jeudi 27 août 2015
La Baraka de la mer.
C’est ancien, quelques part au sud de Zarzis, aux portes des lacs salés, dans nulle part, juste pendant l’installation des colons, lors de la division définitive des parts entre riches et pauvres, quand le bon peuple eu droit au néant et ne put survivre qu’à force de ses mains. Tout le monde connaissait tout le monde et comme maintenant, l’origine de la richesse était visible et le parcours de ce pompage possible. Certains étaient amis amis avec le protecteur… d’autres avec les colons, quelques uns faisaient les gardiens, des familles ont été scolarisées à desseins, des personnes furent des têtes de pont pour repêcher d’autres vers de meilleurs avenirs, des scribes et notables s’approprièrent des terrains avec l’aval des éternels théologiens… et seul le paysan, le manœuvre, l’ouvrier, le marin, le travailleur agricole…furent enclin à subir la pauvreté et les caprices du destin.
C’était ma mère qui m’en parla, quand je lui racontais mes randonnées sauvages vers le sud et se rappela comment sa propre mère lui raconta la baraka de la mer avec un vieux qui était acculé à vivre en marge de la ville et des citadins et faire des petits travaux ça et là pour survivre. Il avait quand même une petite maison et une citerne d’eau de pluie, sans quoi il ne pouvait vivre dans cette région « Meninx » sans eau. Bien sur, la vie était dure, en plus de l’injustice des chances et des partages, la nature ne favorisait pas les pauvres et certaines années, sans pluie, étaient invivables au point de devoir vendre ses biens et ses propriétés, s’il y en avait, contre une bouchée de pain. Naturellement, quelques uns étaient toujours en bonne position pour sauter sur ce moment opportun et profiter de ce troc fructueux. En plus de l’entité ethnique spécifique à ce genre d’usufruit, il y avait aussi des féodaux locaux prédisposés à cueillir les gains de la disette et la famine.
Notre homme, vieux et pauvre, avec quelques moutons souffrants et en marge de la solidarité tribale, relativement réconfortante, restait souvent sans nourriture et la farine d’orge « Zoumita » lui faisait défaut surtout quand elle nécessité un peu d’huile d’olive, produit rare et monopolisé de fait par les riches propriétaires. Dans ces conditions, rabattus naturellement vers la plage, il savait déjà que la baraka de la mer ne trahit jamais l’être vivant et il y aura toujours un don de l’autre, de la providence ou du divin. Alors, chaque fois qu’il y allait, il ne revenait jamais bredouille et trouvait des fonds de bouteilles encore avec un peu de beurre, un peu de miel, de confiture, de l’huile d’olive, des dattes de mer, des tortus piégés, des pêcheurs généreux… ce qui lui permettait de surmonter des moments difficiles. Ça ne résolvait sa situation qu’en partie, mais lui permettait de vivoter et avoir foi en l’au-delà.
Dans le même ordre d’idées, Boughmiga avait aussi à la fin du dernier siècle, concurrencé des loups pour les devancer et récolter les quelques poulpes rejetés par la dernière tempête, dans une course de survie et de d’existence. Cette fois, aujourd’hui même, ce ne sont plus les mêmes concurrents, car ce sont les oiseaux, qui me devançaient et picoraient les tomates, oignons, pommes… rejetés par les marins que je trouvais ça et là sur la plage. Tant mieux, ils avaient peut être plus besoin de cette pitance…mais une bonne salade de la providence, est désormais recommandée pour rafraichir les têtes des humains et les remémorer de leur devoir de coexister et composer. Un peu de Baraka chez les hommes, serait un idéal.
Lihidheb Mohsen éco artiste
Zarzis 27.08.2015
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