mercredi 4 avril 2018

Au pays des minables.

Quelque part, dans un établissement quelconque, dans un bled quelconque, j’ai du aller payer des factures, dures et au dessus des possibilités de ma retraite, pour trouver une file d’une trentaine de personnes devant un guichet unique, pendant que les autres étaient fermés, malgré l’heure de plein travail et de pleine affluence de clientèle payante. Tout le monde était mécontent, du fait de devoir payer et aussi de part les montants astronomiques des factures. Des gens fragiles et meurtris, mais par accoutumance au dictat et la suprématie de l’Etat, ils se précipitaient stoïquement au payement. Offusqué des guichets fermés et de la longue file d’attente, un homme m’avait attiré l’attention sur un fonctionnaire en train de se pavaner dans la salle d’attente et se décida enfin à mettre son derrière sur le bord d’un bureau juste en face d’une collègue au look agréable. Le client scandalisé devant cette insouciance flagrante, m’avait demandé de le photographié pour le dénoncer publiquement, mais étant excédé par un raz le bol de problèmes et de médiocrités, j’avais refusé. Pourtant, l’honorable fonctionnaire, qui aurait être aux guichets, en costard, débonnaire, comme s’il surveillait son troupeau docile, se mit au milieu face à la file, en demandant aux clients une participation pour payer la facture qu’un vieillard ne pouvait payer et que ces gestes de bienfaisance seraient récompensés par Dieu le grand. Vous aurez certainement des places de choix au paradis, avait il dit aux hommes de bonne volonté. Il revint encore avec une autre facture, qu’un autre homme à la porte, l’avait prié sur la tête de sa mère de payer, ce qu’il fit devant les regards bovins des clients. Tant pis, peut être la bénédiction céleste, les toucherait par la Baraka de ces cadres modernes et bons croyants. Entretemps, la belle au look, discutaillait avec un homme rouspéteur, qui montrait une facture et demandait comment les autres n’étaient pas parvenus dans sa boite postale. La fille s’énerva devant la ténacité revendicative du monsieur et quand des cris se firent entendre nettement, des têtes sortirent des portes des yeux ronds, prêts à défendre leur territoire et leur blockhaus cachant leur corpus corporatif derrière les comptoirs des lois. Décidément, il y avait du monde, mais personne n’était disponible ou diponibilisé pour un autre guichet. Tant pis, il y a pire. Avec la déchéance générale, l’amertume n’était que plus étouffante et le climat plus pénible. « il faudrait refuser de payer les factures et faire comme dans le nord ouest, casser la gueule de touts ceux qui s’approchent des maisons pour couper les compteurs. » m’avait dit un jeune homme derrière moi. Ainsi, la médiocrité, l’obscurantisme moralisateur, le modernisme féodalisé, l’animosité générale, le corporatisme primaire, étaient la punition utile et nécessaire à touts ceux qui respectent les lois, et respectent leur pays et ses hommes. Lihidheb Mohsen 04.03.2018

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