mardi 27 mars 2018

Le repos fixe, du guerrier.

Il arrive, quelques fois, à Boughmiga, de rester fixe, coi, béat, comme il se doit, pendant quelques dizaines de minutes, à voir sans regarder, à flotter dans les airs de l’univers et de faire le vide intérieur pour mieux nager libre dans l’immensité des galaxies. Il regardait les nuages bouger, bouger, les ombres se dilater ou se rétrécir et sentait l’horloge biologique danser au rythme de son cœur. Des rayons de soleil transperçaient son corps aquatique, des fourmis s’accrochaient à ses joues et des araignées sortaient gesticulantes de ses cheveux tissant leur toiles jusqu’en bas et atteindre le sol. Faire le vide et voltiger, léger, avec une toute petite portion de perception et un coin minuscule de l’esprit humain, étaient amplement suffisants pour planer au dessus de l’espace et du temps. Au point, à la fin, de se surprendre loin de chez soi, son corps, à visiter les milliers d’années de lumières de mouvements et de tractations, au risque de ne plus pouvoir réintégrer sa carapace insignifiante. Une belle ballade, d’anéantissement du cancan du présent par le néant et l’intensément grand. Une comète, passait, et Boughmiga la prenait en stop, vers d’autres constellations inconnues, cherchant de la vie comme il l’entend, culture oblige, dans la vie. Soudain, les chèvres sauvages des voisins, entrèrent dans la verdure de son jardin, et l’obligèrent à se réveiller net, se ressaisir et défendre son coin de verdure. C’était comme Am Belgacem, qui quand il entrevu un scorpion zigzaguant devant lui, coupa net sa prière et aplatit l’insecte à coup de souliers. Heureusement, Boughmiga, n’avait pas à user de violence et dans un geste de défense, chassa les petits monstres, qui malgré le renouvellement naturel de leur effectif, avaient fait, depuis des décennies, un carnage dans le village. A proposito, Boughmiga avait horreur de l’élévage et pensa toujours que laisser les animaux dans leur nature, leurs milieux et parures, tout en les aidant à mieux s’intégrer, vivre en bonne santé et prospérer, serait plus juste. Ainsi, réveiller par la cavalcade capricorne, Boughmiga, revint sur terre, en tourbillon non stop, en contradiction avec sa fixation intergalactique. Il se mettait au clavier à six heures trente, pour faire cinq parties d’échecs blitz, avec le drapeau Tunisien, qu’il gagnait le plus souvent toutes, pour prendre son petit déjeuner et aller au travail plein d’énergie. Il faut imaginer son fougue et son tempérament sur le lieu quand il faisait en quelques heures ce que les autres faisaient en trois jours au moins. Un décalage, une avance, un manque d’intégration peut être, qui dérangeaient paradoxalement, même l’administration en soi, le système et la médiocrité usuelle. Cette fois, avec un malaise dans les ventilateurs, « poumons », le jeu d’échecs au café n’était plus possible à cause des fumeurs, « liberté oblige » et Boughmiga se rua sur le jeu en ligne du net à jouer avec des partenaires effectifs et pros. Il se laissa engloutir par cette manie pendant quelques jours et négliger les autres activités d’écriture, reportant à chaque fois, la date de reprise l’activité normale. Jusqu’à quelques dizaines de minutes de maintenant quand j’ai enfin trouvé l’équation salvatrice en ne jouant juste pendant les récréations et laissant l’autre temps de travail normal à la scribouille et la provocation. Tout de même, il a fallu apporter un cappuccino du café culturel de Si Mokhtar, à fin de siroter les idées et coudre le temps. Voilà donc, l’escrimeur de palmiers, le chasseur de médiocrité et le cueilleur de bonnes idées humaines, au service de son temps, aussi court soit il, Dieu merci. Lihidheb Mohsen 27.03.18

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