lundi 23 juin 2014
Zarzis, Saguit Sola
Plusieurs amis Tunisiens et d’ailleurs, quand je leur disais qu’il leur faut un mois de sorties quotidiennes pour connaitre et contourner la région de Zarzis afin d’apprécier à sa juste valeur la diversité écologique et panoramique, prenaient au début mes propos comme chauvinistes et nostalgiques, mais quand ils faisaient un petit bout de chemin avec Boughmiga, vers quelques endroits comme, Om Cherif, Ejdaria, Rsifett, Aguiba, Hachchana, Bogra, Gribis, Allouane, Hinchir El Kalakh, Lemsa, Khsim, Guerbabia, Ghrabatt, Oglet Omor, Ras Trab, Khallfallah, Ras Kazouz, Ariguett, Zitha, Hinchir Frass Tarfellil, Lella Meriem, Makhadha, Hnachir Ettboul, Hinchir Ouniss…ils admettaient avec admiration les qualités naturelles et historiques de cette presqu’île paradisiaque. Bien sur, même si je n’étais pas rétribuer pour cette activité de vulgarisation et de partage, même pas par des signes de reconnaissance sur une vingtaine d’années, j’évaluais au préalable les centres d’intérêts des visiteurs pour faire un parcours, écologique, artistique, anthropologique, culturel ou bien tout simplement touristique, en fonction des passions des uns et des autres. Je ne vous dirais pas comment quand l’un de mes compagnons, hypnotisé par un beau couché de soleil sur l’eau bleu, ne voulait pas quitter la plage intérieure du Lac El Bibane. Ou cette Dame intellectuelle, qui s’est éclatée de bonheur sur les collines anthropologiques de Sebkhet el Maleh, dans une sorte de communion mystique avec l’ancêtre commun…. Ou encore ce groupe d’Autrichiens qui avaient dansé au milieu des installations artistiques de Boughmiga à Allouane, surpris par la douce invasion des eaux de la marée haute….et cette jeune doctorante en préhistoire qui débarqua comme un beau papillon, de site en station, de station en site à une quarantaine d’endroits, dans une collecte passionnée des traces paléolithiques au raz du sol…
Juste pour dire, que Boughmiga, ne livrait pas tout ses secrets et réservait certains endroits, aux intimes, ceux qui ne seraient d’aucune façon hégémoniques sur les endroits ou susceptibles de causer des nuisances quelconques. Bien sur, les risques sont toujours l’éventuelle pollution, la spéculation foncière et la déformation des paysages par les constructions anarchiques ou trop voyantes. Il suffit de voir l’isthme nord de la région de Ejdaria, qu’il avait connu quand il n y avait que les maisons de Jlidia, Bouchouicha et Sohbani, combien elle est maintenant investie par la spéculation et le bétonnage en règle en plus des fermes viticoles, géantes et obstinément polluantes au point de déposer leurs déchets à même la plage.
En effet, avec l’avantage de ma connaissance depuis l’enfance de cet endroit énigmatique, quand avec les voisins et cousins, allions accompagner nos moutons à la recherche des rares touffes d’herbes sèches ou les feuilles d’oliviers….pour ne rentrer qu’au début de la nuit… seuls deux amis, un grand cinéaste de la place et un imminent chercheur international en écologie scientifique, eurent l’honneur d’investir ce parcours de highlanders… Ce jour là, nous étions tous au rendez vous, six heures piles juste au premier affaissement de terrain au milieu du grand plateau de Souihel de quarante cinq mètres au dessus du niveau de la mer. Une sortie de touristes arabes, pour une marche dure tout terrain…à travers ce long canyon sinueux entre Hnachir Ettboul et Ghar El Ogla. Il fallait éviter les ronces, éviter de glisser, monter et remonter les digues de sable qui servaient à retenir aux quelques arbres, le peu d’eau de pluie vital. Ces arbres irrigués par l’écoulement, étaient très disputés et souvent sujets à des batailles entre familles pour finir en d’interminables procès en justice. Bien sur, ce n’était pas notre préoccupation, car nous étions absorbés par la beauté de l’endroit et son caractère presque sauvage et naturel, cette même inhospitalité, qui a sauvé Saguit Sola du débarquement urbanistique. Malencontreusement, comme on peut s’y attendre, dans ce genre de randonnés et intrusions dans la nature, nous avons débusqué des aigles, des hiboux et remontant l’autre versant, un joli renard roux à la queue blanche à son bout… C’était une occasion pour le cinéaste pour s’inspirer et pour l’écologiste de constater la faune, la flore et les coupes géologiques…jusqu’au moment où nous avons été ébloui par la beauté du paysage quand au fond, à l’embouchure du canyon, une fenêtre s’affiche sur la mer, au dessus d’un oasis maritime parsemé de maisons blanches. Nous sommes restés un bon moment, à respirer, l’air frais, humer le paysage et sentir cette dimension de beauté et de liberté. Sortant de la vallée de Saguit Sola, nous avons encore remonté le plateau pour faire quelques kilomètres jusqu’au Sangho et revenir vers Béni Ftaiel, sur la plage cette fois, les pieds dans l’eau et les cœurs émerveillés et les esprits en jubilation.
Les deux autres, honorables hôtes du canyon, étaient une professeure universitaire avec son étudiante, dans le cadre de vérifications sur le terrain pour des propositions de tourisme écologique et alternatif. Cette fois, la visite était plutôt panoramique et historiciste, soulignant les grottes préhistoriques, les démarcations Romaines et les pistes piétonnes ou cyclistes possibles.
Ainsi, morfondu par cette confession fâcheuse, qui risque de livrer Saguit Sola aux curieux et aux voyeurs, et dans le souci de laisser cet endroit comme une dernière aire de survie à la faune sauvage, Boughmiga, souhaite que les intéressés se limitent à la traçabilité et le constat de cette vallée à travers les images satellitaires disponibles sur le net. Il leur en serait reconnaissant.
Lihidheb mohsen éco artiste 20.05.2014
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire