attirail de thé qui somnolait toujours et le verre qu'il offrait sincèrement à chaque fois que je passais. Je l'avais présenté à plusieurs de mes amis qui m'accompagnaient y compris ma femme qui connaissait sa famille grâce au voisinage. Il se fait que plusieurs retraités venaient dans sa boutique et prenaient du bon temps. Une fois, je lui avais amené plusieurs bidons vides récupérés de la mer pour qu'il ait la possibilité d'améliorer le débit de ses ventes, mais il ne pouvait le faire à cause la promiscuité du local. Il était agréablement surpris de les avoir gratuitement mais je n'avais pas osé lui dire que je pourrais aussi l'aider financièrement sans contre partie. A siroter le verre de thé noir, toujours le troisième moins fort mais agréable, il me racontait des choses que je ne connaissais pas sur mes ancêtres maternels issus de la région et me les nommait un par un. On était convenu de l'amener voir mon musée écologique et les puits de surface que j'avais fait vainement à cause de l'invasion du chiendent, mais on n'a pas eu l'occasion. La semaine dernière, je suis passé intentionnellement pour le voir mais le local était fermé. Un pressentiment lugubre m'avait envoyé et seul un épicier voisin m'avait signaler l'endroit où il avait déménagé. Aussitôt retrouvé juste devant le collège de la région de Errajaa, il était assis sur une chaise sous un parasol géant et devant lui des pastèques et des melons. Il était trés content de me revoir et je n'avais pas remarqué qu'il aurait un malaise quelconque. J'ai acheté ce qu'il fallait et aujourd'hui, jour de marché dans sa région de El Hchem, j'avais décidé de passer le voir et acheter les pastèques d'une personne de confiance comme lui, car plusieurs rumeurs n'étaient pas favorables aux vendeurs venant d'ailleurs. 

                  A neuf heures, le parasol n'était pas là et seule un chaise entourée de quelques pierres restaient du stand. Encore une fois, j'ai eu un présentiment désagréable, confirmé par deux jeunes d'une boutique d'en face, qui m'avaient affirmé son décès. Choqué, j'avais laissé la voiture presque au milieu de la chaussée et me précipita vers l'un des ses fils présent à l'endroit pour lui faire mes condoléances. J'étais trés ému pour cette disparition subite et accepta l'offre d'une pastèque de ce qu'il avait laissé et fut distribué gratuitement aux connaissances. Un geste, qui était important pour moi, que je conçoit, comme une participation au "Khetm" que j'avais manqué. Alors, ce soir, ce serait de la Zoumita, avec le fruit qu'il m'avait laissé, son ami de parcours, sincère et respectueux. Paix à son âme, Si Sadok Hoch Safya Jehmi. 

mardi 16 juillet 2024

Portraits et sagesse 161

                   


 Abdelwahed Ouederni, fils de si Mohamed, une famille d'artisans depuis des décennies, quand les familles se départageaient les rôles, selon les possibilités des uns et des autres, soit, certains font l'agriculture et les éponges, d'autres font les services, les anciens esclaves faisaient les travaux corporels, la cuisine et l'animation des mariages et avènements, les arrivants à la presqu'ile de Zarzis, faisaient les travaux périphériques et occasionnels et comme on le voit pour cette honorable famille, elle s'occupait de la coiffure, la confections des chapeaux de pailles à partir des palmes, les couffins, les tamis pour la cueillette des olives, filer des cordes et faire les couvercles des grands plats de couscous. Ainsi, Si Abdelwahed, pris directement de la source, cette artisanat millénaire, combien bénéfique et complémentaire aux travaux périodiques des villages, des paysans et des marins. L'ayant connu quelques années avant sa mort précoce, paix à son âme, et peut être, on peut dire au revoir à un artisanat qui disparait, comme certaines espèces, devant nos yeux.