mardi 15 janvier 2013

Zerkine

Après Zarzis, Zita, Zian, Zitha, Ziza, Zess, Zammour, Zaratt…voilà Zerkine, qui joint la collection des témoins de l’histoire dans le sud Tunisien. En effet, accroché par l’impact merveilleux des trouvailles à Zaratt, Boughmiga le néandertalien, revint dans la région pour continuer sa prospection passionnée. Ce village est aussi très beau et agréable à visiter entre la verdure des palmiers et la culture à étages sous leurs ombres protecteurs. Des oliviers, des grenadiers, des piments verts, des carottes, des légumes, des oignons…cherchaient irrésistiblement les rayons du soleil entre les feuilles des palmes frissonnantes. Là aussi, j’ai dû m’informer de la direction vers la mer et un jeune homme m’indiqua une camionnette à suivre. La voiture faisait la navette pour le transport des jeunes filles et des femmes vers la plage pour la pêche aux écrevisses, l’une des activités économiques principales dans la région. Comme d’habitude, évitant les sentiers battus, j’ai viré dans la première piste et me perdit dans une multitude de sentiers agricoles sinueux et difficiles. Sur des kilomètres j’ai longé ce qui restait d’une surélévation de terre qui devrait être pour la voie ferré inachevée entre Gabés et Médenine. En roulant dessus, j’ai failli me faire avoir à l’emplacement d’un pont, ce qui m’avait obligé à faire une centaine de mètres en marche arrière périlleuse. Les collines étaient rocailleuses et parsemées de buissons pendant que les terres étaient encore sous l’effet de la salinité de leur état initial, de bordure de mer. Il n’y avait pas d’âme qui vive et même les routes ne comportaient que les traces des chiens qui les traversaient en hordes. Un terrain vide, rocailleux, susceptible d’avoir attiré les premiers humains pour se servir des pierres, m’avait attiré et en effet, c’était très riche en bifaces et silex taillé sommairement dont j’ai récolté une bonne quantité. Un berger, passa près de moi, et sur ma demande il m’avait dit le nom de l’endroit que j’ai oublié. Il pressait tout le temps son troupeau d’une façon étrange sans justificatif ni raison apparente « Ekhtt hikka, echchouma, iggg, Ziliatt, hooo, Ghdad wi Shadd, Arjaa Jidri, Ekhtt Ekhtt… ». Ce que j’ai remarqué à son frère qui était venu vingt minutes après pour s’informer de mon intrusion dans leur espace et lui demanda de « déstresser » ces pauvres bêtes et inviter ce berger à se relaxer. J’étais presque sûr, que vue son agitation, il serait aussi perturber dans son sommeil. J’ai continué vers le nord, à travers broussailles et arbustes épineux, sur une route difficile coupée en plusieurs endroits par les sillons des cours d’eau de pluie au point de devoir colmater des endroits pour le passage des roues et rouler comme sur une fausse de garage, avec l’impossibilité de revenir en arrière. Après cette épreuve, voilà encore la montée des collines sur une piste non utilisée depuis des années. Arrivé au sommet du petit plateau, j’ai arrêté ma voiture en face de Gabés qui fume son calumet de la « P » comme pollution et en chef Sioux éclaireur, j’ai tourné le dos à la civilisation et viré avec ma monture sur un sentier qui retourne d’où je venais mais avec une légère orientation vers la mer. Encore une fois, après de dures épreuves pour la voiture, je me suis trouvé encore une fois dans une impasse. Un autre virage sur une autre colline et sur l’autre flan, la route se perd et je dû descendre pour évaluer mes chances à travers les champs. Malgré tout, je suis parvenu devant une maison abandonnée devant laquelle j’ai arrêté la voiture pour demander un renseignement et une sortie de ce labyrinthe. La construction était délabrée et délaissée. Les plantes exotiques durent se débrouiller seuls à travers les saisons et les années. Dans la cour, un aménagement de convivialité, une fontaine manuelle, et les restes d’une recherche de bien-être. Ayant l’habitude de contourner mon objectif et l’investir graduellement et quand j’ai poussé une porte battante de grange, j’ai eu l’impression que cette maison est mystérieuse, source de craintes et je serais une sorte de diable qui force cette solitude et ce destin. Dans la courette des machines agricoles anciennes, des objets hétéroclites revenant aux années soixante d’après l’indépendance Tunisienne. A travers les meubles cassés, les poutres, les buffets, j’ai accédé dans la maison proprement dite. Les pendules coloniales pendaient encore des toits avec des ampoules intactes et chaque chambre avait une sorte différente de carrelages avec des motifs merveilleux et envoutants. En forme d’œuvres d’art, que j’ai mis longtemps à admirer et essayer de les prendre en photos malgré l’ensablement d’un demi-siècle au moins. La cuisine était l’endroit le plus attachant car elle se trouvait sur le flan nord de l’habitation, avec un toit assez bas et des fenêtres horizontales sur les trois côtés, donnant une vue directe sur la mer et les palmiers du vallon. J’y ai passé un bon moment à imaginer le bonheur et les odeurs des mets sous un tel paysage féerique. Dehors, une grande citerne aux roues crevées, aurait certainement servie comme un approvisionnement de secours aux citernes pluviales. Un peu plus haut, une sorte de grange de carburant encore huileux et enfumé jusqu’aux chenilles militaires qui en faisaient la toiture. Encore plus haut, au sommet de la colline, s’érigeait encore les restes d’une hélice éolienne, qui fournissait l’électricité pour cette maison coloniale. Une maison coloniale que Boughmiga le néanderthalien, a démystifié et révélé au grand public pour la restaurer et la sauvegarder en tant que patrimoine national. Un appel aux associations et à la société civile de Zerkine, Kettana et Gabés pour protéger cet endroit et surtout les carreaux qui tenteraient les nouveaux riches. Au moins, il serait urgent de constater cette richesse par les officiels du patrimoine dans les plus brefs délais et en prévenir la destruction ou le détournement. Lihidheb mohsen 10.01.2013 http://zarziszitazarzis.blogspot.com

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