mercredi 26 août 2015

Le poisson et les ânes.

Il était très gros, le poisson, une montagne de graisse et de viande, s’enlisa sur la plage, encore soufflante, fumante, frétillante, … une bonne pitance collective dans ses années de disette. Selon le mythe, de braves pêcheurs avaient accosté sur le dos d’un poisson monstre le prenant pour une Île salvatrice…et quand ils commencèrent à faire du feu pour le thé rituel…l’animal avait bougé, laissant les hommes pataugeant dans l’eau… Bien sur, c’était une offrande du ciel cette fois et les Spahi ordonnèrent aux paysans une mobilisation générale pour trainer cette masse de chair jusqu’à la terre. Pour cet effet, des chameaux et des ânes furent attelés et attachés au grand poisson pour le trainer avec l’aide Inchallah de la marée montante. L’endroit grouillait de monde et tout les gens s’affairaient à filer des cordes, apporter les bêtes, organiser l’action et attendre la montée de l’eau. Sur leurs chevaux fumants, écumants de salives, les soldats du Bordj, incitaient à la force commune, le bon usage des cordes et la force de traction. Quelques femmes désœuvrées, principalement de vieilles pleureuses et jaseuses ou de petites filles, vinrent voir cette cohue et prendre part éventuellement au partage de graisse. L’aveugle du village et le Meddeb, participaient aussi à l’enthousiasme général pour avoir aussi un droit à la pitance. Entretemps, la mer montait, montait et le cordes se tendaient de plus en plus, attachés sur les corps des animaux, qui trainaient, trainaient, le poisson somnolant dans son corps géant, comme si rien ne se passait depuis longtemps. Les vagues commencèrent à se suivre venant du large pour assister les humains meurtris de faim et déterminés à dompter la nature. Soudain, le poisson remua, éternua, se réveilla parait il, un frisson, deux frissons, un geyser d’eau et d’air, sous les regards surpris et hagards et d’un coup de queue…il forma un petit tsunami, une vague qui mouilla les paysans et les bêtes partirent, attachées au poisson vers les profondeurs de la mer bleu… Vive la liberté. Lihidheb Mohsen éco artiste Zarzis 26.08.2015

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