dimanche 13 septembre 2020

Les trois chiots de Lemsa



 


                  


Au début de l’été, quand il était encore possible de sortir vers ses randonnées au bord des plages lointaines, Boughmiga le néandertalien, fit quelques sorties pour le nettoyage et l’observation du littoral sud de Zarzis. Il avait aussi remarqué l’existence de plusieurs chiens errants chétifs et visiblement en manque d’eau et de nourriture. Il aménagea donc à leur disposition, un réceptacle qu’il remplit d’eau et couvert par un peu de taule pour diminuer l’évaporation et garder un peu de fraicheur. Il déposa plusieurs morceaux de pain, que les chiens trouveraient comestible et mis à coté quelques bouteilles remplies d’eau de robinet pour les verser dans le réceptacle par les premiers venus. Vue la chaleur, Boughmiga ne put revenir à l’endroit que quarante jours plus tard, pour trouver que l’attirail avait disparu et que les grosses pierres, avaient été transformé en support pour un foyer de cuisson en plein air. Une image que reporta Ibn Khaldoun au sujet du passage de certaines tribus sauvages qui déconstruisaient les pierres des sites anciens pour en faire des supports pour les marmites sur le feu.

                  Quelques semaines après, plus loin, dans la région du canal marin d’Alouane, Boughmiga avait remarqué trois chiots noirs et blancs, en train de le suivre partout où il allait, humant la terre et visiblement confiant de la présence humaine. Il ventait fort et les petites bêtes dressaient leurs oreilles aux lobes l’un vertical pour filtrer le son à travers le vent pendant que l’autre était plié normalement. Un mouvement d’ensemble dicté par la nature et les règles instinctives de l’ouïe. Ne trouvant pas d’ustensile pour mettre le peu d’eau disponible dans la voiture à leur disposition, il avait fallu, utiliser un para choc de voiture cassé pour retenir le peu de liquide. Ce ne fut que l’après-midi, qu’il revint, faisant les quarante km, avec ce qu’il fallait en réceptacle, en pain, en pâtes, en bouteilles d’eau, en restes de plat. C’était du bon travail, car quand il revint encore à l’endroit, quelques jours après, tout avait été consommé jusqu’au bout et des bouteilles encore remplis attendait que quelqu’un les verse aux animaux. Avec satisfaction, il déposa encore ce qu’il fallait, pour un minimum de survie. Il savait que certains pêcheurs, n’aimaient pas la présence des animaux sauvages, souvent par préjugés gratuits, et pensa devoir aller les plus de fois pour vérifier l’installation de secours.

                   L’endroit était tellement sauvage au point de l’avoir défendu vigoureusement, quand les autorités communales voulaient transformer les espaces de Lemsa en champs de tir et Boughmiga dû ériger une installation artistique avec des roues géantes avec le slogan de « Birds only », endroit seulement pour les oiseaux et la vie sauvage. Heureusement, une grande marée avait dissuadé l’entrepreneur et fit fuir les engins monstrueux. C’était d’ailleurs là, qu’il avait trouvé un grand porc épic mort pesant une dizaine de kg ainsi qu’un autre animal mort sur la plage, qu’il ne parvint pas identifier, entre le lièvre et le rat, de courtes oreilles et pesant cinq kg au moins. Pour cette dernière découverte, c’était au début de l’action de Boughmiga, quand il n’avait pas encore de moyens ni d’appareil photo pour cristalliser l’évènement.

                  Ainsi, Boughmiga, fit ce qu’il pouvait pour les trois chiots, rappelant la diction locale, qui dit que pour voir les qualités d’une personne, il faut voir sa relation avec les animaux et pour dénoncer le comportement fâcheux de quelqu’un on dit, « même les chiens ne le suivent pas ».

 

                                                                     Lihidheb Mohsen 10.09.20

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire