samedi 21 juin 2014
Bengardane, fête le patrimoine.
C’était un peu par hasard, que la relation culturelle s’est établie avec cette ville frontalière…lors de nos visites, mon ami Marino et moi, pour réparer sa voiture et puisque cette tâche demandait chaque fois un peu de temps, j’ai eu l’idée d’entreprendre la réalisation d’un documentaire, comme nous étions en train de le faire pour Zarzis, dans le domaine du patrimoine artisanal et les techniques locales…Oui, nous avons eu beaucoup de contacts, avec des jeunes, des vieux, des notables, des élus, des intello, de vieux scribes, des artisans résistants bon gré malgré…pour enfin constater …que la ville est extraordinairement authentique et intègre…entre le conservatisme statique et la fidélité aux sources pour une éventuelle progression durable dans le mouvement humain universel. D’ailleurs plusieurs personnes étaient conscientes de ce diagnostic et souhaitent une décrispation des approches pour une dynamique sociale vivante permettant la communication et l’assimilation des intrusions du sud et du nord.
C’est ainsi que nous avons pris quelques séquences, pour le film documentaire, afin de permettre une lecture, juste, réelle et équitable de la région, sans tomber dans le voyeurisme, l’exhibition ou les jugements de valeurs. Bien sur, comme dans toutes les villes frontalières du monde, le commerce parallèle et un certain libre échange, prédominent, au point de former une économie intérieure, avec ses lois, ses règles, ses limites, ses barons et son éthique locale. Une situation, qui avait toujours préoccupé Boughmiga, qui avait proposé depuis une dizaine d’années, de la rationaliser et l’intégrer dans les activités réglementaires, ne serait que pour la légitimité de fait, sa pérennité et surtout l’absence de solution radicale et juste.
Puisque notre initiative, Marino et moi, était purement humaine, culturelle et solidaire, nous n’avions pas d’autorisation pour le tournage à part l’accord de principe du Secrétaire général de la Commune de Bengardane, nous avons alors évité la Choucha, le port d’El Ketf, le site historique de Mdayna, pour nous rabattre sur le site « profané » de Nfidhett Mohra sur la route de Médenine. Un site que Boughmiga avait « découvert » et annoncé aux officiels du patrimoine il y a deux années et voila qu’il vient de constater qu’il a été encore une fois fouillé anarchiquement par les pirates du patrimoine, qui n’hésitent pas à tout casser pour parvenir à un trésor qui n’existe que dans leur imagination. Mais comme partout, avec la prédominance d’une mentalité agressive envers des sites peu défendus…les fouilleurs du dimanche, ont les mains libres et les dos couvert par l’impunité. Il faut aussi reconnaitre que le grand site Préhistorique, Punique et Romain…amphibie de Mdayna, avait aussi subit une cratérisation lunaire d’excavation de tout monticule, tout au long de cette dernière décennie de piratage structuré. Néanmoins, il en ressort quand même, que la région de Bengardane, a un patrimoine riche et diversifié, couvrant toutes les périodes de l’histoire humaine. Nebch Eddhib, Neffatia, Sidi Toui, Wahmia, Nfidhett Mohra, Magroun, Choucha, Lakouach, El Gounna, Mdayna, Bougarnine, El Marsa, El Ketf…que Boughmiga avait constaté et parcouru, « corps à corps », avec passion et rigueur anthropologique.
Ainsi, au cours de notre navette entre Zarzis et Bengardane, l’idée de participer aux festivités culturelles à l’occasion du mois du patrimoine est née, et nous avons contribué par une exposition dans la grande salle de la maison de culture, composée d’une quarantaine de tableaux comprenant des photos et textes au sujet du patrimoine et l’histoire du désert Tunisien. Une participation qui avait beaucoup intéressé les élèves, les étudiants et les visiteurs. Nous avons eu aussi un très grand plaisir à assister aux spectacles en plein air des troupes folkloriques locales, de Libye, d’Algérie…ainsi que les démonstrations et performances, des cavaliers acrobates, des chevaux savants…au milieu d’une foule compacte de femmes et d’enfants enthousiasmée. Un peu vexé par la panne de son appareil photo, Boughmiga reprit vite du plaisir quand les braves de l’association des sourds muets locale, avaient entrepris de mimer par les gestes et les mouvements, l’hymne national Tunisien et surtout le verset principal du saint Coran la « Fatiha » dans un entrain de patriotisme, de piété, de dévotion et de sagesse. Bien sur, ce témoignage brut, des nos enfants cloitrés dans le silence, au dessus des flux et reflux des verbiages et de la médiocrité…était tout simplement merveilleux, sublime et agréablement mystique.
Ainsi, Bengardane, avec sa population bien ancrée dans ses valeurs sociales, sujette au glissement en avant du mercantilisme immédiat, assagit par les vagues galopantes des enjeux géo stratégiques et les calculs à vue d’œil des politiques…est foncièrement, capable de résister, de se réaliser et de se consacrer à son parcours de sagesse et d’éthique ancestrale.
Lihidheb Mohsen éco artiste 25.05.2014
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire