Dans le cadre du programme de recherches "Eléments-Vitaux", organisé par le Docteur Aouatef Mcharek de l'université d'anthropologie d'Amsterdam, en collaboration avec les universités nationales de Gabés, Sfax et Sousse, une sortie sur le thème de biodiversité, avait été organisé le 22 mai 2025, qui coïncide avec la journée mondiale pour la biodiversité, en collaboration avec l'éco artiste Lihidheb Mohsen, l'écologiste Chouikhi Ahmed et Slah Mzalouat historien, en présence de plusieurs chercheurs dans ledit programme et autant de journalistes régionaux.
Une narration de la sortie, effectuée par Lihidheb en anglais, pour que tout le monde comprenne, le condensé suivant. :
Juste devant l'enceinte du musée mémoire de la mer et de l'homme, il y avait une grande haie de cactus qui retenait le sable et assurait une alimentation périodique, permanente pour les animaux et refuge pour l'équilibre de la biodiversité des insectes. Au même endroit, il y avait de nombreux palmiers et un vergers, devant lequel les pêcheurs d'éponges de la région exposaient leurs produits aux riches négociateurs. A même le sol, les éponges en liesses de trois, étaient alignées à la portée des cheikhs qui les touchaient avec leurs cannes pour apprécier leur ténacité et leur qualité. Un lieu important de l'histoire de l'économie locale et son parcours de mercantilisation des produits.
En prenant la ruelle descendant vers la mer, que le narrateur prenait quand il était enfant, chaque début de soirée de ses vacances estivales, bordée de droite et de gauche par des hautes plantes d'agaves et d'alovéro en fleurs, il parla de son malaise lors de la première lampe électrique illuminant une partie de l'oasis, car il préférait la lumière naturelle et ses ombres ondoyants. Un peu plus loin, il parla de l'endroit où des réfugiés de 1911 de la Libye, avaient planté des carreaux de piments verts dans un espace de quelques mètres carrés. Par la nature des choses, quarante deux palmiers poussèrent dans l'endroit et furent irrigués par le ruisseau desservant les plantages de sorghos de la région. Avec le temps, l'endroit devint un petit paradis de micro climat agréable sous lequel les troupeaux de moutons estivaient et se rafraichissaient sous l'ombre des palmes touffues. Bien sur, il n'en reste plus rien et une maison avait été construite sur l'endroit, ce qui est arrivé à quatre vingt pour cent de l'oasis.
Au milieu de la ruelle, un endroit était appelé "Charchara" à cause du bruit que faisant l'eau descendant du ruisseau sur élevé. Il est fameux pour l'anecdote de la femme qui ayant rencontré des "Mkhaznya" sorte de douane coloniale rigoureuse, elle avait commencé par crier très fort prétextant qu'elle avait perdu un parent, alors qu'elle ne faisait que prévenir les hommes du village en train de faire de la contrebande sur la plage. Une activité bénigne entre Zarzis et Zouara en Lybie pour le trafic de sucre et de thé en petites quantité, voir la charge d'un petit bateau à voile.
Encore plus loin, proche de la mer, un grand champs de palmeraie, servait quelques fois à la culture de sorgho, mais aussi aux troupeaux de moutons venant de Tataouine pour passer l'été et une partie de l'hiver, pour rentrer avec les ânes chargés de dattes sèches et de tiges de sorgho tressés. Paradoxalement, la relation avec les tribus de la région était normale, pendant qu'avec les Jlidet de Forum Tataouine, était exceptionnelle et fructueuse. Quand ces gens venaient au village, les locaux leur réservaient des figuiers pour leur consommation journalière et leur part des petits poissons secs.
Juste prés de la cote, du radis sauvage poussait entre les palmiers et il fallait creuser pour en sortir le fruit juteux et salé. On se précipitait à plusieurs sur ces endroits, qui disparurent avec l'invasion du béton. Lors de vagabondage de Boughmiga, il a constaté ces plants légumineux, encore dans la région de Terbella à Djerba. Une aubaine pour les enfants affamés d'autrefois, en quête de dates vertes et le couscous des mariages. Entre dormir sur les algues marines, attaquer les vergers et les plantations de melons, les jeux divers, aller à l'école coranique le matin, aller garder les moutons, puis pêcher les poulpes ou participer à la pêche collective du petit poisson, passait le rythme des journées infernales de chaque été.
Arrivé à la mer, juste devant le relief sous marin dont on connait touts les trous habitables par les poulpes et les affaissements fameux portant les noms des gens qui ce sont noyées dedans, de géants canaux d'évacuation des eaux provenant de la station de désalinisation, versaient en permanence les rejets de sel et de minéraux divers. Il parait que les grandes déversions à la mer se font tard le soir, mais même pendant les journées on peut voir une coloration immense de la mer allant au gré des vents et des courants. Au début, on croyait qu'il y aurait des pipelines amenant les rejets loin dans la mer, mais on attend toujours depuis une vingtaine d'année. Mais le bon sens, exige toujours, le rapport entre la pollution engendrée par cette opération et la qualité de l'eau qui reste, encore peu consommable et presque nocif même à l'irrigation. Il faut aussi ajouter le rapport du prix astronomique de l'eau et l'impossibilité de sa consommation. Dire que l'on paie le même prix de l'eau que les consommateurs chanceux du nord. A droite de l'endroit, on voit encore le squelette d'un grand hôtel qui est encore ouvert et qui avait influencé la région par plusieurs façons discutables, malgré le fait que ce sont les hôtels qui avaient sauvé une grande partie du palmeraie.
A cent cinquante mètres vers le nord, une petite crique abrite en permanence une vingtaine d'embarcations de petit pêcheurs, de retraités et d'intrus à la profession en plus de leur véritable métier. Un endroit utilisé depuis deux siècles au moins, utilisé par les anciens pêchers d'éponges qui allaient vers les iles Kerkennah dans des expéditions collectives de deux mois. Ils ont participé à transformé l'éponge en olivier, dans intégration totale avec les éléments de la nature et la diversification des ressources pour la survie. L'endroit reste encore fragile intempéries et un abri de rochers en courbe, serait d'un grand secours. Bien sur, il faut reconnaitre que depuis quelques années, avec la reconversion vers les légers bateaux en plastique et l'usage de rames vers le moteur, l'exploitation est devenue excessive et la mer investie par l'activité humaine. Maintenant, les efforts sont réduits de quatre vingt pour cent et pour attraper un poisson il fallait mille geste alors que maintenant, avec la mécanisation, une centaine suffirait. Comme il y avait un aveugle qui avait travaillé à merveille avec les pêcheurs d'autrefois, un autre est en train de travailler dans cet endroit, avec une habilité et une force exceptionnels.
Encore une petite marche vers le nord, longeant la cote, parcourant un terrain en aménagement publique, où des joueurs de pétanques organisaient souvent des compétitions régionales, plus loin, le havre de Bennana, un endroit paradisiaque de pauvres pêcheurs, où les palmiers lançaient leurs ombres dans la mer et les embarcations attendaient sur le sable, le passage d'une tempête en perspective. Un petit endroit de familles de pêcheurs, intègres et sans problèmes, malheureusement, bousculée par la période de migration clandestine de 2011, quand l'endroit était devenu un lieu de recrutement, de tri et d'organisation de la ruée vers le nord. Etant présent dans cette période, en présence des gens en uniformes, on ne pouvait rien faire, si ce n'est la vérification de l'état des embarcations et les mesures de sécurité.
C'était aussi un endroit des pêcheurs à la serre, quand ils tiraient depuis quatre du matin les filet sac par des cordes parallèles d'un kilomètre de distance l'un de l'autre, pour se rejoindre vers dix heures du matin avec le filet en entonnoir plein de poissons. C'était un évènement for important pour les curieux, les pauvres villageois, car il suffisait que la pêche soit bonne, pour en distribuer à tout le monde gratuitement. D'ailleurs c'est la qualité du travailleur à la mer, une générosité légendaire, qui n'est pas toujours disponible auprès de cultivateur, dépendant des pluies et une production annuelle seulement.
La région de Béni ftaiel, Souihel, est un exemple d'intégration dans l'oasis maritime, en profitant aussi de la compagne environnante pour la transformer en oliveraie et garder des espaces pour le pâturage. La mer, l'oasis, le jardinage, l'oliveraie, le cheptel, les céréales et un début de migration vers Tunis, qui fut un pied en terre pour aller ailleurs et diversifier les ressources de survie, étaient le terrain d'activité des ancêtres avant l'invasion du consumérisme et du bétonnage intensif.
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