jeudi 7 janvier 2016
Sur les traces de Boughmiga.
Sur un sentier battu, cette fois encore le parcours passa par le souk de Hassi Amor. A part les légumes fraiches et les poules du terroir, cette fois, le marchand de matériel utilitaire ancien était absent, peut être à la cueillette des olives, ainsi que l’absence depuis quelques semaines de la vieille femme aux habits traditionnels faisant la sainte à distribuer la sagesse et la baraka aux gens qu’elle connaisse. Cette fois, Boughmiga provoqua un incident, quand sa voiture garée dans la place du centre, il la trouva entouré de vendeurs de grains de toutes les cotés, sans pouvoir sortir malgré sa demande expresse. Assagi par un sentiment naturel de claustrophobie, il bouscula une des brouettes des paysans vendeurs, ce qui mit son propriétaire en colère et réveilla une riposte collective tribale automatique. Ne pouvant parler de phobie à cet auditoire malveillant et peut être légitime, il entreprit d’expliquer calmement qu’il devrait trouver une solution et la brouette bousculée était le symbole de l’entrave à la libération… Bon gré mal gré, encore murmurant, la foule fraya un passage à Boughmiga avec sa voiture pour sortir du souk, tout jurant de ne plus tomber dans ce piège et ne plus provoquer la maudite bête, sournoise et omniprésente de la solidarité tribale inconditionnelle. Il avait en mémoire la fameuse riposte de ces gens, face à l’accident regrettable d’une petite fille tué par un camionneur Libyen. Bien sur, tout le monde était mécontent du drame, mais la mesure et la proportionnalité des réactions, sont aussi une sagesse.
A part, le souk, le marché des moutons, le marché aux poules, il y avait aussi un vieux forgeron noir qui refusa de se laisser photographier surtout pour remarquer le grand trou au milieu de son local dans lequel il descendait pour travailler à l’enclume et utiliser le niveau de la terre en guise de table adéquate et de toutes les cotés. Plusieurs fois, son local était fermé et vue son âge avancé, c’était évident et naturel. Il parait qu’il y a un bon nombre de concitoyens noirs, occupés comme tout le monde à l’agriculture et l’élevage. Bien sur on ne pouvait demander à une société traditionnelle à l’esprit encore féodalisant, une égalité totale surtout quand l’endroit est sur la trajectoire de Sidi Makhlouf, endroit réputé pour la scission « naturelle » ou disant « habituelle » ou encore « convenue » entre les races.
En rentrant vers Zarzis, au lieu d’aller à droite aux environs de Souitir et les berges d’oued Bouhamed, que j’avais prospecter sur une bonne longueur, je suis allé à gauche dans la direction de Boughrara et passant à coté des sites de Maydher, Chichma,…et avant d’arriver au virage allant vers le site romain de Gataayet Echih, j’ai longé le grand oued qui traverse Médenine et descend vers la mer. Un endroit que j’ai fait en partie auparavant, mais les oliviers cultivés sur les berges m’intéressaient et me permettaient toujours de trouver dans les sillons et entre les arbres les traces déterrés par les charrues et le travail des hommes. En effet, j’avais confirmé mon opinion sur l’endroit qui était occupé par le paléolithique moyen avec une prédominance de chopper et de bifaces sommairement travaillés. Ce constat de la période, avait aussi permis de démontrer la rareté du silex travaillé et les quelques foyers de pierres brulées. Il n’y avait ni meules ni broyons et la terre gypseuses d’autrefois, ne permettait pas l’agriculture et l’occupation s’était faite avant la découverte et la maitrise de l’ensemencement. Certainement, la chasse et la cueillette prédominait pendant cette période et les quelques coquillages démontraient leur consommation pendant cette période et la proximité de la mer.
Témoin oculaire de la crue de 1969 et les dommages sur les ponts et les rues de Médenine, quand la seule sirène du lycée réveilla toute la ville à minuit pour se prémunir et se protéger, j’ai pu confirmer encore une fois, la dimension de cet oued, en trouvant comme l’autre fois, à quelques dizaines de mètres de la rive opposé, les capsules de pénicilline charriées per les eaux. Cette crue monumentale, était peut être du aussi, à l’obstacle des grandes dunes des déblais de l’oued à l’embouchure, limitant l’accès à la mer et laissant le reste à l’évaporation et le filtrage. Avec un sentiment de déjà vu, j’étais là, en quelque sorte, la nuit pendant le déluge, dans la crue, dans l’oued, dans l’hôpital, dans les capsules salvatrices et dans le mouvement du temps depuis quarante ans.
Pour la morale de l’histoire, la lucidité, l’implication totale dans l’humain et son parcours, m’avaient permis de constater un silex blanc, plutôt rond, taillé grossièrement sur les cotés, de sept centimètres environ, sur un léger relief et visible, dans plusieurs endroits allant de Oued el Akarit, passant de Zaratt, à Grine, à cet oued, à Saaf, à Sebkhet el Maleh, jusqu’à Charb errajel et enfin Choucha, comme pour dire à Boughmiga, « follow me »….suis moi, mais dans quel sens !!! Heureusement, on a l’habitude culturelle et cultuelle d’aller vers le sud, la « Kibla » et que mes ancêtres me pardonnent si je me trempe…de parcours.
Lihidheb Mohsen éco artiste.
Zarzis 07.01.2016
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