samedi 8 octobre 2016
Portraits et sagesse 82
Mohamed ben Amor Msallem
Il y a des conditions, des situations, des créneaux, des sillons de la vie, des combinaisons dans l’histoire, des passages d’astres rares, des vocations divines, des prédestinés sublimes…qui créèrent le parcours d’un homme, son impact sur le réel, son embellissement du milieu et son éblouissement sur le relief naturel et humain. Ainsi Si Mohamed b Amor Msallem « de la Marsa Tunis », avait grandi entre Zarzis et Djerba d’une famille de notables et scribes lettrés. Il avait eu des incidents avec l’enfermement insulaire et la claustromanie collective et compréhensible des Djerbiens quand il se révolta contre la mentalité de l’acte « Arbaa arbaa wil arab wra essarout » lors des cérémonies gastronomiques des mariages. Avec une solide formation en arabe et une autre assez suffisante en français pour affronter le monde, il avait quitté les « koutteb » de Chammakh, en revendant des pieds d’oliviers revenant à son père et partit vers la capitale. A moi le monde aurait il dit et entreprit de faire du commerce international et créée un lobby dans le milieu des avocats et des gens intelligents et influents. Il était consulté en très haut lieu et rayonna totalement sur la vie économique, politique et celles des affaires dans son temps. D’une prodigalité et d’une générosité légendaire, il avait toute une grande maison ouverte aux gens du sud et une boulangerie pour leur fournir du pain. Touts les arrivant de l’intérieur du pays passait chez lui et prodiguait une certaine protection aux pauvres et aux travailleurs. Selon un témoin, un des grands de l’intérieur du pays avait un fils unique recruté de force dans l’armée par les colons et après plusieurs démarches, impuissant, resta dans un café de la Marsa, quand un grand homme de couleur au service de Si Mohamed avait remarqué sa tristesse et sa désolation et l’invita chez son employeur. Après s’être reposé, fait ses ablutions et sa prière il raconta l’histoire et comment le jeune était un fils unique sur une série de filles et n’avait plus personne pour s’occuper des ses fermes et ses bétails. Heureux de pouvoir faire du bien, devant une opportunité aussi claire, Si Mohamed promit au riche paysan qu’il n’aura pas de déjeuner sans le présence du fils en question et passa plusieurs coups de téléphones à ses connaissances dans l’administration et le monde des bronchés. Chose dite, chose faite…et dans un laps de temps court, satisfaction était faite et depuis, à chaque Aïd, en reconnaissance, le mouton du sacrifice venait des compagnes de l’intérieur du pays.
Il était très en avance sur son temps et faisait des opérations de swap, vente de chargement pendant que la marchandise était encore sur le bateau en mer vers sa destination, une opération encore de nos jours difficile. Parvenu à un très haut niveau de présence et d’influence dans les sphères du pouvoir, dans les années quarante cinquante, il sut admirablement gérer ses ressources en intelligence brute et jouer des risques majeurs dans le monde des informations, du renseignement et le double jeu. Comment servir les causes Tunisienne et Algérienne, à partir des sources elles mêmes de la structure coloniale.
Tout en ne voulant pas être historiciste, ni biographe, juste une approche de constat et de mise en valeur de compétences occultés dans notre histoire contemporaine, je déclare que ce portrait avait été confirmé par Si Mongi Oueriemmi, fils du martyr de la guerre de l’évacuation de Bizerte Si Salem Oueriemmi, qui avait été adopté et parrainé par Si Mohamed pour le prendre en charge totalement dans son éducation et participer ainsi à rendre hommage et honneur au martyr par un geste direct et effectif. Un jeune homme qui était fidèle à la bravoure de son père et celle de son protecteur et devint un cadre dans une société nationale. Il considère toujours que Si Mohamed Msallem reste pour toujours son père spirituel et son exemple de bravoure et d’humanité. Dans un document qu’il m’avait montré, il avait pris des notes dictées par Mohamed Msallem, que Boughmiga traduit ci-dessus automatiquement et avec l’aval de Si Mongi :
« VOICI QUELQUES MEMOIRES OU CE DONT NOUS NOUS RAPPELONS DES PERIPETIES IMPORTANTES DE L’ANNEE 1949 QUAND LE COMBATTANT SUPREME REVENAIT DE SA TOURNEE HISTORIQUE ET AVANT SA DESCENTE A TUNIS D’UNE JOURNEE LE FRERE TAIEB MHIRI M’AVAIT DEMANDE D’INTERVENIR AUPRES DES AUTORITES FRANCAISES ET PARTICULIEREMENT AUPRES DU PRESIDENT DE LA REGION DE TUNIS « CHASTEL » QUI DETENAIT EN SA MAIN LA SURETE DU PAYS ET CE POUR NE PAS FOUILLER LES BAGAGES DU PRESIDENT ALORS J’AI TELEPHONNE A CHASTER EN PRESENCE DE TAIEB MHIRI EN LUI DISANT QUE TOUTS LES DOCUMENTS IMPORTANTS EN POSSESSION DU PRESIDENT AVAIENT DEJA ETE ENVOYE VERS TUNIS DEPUIS DIX JOURS…POUR CELA NOUS VOUS DEMANDONS DE NE PAS FOUILLER SES VALISES ET LE RECEVOIR CONVENABLEMENT ET ORDONNER AUX AGENTS DE L’ORDRE DE S’ELOIGNER DE LA FOULE POUR PREVENIR DES CONFRONTATIONS CAR LA JEUNESSE DESTOURIENNE ASSURE L’ORDRE DEPUIS L’AEROPORT JUSQU’A MAAKAL EZZAIM, CE PLAN QUE J’AVAIS CONVENU AVEC LE FRETE TAIEB ET NOUS AVONS EU CE QUE NOUS VOULIONS. ET DANS L’ANNEE 1950 LE FRERE TAIEB M’AVAIT DEMANDE DE VOYAGER A PARIS OU IL SE TROUVAIT EN CE MOMENT ET ME DONNA UNE DIZAINE DE DOCUMENTS A DONNER AUX AUTORITES FRANCAISES TOUT EN FAISANT SEMBLANT QUE C’ETAIT MON INITIATIVE ET COMPORTAIT DES RENSEIGNEMENTS AU SUJET DU PARTI DESTOURIEN ET CE QU’IL COMPTAIT FAIRE ET QUELLE SOLUTION POUR LES DEUX PARTIS TUNISIE ET FRANCE SOI DISANT QUE CE RAPPORT ETAIT DE LA PART DE L’UN DE LEURS FIDELES. (CE RAPPORT AVAIT EU UNE GRANDE INFLUENCE) ET A ONZE HEURES DE LA JOURNEE DU 17 JANVIER J’ETAITS AU COURANT DE CE L’AMBASSADE FRANCAISE AVAIT DECIDE ET CE L’ARRESTATION DU PRESIDENT ALORS JE SUIS PARTI A LA RECHERCHE DE SI TAIEB QUE J’AVAIS TROUVE AU TRIBUNAL DRIBA ET L’AI INFORME DU RENSEIGNEMENT ET ME DEMANDA DE NE POINT PARTIR DE MA MAISON POUR FACILITER MON CONTACT CAR ON NE SAVAIT CE QUE POURRAIT ADVENIR. JE SUIS DONC RESTE JUSQU’A LA QUATRIEME SEMAINE DU MOIS DE JANVIER ET A HUIT HEURES DU SOIR POINTA CHEZ MOI LE FRERE MOHIEDDINE DERWICHE ET ME PRESENTA LE FRERE REGRETTE MOKHTAR BEN ATIA ET SI MOHIEDINE PARTI ET SI MOKHTAR ME DEMANDA DE L’ACCOMPAGNER VERS SI TAIEB QUI M’ATTENDAIT. AUSSITOT ARRIVES A UNE HAUTEUR DANS LA REGION DE SIDI MEHREZ DANS LA CAPITALE J’AI TROUVE SI TAIEB MHIRI, SI SADOK MOKADDEM, SI ALI ZLITINI, SI FARHAT HACHED, SI NOURI BOUDALI ET SI TAIEB ME DEMANDA DE FAIRE PARTIR CLANDESTINEMENT VERS TRIPOLI PAR MES PROPRES MOYENS ET DE TRAVAILLER AVEC SI MOKHTAR BEN ATIA POUR CONTACTER LES REVOLUTIONNAIRES DANS TOUTES LES REGIONS. NOUS NOUS SOMMES MIS D’ACCORD POUR QUE LES DOSSIERS SOIENT PRES DES DEMAIN A HUIT HEURES DU SOIR A LA RUE GARNOUTA ET DES LE LENDEMAIN JE SUIS ALLE VOIR LE SECRETAIRE GENERAL PONS ET LUI AI DEMANDE DE ME FOURNIR UN LAISSER PASSER POUR QUE JE SOIS EN SECURITE AINSI QUE MA FAMILLE ET MA VOITURE. IL S’ADRESSA ALORS LE GENERAL GARBI A CE SUJET ET LUI DEMANDA DE ME FOURNIR LE DOCUMENT DE LAISSER PASSER SELON LA DEMANDE DU SECRETAIRE GENERAL. ET QUAND J’AI RENCONTRE SI TAIEB DANS LA RUE GARNOUTA COMME CONVENU IL ETAIT ACCOMPAGNE DE SI ALI ZLITNI ET QUAND JE LUI AVAIS MONTRE LE LAISSER PASSER IL ETAIT JOYEUX JUSQU’AUX LARMES ET M’AVAIS DIT TEXTUELLEMENT « O SI MOHAMED GARDE BIEN CE DOCUMENT NOUS AURONS L’INDEPENDANCE DU PAYS AVEC ». EFFECTIVEMENT, QUAND J’AI VOYAGE AVEC LE FRERE SLITNI DANS LE SUD LE ROLE DE CE DOCUMENT ETAIT FONDAMENTAL CAR A CHAQUE FOIS QUE NOUS LE MONTRONS POUR LES FORCES ARMEES CIVILES OU MILITAIRES NOUS AVIONS DROIT AU SALUT MILITAIRE AVEC LE BRUIT DES PUITS ET LA MAIN AU CHAPEAU, AVEC CA ON ETAIT A L’AISE MOKHTAR BEN ATIA ET MOI QUAND ON SE PROMENAIT ET CONTACTAIT LES REVOLUTIONNAIRES PARTOUT QUE CE SOIT POUR LEUR FOURNIR LA NOURRITURE OU LES ARMES ET MUNITIONS. DANS L’UNE DES OPERATIONS DIFFICILES ET DANS LA REGION DE MEZZOUNA OU IL Y AVAIT UN GROUPE DE MILITAIRES QUI QUAND IL AVAIT VU LA LUMIERE DE NOTRE VOITURE A DIX HEURES DU SOIR IL AVAIT PLACE UN CAMION BARRANT LA ROUTE QUE NOUS AVIONS PERCUTE VIOLEMENT. ET PENDANT QUE J’ETAIS INCONSCIENT A CAUSE DE L’ACCIDENT SI MOKHTAR ETAIT AUX AGUETS ET SORTIT DE MA POCHE LE LAISSER PASSER QU’IL MONTRA A L’OFFICIER DU PELOTON QUI CHANGEA SUBITEMENT SON COMPORTEMENT ET COMMENCA A NOUS RECONFORTER SANS FOUILLER LA VOITURE PLEINE D’ARMES POUR LES MILITANTS. LES SOLDATS M’AVAIENT PRIS VERS L’HOPITAL DE SFAX ET SI MOKHTAR RESTA POUR EVITER LA FOUILLE DE LA VOITURE QU’ON REPARA POUR QU’IL ME REJOIGNE A SFAX. ET LORSQUE LE FRERE TAIEB ETAIT DEPORTE A TATAOUINE IL ME CONTACTA ET ME DEMANDA SI JE POUVAIS ACHETER UNE QUANTITE D’ARMES DE L’UN DES OFFICIERS FRANÇAIS DE BIZERTE ME DISANT QUE DANS CE MOMENT LE PARTI NE POSSEDAIT RIEN ET JE DEVAIS FAIRE MON POSSIBLE POUR CET ACHAT ET JE LUI AI DIT QUE JE N’AVAIS QUE TROIS MILLE ET DEMI POUR PREVENIR LA VENTE DE MA MAISON AUPRES DE LA BANQUE AKARI FONCIER ET IL AVAIT DIT « ACHETE DES ARMES MEME SI TU VEND TA MAISON MEME SI TU HABITE AVEC LES VOISINS » EFFECTIVEMENT NOUS AVIONS ACHETE LES ARMES ET FURENT DISTRIBUES AUX MILITANTS. MAIS EN CE QUI CONCERNE LE CONFLIT DE BEN YOUSSEF PERSONNE NE POUVAIT FAIRE CE QU’AVAIT FAIT TAIEB MHIRI AU PROFIT DU BOURGUIBISME CE QUE JE NE POUVAIS EXPLIQUER ICI ET QUE CA RESTE A UNE AUTRE OCCASION CAR C’EST LONG ET SES ELEMENTS FONDAMENTAUX NE SONT CONNUS QUE PAR LUI ET MOI. ET POUR LA MEMOIRE UNE SUITE. ET QUAND ADVINT L’INDEPENDANCE IL ME CONSULTAIT SUR PLUSIEURS SUJETS IMPORTANTS ET MES CHARGEAIT DE MISSIONS SPECIALES A L’INTERIEUR DU PAYS ET A L’ETRANGER. DE CES MISSIONS IL ME CHARGEA DE COLLECTER DES INFORMATIONS IMPORTANTES DES SES SOURCES OFFICIELLES A CAUSE DE MES RELATIONS ET MES AMITIES PRIVES AVEC DES PERSONNALITES DE LA PRESIDENCE DES MINISTRES DU MINISTERE DE AFFAIRES ETRANGERES ET DU PRTI DU RASSEMBLEMENT POPULAIRE. ET CES INFORMATIONS DANS ENSEMBLE ET A SA TETE CE QUE LES FRANÇAIS COMPTAIENT FAIRE EN ALGERIE ET C’ETAIT DES RENSEIGNEMENTS TRES UTILES QUE JE REMETTAIS AU GOUVERNEMENT PROVISOIRE ALGERIEN QUI DONNAIT A CETTE CONTRIBUTION SA JUSTE VALEUR CE QUI LEUR DEFRICHAIT LE PARCOURS ET REMERCIAIENT SI TAIEB MHIRIPOUR CELA.
Voila la fin d’un petit texte des grandes œuvres reprises par un homme reconnaissant, Si Mongi Oueriemmi, pour un homme pour lequel nous sommes tous reconnaissants et qui participa massivement dans la libération du Maghreb. Une sorte de militantisme que ne serait pas moins important que les autres actes sans les rabaisser, restent sporadiques, sectaires, conjoncturels, ou peut être sincères, pendant que nous sommes devant un homme de haute stature, d’une intelligence sur naturelle et un engagement pour l’autre et pour le pays, incontestable. Un homme d’une grande authenticité, d’une grande capacité d’action sur les situations, d’un parcours hors pair, ne pouvait qu’être brave, jusqu’au bout, malgré les apparences, les instrumentalisations et les occultations. Respect et reconnaissance à Si Mohamed b Amor Msallem, paix à son âme.
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Fawzia Khenissi Allah yarahmou, c'était un grand monsieur!!!!!
RépondreSupprimerLike · Reply · 1 · 4 hrs
Cyrine Ben Attia
Cyrine Ben Attia Allah yarhmou w yna3mou
Allah yarahmou
RépondreSupprimerC'était aussi un excellent grand père.
Il me manque
Olfa Msallem M achallah 3la les MSALLEM: Ils ont fait l histoire de notre pays
RépondreSupprimerJ’aime · Répondre · 1 · 13 h
Pito Pito
Pito Pito Ey wallh ya olfa
Allah yarahmou Baba
RépondreSupprimerAbdallah Ourimi Un grand grand Monsieur.allah yerhmou.
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