vendredi 25 janvier 2013

Chatt El Awamer

C’était comme les poupées Russes ou le http du net, quand un endroit me passait vers un autre et une information me faisait découvrir un site, une station, un édifice, un monument….à travers mes vadrouilles hasardeuses et grâce aux remarques des sages bergers que je rencontrais à chaque sortie. Ainsi, la richesse de la région de Zárate, m’avait amené vers Chatt El Awamer, un tout petit village côtier, séparé par une longue route et un grand lac salé de la mer. Bien sûr, le fait de considérer le Sud Tunisien comme un musée ouvert, surtout pour tout ce qui concerne la préhistoire, se confirme de jours en jours et chaque espace désert offre ses surprises et ses trésors anthropologiques. Entre les traces du passage des troupes de Montgomery, de Rommel, de Leclerc et de Mussolini, ….des restes de barbelés, de douilles, de « shrapnells » éparpillés sur des kilomètres, des tranchés, des blockhaus, …je parvenais quand même à trouver des silex et des restes de poteries diverses. Encore une fois, la prédominance du paléolithique est incontestable, malgré les meules qui revenaient au début de la maitrise de l’agriculture. Sur une grande colline, qui m’avait attiré de loin, traversant des vallons difficiles et des pentes raides, j’ai trouvé sur son sommet, une meule en pierre, qui m’attendait depuis des millénaires. Juste à côté une demi-meule de la même qualité de pierre, devant un semblant de tranché sinueux. C’était la première fois, que j’approchais un endroit à partir d’en haut, et au fur et à mesure de mon ratissage tournant et descendant, j’ai trouvé plusieurs silex intéressants et des boirons merveilleux. Soudain, un jeune homme était tout près de moi, dans cet endroit désert à des lieux de la première habitation campagnarde, une grande surprise. Il portait un bâton de palme et paraissait assez sûr de lui, mais puisque je portais un bon bâton de bois d’olive, je lui avais lancé : « De toutes les façons, mon bâton est meilleur ». Il comprit rapidement la remarque et répondit : « Loin de là, Dieu me préserve de son usage, je vous ai pris pour les jeunes qui viennent souiller l’endroit avec leurs souleries ». Plus loin, sur un espace rocailleux, j’ai trouvé de beaux broyons à même le sol et une meule volcanique noire bien travaillé et brisée en quatre morceaux. Une autre meule en pierre, plus grande et similaire à celles de la colline, faisait partie de l’ensemble. Une lamelle large en forme de couteau était trouvée sur le creux d’un sillon de bulldozer ainsi qu’une belle pièce de silex bien taillée en forme de feuille de pommier. Il n’y avait pas beaucoup de soleil ce jour-là, mais je faisais de mon mieux pour combler ce déficit naturel et fructifier un aussi long déplacement de Zarzis vers le golfe de Gabés. Un vieux berger, de Chatt El Awamer, une personne très dynamique et sportive à force de courir derrière une dizaine de chèvres et autant de moutons…m’avait indiqué l’emplacement d’un site historique Romain appelé « El Mdayna ». Etonné par la dénomination, qui est aussi celle du site du même nom sur la rive sud du lac El Bibane, il avait aussi subit des fouilles sauvages dans trois endroits au moins. Sur une surface d’un hectare au plus, « El Mdaynita », parait être Romaine du début de cette ère et comportait des indices similaires à celles de Mininx, sur les plans de la poterie, la numismatique et les structures découvertes par les chercheurs de trésors. Les bris de monnaies, les dessins en palmes sur la poterie rouge, les bouts de lampes à huile décorées, les clous et les piles de carreaux de briques utilisés comme piliers pour ce que fut un grand Bain Romain Hammam, confirmaient la similitude. Le Hammam était identique à celui excavé outrageusement au site de Ziane à Zarzis, mais ce dernier était plus grand et plus profond avec des tuyaux en plomb. Des formes de toupies en argile étaient çà et là et un grand sac était au fond remplis d’objets indéterminés que je n’avais pas cherché à vérifier à cause de l’éthique de ma curiosité et mon respect rigoureux de la loi. Une rigueur et une détermination qui m’ont toujours guidé au point de parvenir à trouver du silex sur des sites Puniques et Romains et c’est ce que j’avais réussi cette fois aussi. Le site d’ « El Mdaynita » à Chatt El Awamer, était situé dans un sous bassement de terrain, des monticules entourés par des brèches de lagune. D’autres stations seraient aussi aux alentours immédiats du site, ce qui a été insinué par le berger, mais je n’avais pas assez de temps pour les constater. Bien sûr, les braves gens que j’ai toujours rencontré, au hasard des croisements dans des milieux déserts, étaient quelques part déçus, d’être tombés sur un bénévole, fauché, rigoriste…sans la moindre perspective d’impact favorable sur les conditions de vie de tout le monde. Auraient-ils préféré un chasseur de trésor ou un aventurier…mais vu leur tempérance et leur milieu social très respectable, mon intuition était exagérée, malgré qu’on reste tous de faibles humains. De toutes les façons, voilà encore une région riche de patrimoine, « Mdaynita » de Chatt El Awamer, que nos officiels du patrimoine devraient mettre en relief et constater l’atteinte grave au site et en déduire des renseignements sur notre histoire millénaire. Lihidheb mohsen 22.01.2013

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