mardi 3 septembre 2013

Chakchouka

Ô Chakchouka L’odeur de la chakchouka, cuite sur le bois, à midi, dans le taudis, jadis, embaumant l’endroit, droit, au milieu de l’oasis, de Souihel à Zarzis, avec une corne de piment vert qui domine l’atmosphère par son piquant, et moi, et moi, me faufilant à travers les barraudages tressés en tiges de palmes, en une sorte de porte d’aération pendant le canicule, j’entre alors guidé par le nez, vers le milieu de la cabane, titubant enivré par l’attrait de la chakchouka au ouzeff, avec un pain rond spongieux que mon Sidi, venait d’apporter de la boutique avec sa carapace viennoise granulée de cumin, un pain dont la mi absorbe bien la surface du met couvert d’une huile d’olive respirant le condiment… Bon, sans maman bien sur, car elle mangeait seule avec les petits enfants… Bref, on parle de cuisine maintenant, ces images culinaires, des plats légendaires, amis du bon peuple, caviar des pauvres, qui avec un oignon, une tomate et un piment, quelques tout petits poissons, plongeant dans un soupçon d’huile et d’eau de pluie… ainsi, assis sur des sacs de sucre en toile, autour d’un « tebsi » en poterie artisanale et une gargoulette ovale..À avaler les boulets de canon dedans, pendant que Sidi envoyait dans l’air des portions à notre chien blanc qui les happait au vol tout en remuant la queue en reconnaissance et satisfaction… Ainsi, sur ces images, sur la plage, de mon enfance, ……me revoilà encore, comme un ténor, comme un revenant des profondeurs de la mémoire, me voilà à soixante ans, en retraite, devant un événement tampon, entre subir et agir, entre obéir et décider….en effet, ce sont ma femme et ma mère, qui me provoquèrent, en duel, pour faire des taches ménagères, les travaux domestiques, avec toutes ses disciplines, intérieur et cuisine, mais j’ai fait forfait pour la machine à laver et ses boutons sophistiqués… Oui, j’ai accepté l’escrime à armes inégales, car, je suis paisible pour ma retraite, je ne fais pas de politique, je ne vais pas à la guerre et refuse toutes ses maniéres…Alors me voilà, seul dans l’arène, devant le marbre froid et le glaive du chaos intra muros, faut chercher la poêle, l’endroit des légumes et du sel, comment allumer par l’étincelle, synchroniser les écuelles, alterner les doses, parmi de milliers de choses, comme si c’étaient des obstacles pour me confondre et me déclasser…Mais, dans un bruyant tintamarre, d’ustensiles et d’idées noires…je me suis repris les esprits, pour soutenir le défi et gagner la morale du pari…j’ai commencé à chantonner, pour cacher ma maladresse, mon ignorance et ma paresse, mais, c’était grâce à Armstrong, Wonder, Clapton, Pavarotti…grâce à Dylan, Prévert, Piaf et Verdi…que j’ai pu me recréer une symphonie, une chakchouka bien garnie, des ingrédients de la gastronomie locale… Après avoir, verser, éplucher, couper, granuler, allumer, saupoudrer, assaisonner, laisser mijoter….au moment crucial où je devais mettre les centaines de petits poissons Ouzeff, que je devais décapiter pour éviter les sable des bronchioles…je me suis arrêté net, devant ces centaines de regards qui me fixaient, me suivaient, me hantaient, jusqu’au fond de mon âme…pour me décider enfin, pour satisfaire ma femme et ma mère, pour laisser passer et laisser faire, pour m’introduire d’une autre manière dans ces regards entreposés éphémères…. Et sur un fond de douleur et d’incompréhension, je me suis désolidarisé de mes compagnons, pour les déposer au fond de la poêle, avec ma moelle…malgré leurs yeux ronds. Pourtant, non abstenant, l’humour noire, la réalité sans fard, un monde simple sur fond ignare…la chakchouka était succulente, frétillante et piquante…je fus introniser cuissard cordon bleu, et tout le monde revint content à la maison, auprès des enfants et petits enfants, dansant, sur la musique et les chants. Lihidheb mohsen 03.09.2013

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