jeudi 6 avril 2017

Du Sahel à Souihel

C’était un marchand de glibette Hammass qui m’avait interpelé de loin, pour me remettre une grosse enveloppe fermée, qu’une personne inconnue l’avait déposé chez lui à mon intention. Avec mon nom au verso et juste des initiales et un numéro sur le recto, j’étais étonné en le recevant, car n’étant pas habitué à recevoir d’aucune façon de bonnes nouvelles ou de surprises agréables. C’était plutôt les pénalités, les convocations au tribunal, des contraventions au code de la route ou un procès municipal inique et officiel, des textes à traduire gratuitement, des rapports de stage à compléter…qui m’arrivaient de temps et autres et je ne m’attendais pas à recevoir un livre en arabe dédicacée en mon nom de la part de Chiha Gaha, appelé warakatt une sorte d’autobiographie splendide. L’auteur était du Sahel Tunisien et parlait des péripéties de sa vie depuis l’enfance tout en narrant agréablement les événements et les étapes de sa période. Incroyablement, il y avait une très grande similitude entre sa vie et la notre, ici dans le Souihel du sud est Tunisien et presque la ressemblance des sociétés était très proche. La falga, la vie extra familiale des enfants, la vénération de la pluie, les contes pendant la nuit, l’unanimisme complet, le patriarcat linéaire, la ruée vers l’éducation pour conquérir une fonction stable….étaient aussi manifestent tout en signalant certaine acuités ou laxismes dans certaines. Malgré qu’avec la vie de compagne et l’exploitation des oliviers et des troupeaux, il y avait d’autres horizons à Souihel comme l’oasis, comme la mer ainsi que les effets de la relation avec les autres tribus frontalières et les civilisations de la mer. Bien sur, cet équilibre du sud, avait atténué le féodalisme et consolida la diversification des ressources et des activités. Très rares étaient ceux qui avaient plusieurs femmes et même si l’esprit narcissique de l’homme avait persisté, la modernité en avait pris une marge importante. En comparaison avec la vie de Boughmiga, du même âge ou presque, les idées et les approches étaient presque identiques, malgré que ce dernier venait d’une famille pauvre et devait assister ses proches jusqu’à l’âge de quarante ans. La vision des choses, les réflexions sur la foi, le radicalisme anarcho populiste, la révolte continue et tout azimut, la prison, la solidarité ouvrière et paysanne, le militantisme global même au sein de l’administration….étaient aussi le lot de Boughmiga, pour évoluer naturellement et intellectuellement et se fixer au libéralisme social, seule option adéquate à notre réalité sociétale. Pour ne point donner plus sur le livre, Il aurait été plus juste et plus fidèle au parcours d’une vie aussi riche, comme l’avait toujours fait Boughmiga, de se foutre de la gueule des maladies et par la rage de vivre s’auto guérir impérativement. Un grand merci, à Si Chiha Gaha, que je ne connais pas encore, pour ce rayon de soleil nostalgique, un tremplin naturel à la ruée vers les horizons et l’amour de la vie. Sachant que moi, Boughmiga, avait aussi reçu la terrible falga sur les plantes des pieds et les violences gratuites du système d’autrefois, sans fléchir ni faiblir à comprendre et consolider le devenir commun, humain et sage. Il fallait le faire et nous l’avions fait. Un livre à lire, pour saisir, pour se comprendre et pour évoluer. Lihidheb Mohsen 06.04.17

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