mercredi 7 février 2018

Portraits et sagesse 115

Lotfi Jeriri. Il est presque fatal, le fait de subir la rencontre des bonnes gens, à travers les mailles de la filtration sociale et le mouvement des événements à travers le temps, sans avoir le choix ni une quelconque présélection préalable. Généralement, comme on le dit, ceux qui se ressemblent, s’assemblent, ceux qui ont des choses en commun, se coagulent autours d’une idée, d’un principe, d’une activité, d’un parti…et finissent par s’entendre et se consacrer à leurs objectifs. Dans cette optique, Si Lotfi Jeriri, en authentique journaliste crédible et honnête, en véritable citoyen Djerbien ouvert et sérieux et en historiciste social de la vie de l’Île et ses habitants, était un grand étendard du paysage intellectuel et conciliateur de la région. Dans sa démarche humaine et conséquente, Si Lotfi, plusieurs axes virent le jour dans sa propre vision et dans la ligne éditoriale de son journal régional, rapprochant les régions, réconciliant les démarcations et tendant la main aux opposants, privés de la liberté d’expression. Il s’en suivit et en résultât un tronc commun sociétal véhiculé et consacré par les habitants du littoral du sud est, une affinité millénaire, de complémentarité et d’entre-aide, qui reste, à nos jours, dans la copropriété agricole, les artisanats, les métiers de tisserands et les échanges de produits agricoles, en plus de la constante, visant la tendance vers la civilisation universelle et l’ouverture sur le monde. A partir de son journal régional et de sa condition d’intellectuel de Djerba, Boughmiga, votre humble serviteur, je m’autorise à parler de Si Lotfi Jeriri, comme s’il n’est jamais décédé, tout en gardant pour toujours ses idées vivantes sauvées sur des bouées de sauvetages dans sa mémoire étanche au dessus de la marre de l’oubli. Ayant une longue expérience de correspondance journalistique avec la gazette du sud, sur des sujets de reportages contestataires et militants et après une longue période d’arrêt forcé, le journal régional Al Jazira en la personne de Si Lotfi, m’avait permit depuis le début du millénaire, de publier un petit texte en arabe, sur des sujets d’actualité et surtout tout ce qui concerne l’écologie et la société. Ainsi, pendant une quinzaine d’années, j’ai pu faire passer mon message insolite, en abordant des sujets divers, d’un angle objectif, humaniste et direct. Sur quelques centaines d’écrits hebdomadaires de Boughmiga, publiés sur le journal, un seul avait été mis en veille, et Si Lotfi avait certainement raison, à cause de mon attaque directe à l’encontre des partis amplifiants le pèlerinage de la Ghriba et la militarisation totale de la région par les agents de l’intérieur au point de concilier même des journées de marché. J’avais bien compris sa position, car j’avais l’alternative de la publication sur le net, mais aussi, je savais bien qu’il dépendait de la nomenclature pour l’impression du journal et sa destinée. Toutefois, plusieurs textes étaient très virulents et malgré l’aval de Si Lotfi, pour la publication, plusieurs lecteurs m’avaient prévenu de l’arrivée certaine de l’épée de Damoclès sur ma tête et de devoir préparer ma valise pour la prison. Avec un grand plaisir, plusieurs sujets abordés me reviennent à la tête, surtout quand j’avais confondus intentionnellement le nom d’une chanteuse Libyenne avec celui d’une parente de Zaba liée à un projet présidentiel, ou quand j’avais attaqué les institutions et les preneurs de décision pour la fille sortie par ses parents de l’école pour taper toute la journée dans deux boites de métal afin de faire fuir les oiseaux et sauver les abeilles familiales…en encore quand j’avais écrit lors du décès de Si Mokhtar Oueriemmi sous le titre de « Le leader est mort, vive le leader », et comment cette noble personne, patriote et conséquente, s’était présenté à la délégation de Zarzis, quelques semaines après le changement, pour demander solennellement le sort de l’ex président Bourguiba, dans une période, où la dictature régnait à sa vitesse de croisière. C’était quand même, grâce à Si Lotfi, que j’avais rendu à cette personne, sa dignité et son droit acquis de figurer dans les premières pages de l’histoire de la région. C’était aussi à travers lui, que j’avais eu le plaisir de connaitre de belles plumes et de grands chercheurs comme, Si Zayoud, Si Kassah, Si Tobji, Si Bourgou, Si Ben Yacoub….et bien d’autres. Ainsi, sans le vouloir, mais par l’action et l’intellect humain, Si Lotfi avait établi un pont effectif et virtuel, entre l’Île et le continent, ce qui m’avait poussé inconsciemment à participer à toutes les manifestations et démonstrations écologiques en faveur de Djerba et milité jusqu’au bout pour une solution durable…malheureusement, encore absente. Respect et gratitude à notre regretté Lotfi Jeriri, qui même s’il reste toujours vivant auprès des ses amis et les bien pensants de la région, mériterait son nom sur la chaussée Romaine, reliant l’Île au mainland. Lihidheb Mohsen 07.02.18 « Portraits et sagesse 115 »

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