lundi 19 septembre 2016
Portraits et sagesse 62
Béchir Nébhani
Il fallait le faire, militant, rebelle, intelligent, homme de lettre, directeur d'école, partisan de la lutte armée, pére de famille de quatre enfants, partit vers Remada avec un rêve de liberté, un élan de patriotisme et une détermination à utliser touts les moyens pour s'en sortir et participer à la lutte pour l'indépendance. Il l'avait dans les génes, la liberté, les génes de sa femme et ses enfants, qui ne l'avaient pas quitté malgré sa proposition de départ à sa famille pour éviter une éventuelle confrontation. "Qu'on meurt ensemble" avait dit sa femme Mabrouka, dans un élan de solidarité avec son compagnon et ses jeune senfants. Une prémonition prévisible, quand des résistants valeureux tiraient sur la caserne coloniale à partir du toit du domicile de l'école en face. Des escarmouches d'intimidation et des blitzkrieg sporadiques, au point de voir l'armée Française cannarder la zone comme si c'était un retranchement de colonne militaire blindée. Une disproportion incompréhensible, mais qui avait couté la vie à plusieurs résistants dont Si Béchir Nébhani et sa famille. Ils avaient voyagé ensemble, vogué ensemble, rêvé ensemble...de liberté et d'auto détermination, quand ils moururent ensemble, Béchir Nébhani, Mabrouka Bélhiba, les enfants Abdeljlil, Abdelmajid, Azzeddine et la petite Salima...pour que d'autres vivent, dans la quiétude et le bien être. Respect et reconnaissance jusqu'au bout, jusqu'à l'aube, pour les martyrs de la liberté, que Dieu les accepte dans ses paradis.
Journée Béchir Nebhani.
Sur une proposition de l’association du patrimoine de Zarzis, avec la collaboration de la maison de culture, les jeunes du club Zita et la maison de la jeunesse, une journée avait été organisée à la mémoire du martyr et sa famille, liquidés sauvagement lors de la bataille de Remada en mai 1958. L’implication engagée de Mohamed Noureddine Dhouib était décisive pour la réussite de la journée, ce que les activistes de l’association avaient concrétisé. Effectivement, la salle était comble et une très bonne élite d’intellectuels et mordus d’histoire et de savoir, voulaient avoir une idée plus précise sur cet évènement décisif de la lutte pour l’indépendance, surtout de la bouche d’un témoin direct et un peu « neutre ».
Les interventions étaient très riches en informations relatives à cette période mouvementé et Si Béchir Ezzidi avaient bien contournés les conditions de la bataille et les divers évènements en Algérie, le panarabisme et les enjeux politiques internationaux, qui auraient influencé cet acte sanguinaire. Le droit de poursuite avec des bombardements et les barrages autours des casernes des colonisateurs, étaient les éléments de base d’une confrontation directe. Si Ali Myhoub, avait parlé de la constitution de l’armée Tunisienne, qui était très liées à la politique qui comme elle s’en servait pour la défense du territoire, s’en méfiait également. Elle était constituée par des anciens Yousséfistes graciés, des Tunisiens de l’armée Française et des militants recrutés. Paul Nicolas, avait parlé du colonel Mollot à travers le témoignage de sa famille, dans un petit livre qui parlait des péripéties de cette bataille vu du coté Bordj. Docteur Fatma Jrad, au sujet du 24 et 25 mai 1958, un pas vers l’indépendance totale. Elle avait relaté la chronologie des événements, les divers conflits, jusqu’à l’aboutissement à ladite bataille…pour souligner les étapes qui suivirent et aboutir jusqu’au retrait du pays jusqu’à Bizerte. Pendant que plusieurs parlent de la venue des avions de l’Algérie, Dr Fatma, affirme que le renfort aérien était partit de Gabès. Micallef George, en tant qu’ancien instituteur à Remada, collègue et ami du martyr, témoin direct des événements, se présenta pour la première fois devant un public dans cette journée et parla des fais. Il tenait une petite école en face de celle plus grande de Si Béchir et entretenait avec lui de bonnes relations professionnelles et amicales. Après la classe, il allait chaque après midi discuter pédagogie et littérature avec son collègue tout en parlant du temps des lumières et peu de politique. Le 24 mai à 18 heures, un soldat l’invita à rejoindre les familles des sous officiers au Bordj, sous la protection de l’armée, car la situation allait se compliquer. Au passage entre son école et le Bordj, il remarqua avec stupeur Si Béchir encore là avec sa voiture malgré qu’il ait dit aller vers Dhehibat. Il paraissait que touts les habitants de la petite bourgade en face de la caserne avaient quitté vers l’oasis un peu plus loin. Alors à 18 heures 30 il entendit un tir à la mitrailleuse, mais un peu lointain, ce qui affola femmes et enfants autours de lui. A vingt heures un tir d’obus explosa au milieu du Bordj suivi une demi-heure plu tard par deux obus l’un au garde et l’autre à coté. Sporadiquement des tirs de mitrailleuses d’entendait de loin en loin. A l’aube du 25 mai, s’étaient des avions qui intervenaient et sillonnaient le ciel sur un rayon de quarante km en tirant des roquettes sifflantes et assourdissantes. Après un long moment de silence absolu, il alla s’enquérir du sort de son collègue en face, mais il fut arrêter par un soldat à la mitraillette. En insistant, il parvint à accéder sous les débris des bombardements et constata la famille entière qui n’avait pas survécu aux grenades à main de l’armée. Comme le devoir de retenu et silence le retient encore, George n’avait pas décrit si son collègue était armé ou nom et hésita visiblement pour désigner un canon d’une arme indéfini dirigé vers le Bordj. Une affirmation ambigüe, qui déconcerte les deux positions. L’armée prétendait que l’instit était armé, ce qui était infirmé et d’un autre coté un semblant de petit canon pointé vers la caserne…qui reste peu probable.
De son coté, Si Dhaoui Moussa, avait parlé des témoignages de la tradition orale, en citant plusieurs poèmes de célèbres narrations de faits. Toutefois, il insista sur le fait que le leadership était presque absent dans toutes les manifestations sociales et constata les diverses lectures des faits, à chacun son optique, à chacun sa vision auto satisfaite des évènements. Ce qui nécessite une relecture juste de l’histoire contemporaine. De son coté, Si Med Noureddine Dhouib, confirma les interventions qui avaient bien contourné le sujet et s’engagea à faire un mémorial aux martyrs.
Avec un passage respectable de Monsieur le Maire, les débats étaient au niveau des interventions et Messieurs, Abichou, Lihidheb, Msallem, Chaili, Khenissi, Fellah, Zridett, Mme Boubtane,…commentant les interventions et proposant des points de vues divers. Toutefois, le témoignage de George Micallef était fondamental, malgré sa limitation à un niveau de complaisance des deux parties. L’ambiance périphérique était importante à comprendre et les lectures partiales des tribus et des dissidents politiques étaient à retenir afin d’appeler à une plus grande rigueur scientifique dans l’historicisme. A un certain degré de réflexion et de compréhension, se basant arbitrairement sur le machiavélisme des uns et des autres, la création des événements, la gestion des circonstances, l’attaque d’une caserne avec des armes légères, les tirs à partir du toit d’une maison d’innocents civils, le chevauchement du Youssefisme sur une « infrastructure » Bourguibiste, la liquidation peu claire du leader BenJarbou pendant la bataille, le massacre par l’aviation d’un bon nombre militants des deux bords Tunisiens, l’ordre politique ou administratif, qui aurait été sommé au martyr Nebhani de rester sur place, ….toutes une série de questions qui incriminent l’armée coloniale incontestablement et dénonce aussi l’instrumentalisation politique d’enfants innocents, s’il ya leu, paix à leurs âmes.
Lihidheb Mohsen 23.03.19
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