mercredi 8 octobre 2014
Souitir Day.
Sorti assez tôt de mon oasis maritime, vers la ville de Zarzis, j’ai décidé en dernier lieu de la direction à prendre, comme d’habitude, laissant à la providence, le hasard, l’instinct, le « feeling », le soin de faire les choses. Entre mes cibles potentielles… Lemsa, Ejdaria, Bengardane, Choucha, Bogra, Hassi Amor, Médenine, Rsifett, Boughrara, Djerba, j’hésitais chaque fois, et s’il n y avait pas un argument majeur en faveur de l’une des destinations, je comptais jusqu’à dix sept en grenelle les noms pour aboutir à un endroit, vers lequel je me dirige aussitôt. C’était Hassi amor, qui était honoré à cause du jour de marché, la solidarité citoyenne avec ces gens, le commerce équitable et la possibilité de faire des détours vers des sites préhistoriques.
Juste avant d’y arriver, j’ai pris en stop, un vieillard marchant difficilement avec sa canne en bois d’olivier, qui, dés qu’il s’est installé, m’avait tendu une pièce de cinq dinars pour son transport, mais sans m’offusquè, je lui ai fait comprendre que c’est gratuit et j’ai fait ce geste des centaines de fois, avec plaisir et solidarité humaine. Avec la discussion, il s’est avéré que nous nous connaissons, et je l’avais abordé dans son cottage, lors d’une de mes vagabondages dans les « no mens land ».
En effet, pour un quatrième jour de l’Aïd du sacrifice, il y avait peu de gens au souk de Hassi Amor et très peu de vendeurs et encore moins d’étalages à même le sol de légumes frais du producteur au consommateur. Même l’honorable Dame, une sorte de « fakir » local, aux habits traditionnels multicolores, que j’observais depuis une année, s’arrêtant pour embrasser les femmes en leur prodiguant des conseils pleins de sagesse et de baraka…et remerciant les vendeurs qui refusaient de prendre l’argent pour ses achats modestes…m’avait manqué et son absence était aussi grande que ma déception que j’ai fini par comprendre. J’ai tout de même fait quelques acquisitions, dont certaines n’étaient pas nécessaires, mais juste pour dépenser une partie de mes maigres possibilités financières chez les ruraux…oignons, pommes de terre, piment vert, raisins, potiron, grenades…et quand un billet est resté dans ma main, je suis allé chez les vendeuses de poules et pris tout ce qu’une femme avait en œufs du terroir comme disent les citadins. J’ai aussi des poules à la maison, mais je ne sais jamais où elles mettent leurs « ovaires » et ne faisais que les nourrir pour le devoir de coexistence et d’empathie.
Il était encore tôt et en arrivant au village de Souitir, j’ai viré à gauche pour pénétrer dans les terres rocailleuses pour finir une prospection globale déjà entamée. Juste aux limites du petit village de cultivateurs et pasteurs paisibles, j’ai arrêté la voiture, pour constaté un monticule de terre, qui s’est avéré historique, avec quelques silex, deux tessons décorés, deux petites meules, un broyons, de grosses briques en cendres comme celles de Nebch Eddhib. Vue la proximité des maisons, le site n’a pas été fouillé et parait assez important et comme je m’y attendais, deux jeunes gaillards visiblement en colère et légèrement menaçant, sont venus à moi, m’interpellant sèchement de loin, mais devant ma diplomatie, ma sincérité et la cohérence de ma démarche écolo artistico humano historiciste, j’ai parvenu à leur faire comprendre mon activité bénévole de constat, de valorisation et de mise en relief de notre patrimoine. A la fin, on est devenu presque amis, et l’un d’entre eux, avait même trouvé un silex qu’il m’avait tendu gentiment. Je leur ai aussi promis de faire cet article en leur donnant l’adresse électronique de mon blog réservé au patrimoine. Hourra, vivent la limpidité comportementale et la crédibilité humaine.
Encore plus loin, je me suis arrêté pour voir trois collines, mais il n y avait pas de traces importantes et j’ai continué vers l’intérieur des terres sur une route sablonneuse longue d’une quinzaine de kilomètres qui traverse des oueds et des monticules. Voulant sortir de l’autre coté vers Hinchir Ghrabatt, mais la route était barrée par une grosse dune de sable et je ne pouvais pas risquer un enlisement très probable, surtout avec une chaleur torride de plus en plus suffocante. Je suis donc revenu pour l’oued Bouhamed que j’ai longé d’un autre angle au nord ouest. Avec une bouteille d’eau dans mon sac postal, un gros bâton dans la main et mon grand chapeau Djerbien sur la tête, je me suis éloigné de la voiture sérieusement malgré la chaleur qui augmentait sous le souffle d’un sirocco tardif. Les trouvailles étaient intéressantes et démontraient bien le passage de l’homme primitif au paléolithique il y a une quinzaine de milliers d’années au moins et les silex trouvés étaient moyennement travaillés en lames, lamelles, burins, pointes, grattoirs….ainsi que quelques bifaces au stade primaire de shopers. Je ne supportais plus la chaleur et la sueur et devait de temps en temps bouger plus vite pour cueilleur un tant soit peu de l’air crée par la vélocité du corps…mais je suis toujours tenté par un détour, un contournement d’une dune, le repérage de brulis, la prospection des petites pentes qui auraient servi à se protéger du vent….
J’ai donc réalisé les limites de mon endurance et que je ne pouvais continuer, pourtant, en revenant vers la voiture assez lointaine, je ne m’empêchais de serpenter étroitement sur cent mètres au moins la distance à parcourir encore. C’est alors que la pièce m’est apparue, enfouit dans le sable et seule une petite partie dorsale brillait au soleil brulant et avant de la déterrer, j’ai pris soins de la photographier, car je sentais qu’elle était très importante, ce qui a été confirmer, car c’était un assez long poignard très bien travaillé, de 75 mm, un chef d’œuvre, insoupçonné dans une ère à prédominance paléolithique. Ainsi, avec un comble de satisfaction, euphorique, ne sentant plus la chaleur ni la fatigue, fier de ma trouvaille, avec un sentiment de proximité avec mes ancêtres, j’ai regagné ma voiture qui doit encore faire une dizaine de km sur la piste rocailleuse jusqu’à Souitir city.
Voilà Souitir Day, voilà Souitir, ce village, qui malgré le peu d’habitants, comporte une série de stations et sites préhistoriques très importants et très connus comme ceux de Chichma, Maydher, Bouhamed, Souitir sud, Bouhamed sud ouest….ce village qui a beaucoup de mémoires en son sein, beaucoup de sagesse dans ses gens et beaucoup d’éthique de vie dans son quotidien.
Lihidheb mohsen éco artiste Zarzis 07.10.14
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