vendredi 30 septembre 2016

Zarzis, havre culturel

Zarzis, havre culturel. Située dans le sud-est Tunisien, juste en face de l’Île de Djerba, Zarzis est une presqu’ile entourée par la mer des cotés nord et est, des lacs salés du coté sud et de la terre ferme du coté ouest. Entre la mer plate de Rsifett, celle houleuse de Souihel, les multiples courants marins et les corridors de vent, le climat y est très agréable et malgré la faible pluviométrie, l’apport de l’humidité ambiante est constant et la différence de température d’avec les villes environnantes va toujours de 5 à 10° de moins en été et autant de plus en hivers. Avec un relief diversifié composé d’un plateau avec une surélévation modeste allant de Gribis, Khaoui el Ghadir, Ziane, Hichem, Chkerbane, Ksar chelba, Zarzis, Ksar Zaouia, Souihel Sangho, Ras marmour, pour mourir lentement dans les marais de Hassi Djerbi et une courbe de soixante quatorze mètres avec la colline la plus haute de Ras Dhahra. Avec le reste de falaises, d’alluvions canyonnaires, de plaines fertiles, d’oasis maritimes, de lacs salés riches en nourritures, de mer poissonneuse… l’homme primitif trouva très tôt les éléments nécessaires à son installation et son évolution tout au tour de cette région, de sécurité et de prospérité. On peut encore constater le passage massif, de l’homme du paléolithique et celui du néolithique à travers les traces laissées sous forme de silex, de brulis, de coquillages, d’écailles d’œufs d’autruche…et reconnaitre leur longue stabilité sur certains sites pendant le néolithique. Comme partout d’ailleurs, c’était le premier choix, celui de l’homme primitif, qui par les raisons de sa fixation, voir l’eau, la sécurité et la nourriture, sur des endroits qui ont toujours été investi, meubler, reconstruit et habité par les nouveaux venus, au point de voir la stratification manifeste des divers passages à travers l’histoire. Sur les ruines punico-romaines de Zarzis, Sidi Bouteffaha, Ziane, Zitha, Mininx…on a pu remarquer les traces des leurs prédécesseurs par des bouts de silex peu taillés et autres. Ce grand mouvement de population, entre l’est et l’ouest, entre le Sahara et la mer…avait aussi drainé des techniques de pêche, de chasse et de défense…ce qui est visible sur les tailles de la pierre, du biface, à la hache, au tranchon, à la lame de silex, à la pointe de flèche, au microlithe, au brulis, à la poterie, à la poterie ornée, à la monnaie, aux constructions, à la chaussée Romaine et celle reliant à Sabrata par le détroit de Alouane…pour verser enfin dans l’inter communication entre les expériences techniques des peuples et les diverses conceptions théocratiques de la région. Après les croyances animistes, les rituels puniques, inhumation dans les jarres sur les ilots d’Ejdaria et sur la colline de Ras Dahra, puis les Romains avec leur rationnel juridique, foncièrement guerriers et une chrétienneté durant sept siècles, l’islam, même s’il n’avait pas laissé de constructions importantes, avait investi culturellement et conceptuellement la région qui resta depuis, dans une constance stoïque et un équilibre régulateur mais malheureusement sans traces apparentes. Bien sur, on ne peut que confirmer l’assimilation des apports arabes et musulmans, au point d’intégrer leurs valeurs dans le quotidien et en faire, avec la sagesse locale, une éthique sociale humaine et active. C’était toujours cette éthique qui avait permis des approches justes vis-à-vis des événements du parcours social. Cette éthique sociale, acquise par le cumul expérimental et culturel de la population locale, initialement Amazigh avec un mélange de mobilité humaine massive de la Mauritanie au Yémen, avait aussi reçu l’apport des cabotages commerciaux des Carthaginois, leur installation et celle des Romains, ainsi que l’ouverture assimilatrice et positive avec l’avènement de l’Islam en tant que religion et culture, puis les hilaliens dévastateurs et promoteurs de langue et d’imaginaire, puis les andalous avec leurs techniques d’artisans, les ottomans et leur gestion statique, le colonialisme français avec sa modernisation conditionnelle…. Des intervenants dans le profil de la civilisation humaine, qui avaient directement affecté la diversité culturelle de Zarzis et sa région. On peut toujours évaluer une société par le rôle de la femme et la marge permise à son libre arbitre et ses activités, une condition qui était, le moins que l’on puisse dire, acceptable si elle n’était pas agréable. Pendant que les hommes faisaient la mer, le labour, la moisson et le pâturage, la femme en parallèle s’occupait de l’oasis, la maison, les provisions, la tapisserie en laine et en tiges de palmiers et de sorgho, ainsi que les menu travaux ménagers. Puisqu’elle endurait aussi l’absence de l’homme pendant les mois des expéditions saisonnières pour la pêche aux éponges aux Îles Kerkennah et en contre partie de ces efforts, elle avait son espace relatif de liberté, entre les femmes, dans une sorte de relations de solidarité, conviviale, festive et diversifiée sur toutes les manifestations de la vie dans un village oasis. Un partage de zones de «chasse » ou de mouvement, pour ne pas dire une ségrégation, qui assurait la joie de vivre aux uns et aux autres sans entrer dans les séquençages sérieux et contrariants. Comme partout d’ailleurs, la libération des noirs était très importants malgré qu’elle fût restée souvent fictive, tant les anciens esclaves étaient intégrés et appartenaient affectivement aux familles de Zarzis. Il n’était pas le cas comme dans certains pays où leur libération était destinée en premier lieu à alimenter l’industrie d’une autre région en main d’œuvre bon marché et robuste. Ils vivaient une intégration participative, dans une forme d’adoption au point de constater une sorte de filiation nominative lors de l’inscription de certains libérés dans le registre de l’état civil. On trouve encore, sans la moindre vexation, des concitoyens noirs portant le nom familial de l’ancienne famille d’adoption pour ne pas dire autre chose et exagérer l’équité relative des rapports. Certains d’entre eux, étaient reconnaissable de quel origine ils venaient et ce, selon l’intensité de la couleur de leur peau, comme ceux du Soudan, d’autres du Niger et du Mali et certains du Ghana, reconnaissable par l’anatomie des femmes dans la baie des esclaves. Une diversité culturelle, venu du fin fond de l’Afrique pour s’intégrer, se réaliser, acquérir et conquérir une liberté légitime par la volonté au travail, l’abnégation et l’auto détermination. D’ailleurs, se permettant de comparer les groupes de noirs des régions de Djerba, Médenine, Bengardane…avec ceux de Zarzis, on peut nettement constater comment ces derniers avaient profité d’une certaine quiétude sociale pour en faire un tremplin vers la réussite, le succès et la scolarisation. Une grande proportion démesurée des intellectuels de Zarzis, sont des gens de couleur et le taux comparatif des chances est royalement en leur faveur. Il faut reconnaitre que si certains avaient composé en politique avec les colons, nos amis noirs avaient offert leurs services en matière cuisine et de taches de vie normale, ce qui avait directement encouragé la scolarisation des enfants et faire de l’éducation la principale issue pour l’émancipation. Depuis la construction du Bordj de Zarzis et l’expansion du noyau urbain meublé dés le début par quelques habitants, une petite auberge gérée par un grec ou un maltais, certains pionniers des diverses hégémonies, légitimes ou non, se fixèrent. Les juifs, déjà sur le l’Île de Djerba depuis des millénaires et présents sporadiquement dans toute la région depuis la grande syrte jusqu’à l’intérieur des terres et favorisés par leur exode de l’Andalousie, s’installèrent progressivement avec le développement de l’exploitation de la mer et la diversité des transactions dans les souks de Zarzis et de Mouensa. C’était ce dernier qui draina le plus de gens et de commerçants qui venaient de Djerba, dans la même journée, pour écouler leurs marchandises, dattes, pommes…et s’approvisionner en huile, laine et poisson séché. Avec un cartier important dans la ville et le Ksar Mouensa, les juifs se sont installés aussi à Bengardane, Médenine et Tataouine, dans une société relativement fermée avec quelques synagogues et des écoles rabbiniques. Avec un apport considérable en savoir faire artisan, fort nécessaire pour compléter la qualité des activités locales, ils assurèrent, la menuiserie, le traitement du métal, la maçonnerie, l’orfèvrerie, les finances qui facilitaient les travaux paysans et marins contre des usures extravagantes. Ainsi que lors de la stabilité et l’harmonie sociale, des sorties s’effectuaient porte à porte, ou gourbi à gourbi, dans une population acquise foncièrement à la cause Palestinienne, pour nettoyer le cuivre des marmites familiales avec de l’acide. Comme pour les autres minorités, ainsi que la femme si on veut, il y avait le départage des tâches et l’affectation des uns et des autres à prendre en charge naturellement certains services, selon leur affinités et leur prédisposition mentale et physique. Une cohabitation pratiquement réussie avec les concitoyens Juifs, nettement favorisés par les colons et paradoxalement, respectables par leur fragilité sociale dans une société tribale et conservatrice. Ce n’était que lors des rixes entre Arabes et Sionistes, ou l’excès des usuriers à contraindre les pauvres, que la situation se dégénérait subitement. Juste après l’indépendance de la Tunisie, les juifs de Zarzis, avaient leur petite bourgeoisie, leur commerce fructueux et certaines participations à la Mairie et la chose publique. Bien sur, on peut dire, que même l’animosité théologique, reste toujours du domaine du théorique et du fictif, les raisons du départ de certains d’entre eux, étaient pour des raisons extra locales et des enjeux internationaux malencontreux. Grâce à cette paix sociale et cette éthique acquise, la cohabitation était parfaite pendant deux siècles au moins et seuls les dépassements des usuriers, avaient engendré un acte isolé de soit disant sauvetage des pauvres paysans créditeurs. Rien ne peut justifier la violence et Zarzis peut être fière de son absence. Normalement, on ne peut parler de Zarzis, du Akkari, sans le bruit des flots, le clapotement des vagues le frétillement des bandes de ouzef, une sorte de petit poissons poussés par les éclairs ou le thon vers les plages et que les gens attendaient pour en faire le caviar des pauvres, et desservi jusqu’au Sahara. D’ailleurs ils exportaient des poulpes et des poissons séchés et de l’huile d’olive jusqu’au Caire et Benghazi. Armés d’une technique de pêche côtière et de jardinage, acquis par les ancêtres sur le littoral de l’atlantique Saharien, ils étaient aussi perméables aux nouvelles façons d’exploiter l’environnement et acquirent des grecs, des maltais et des italiens, le repérage des éponges, leur moisson et leur traitement. En équilibre étonnant au dessus de l’année, ils s’activaient simultanément sur le labour, la pêche, la moisson, les mariages, le sorgho, l’oasis, les éponges, les palmiers, les olives, le pâturage, la contrebande avec la Lybie en sucre et thé… ils avaient toujours une activité en cours et surfaient allégrement sur les faits et péripéties. Le créneau inespéré de la pêche aux éponges, un produit noble autrefois, avait engendré un troc géant de conversion des prairies de fond de mer, en grandes plantations de pieds d’oliviers, dans un circuit de sortie fermée pour la pêche autours de Sfax, la vente du produit, l’achat de plant d’olivier, le passage dans les champs pour le planter et ne rentrer au village qu’après nécessaire fait et reprendre le mouvement la saison prochaine. Un succès éclatant, qui poussa les féodaux et traditionnels de terrains et de bétails, à investir dans le domaine de la mer et acheter des embarcations de plus en plus grandes et affréter les expéditions. Pour expliciter le rôle de la mer dans cette approche d’éthique sociale, par cette navette entre Zarzis et la petite Syrte et le Sahel, les marins ramenaient au village, des moyens de production, des ustensiles, des outils en fer, des charrues…et surtout des idées politiques au sujet de la résistance pour l’indépendance et les corporations syndicales. Ils avaient aussi, en parallèle avec une contrebande utilitaire et peu grave avec Tripoli, véhiculé clandestinement des militants et des armes, dont ceux pour l’indépendance de l’Algérie ainsi que des leaders destouriens. La mer, était un véritable, allié, un horizon d’espérance, une source de survie et un complément à l’éthique locale, qu’il avait consolidé et confirmé dans toutes les occasions. Comme partout, le protectorat ou le protectionnisme unilatéral et exclusif de la France, s’installa en Tunisie et parvint à dos de canonnier marin, à convaincre les Akkara à se rendre, comme le furent ceux de Djerba, Gabés, Sfax et Tunis. Faute de maquis, de montagne, de forêt dense, la population n’avait où aller et dut composer avec dignité à ce dictat venant de la mer. La région n’était pas indemne des attaques et razzias des tributs venant de Libye et un équilibre de dictats, était intrinsèquement plausible. D’ailleurs, Zarzis était l’endroit choisi par les colons pour s’établir et permirent une scolarisation importante pour les garçons et les filles, assistèrent au développement de l’oliveraie, affirmèrent une monoculture politique pour le contrôle des mouvements humains, prélevèrent arbitrairement de grandes plantations d’oliviers, canalisèrent la modernisation et la mécanisation mondiale sur certains secteurs acquis aux colons, fixèrent la population sur le consumérisme et la polarisation sur l’occident… sans toutefois, parvenir à percer l’étanchéité de l’éthique sociale qui résista durablement à cette hégémonie et lutta par touts les moyens pour l’indépendance. Une résistance foncière et catégorique, qui malgré son éblouissement par la culture universelle et son adoption en quelques sortes, avait lutté organiquement pour sauver son identité, sa culture et sa foi. Une sorte de relation, qui n’était pas forcément de l’hypocrisie ou de la haine, mais une relation de refus indiscutable, requérant la nécessité de composer dans certains sujets de vie quotidienne. Il faut reconnaitre que l’éducation, au début, était particulièrement pour instruire tout une génération de notables capables d’assister le fonctionnement du protectorat, mais à la longue on avait vu plus grand et pensa à tort que toute éducation francophone serait le bienvenu. Comme l’avait écrit un agent des renseignements du bureau arabe dans les archives de la bibliothèque de Zarzis, « Après tout, on n’était pas venu pour civiliser ce pays… ». Voyant plus grand, on peut dire que cette période, subie, était géré convenablement par la sagesse locale et c’est toujours elle qui prévaut dans toutes les épreuves. Du coté des classes sociales, on ne pouvait parler de stratification de la population où la différence susceptible de départager était presque nulle entre riches et pauvres, entre lettrés et analphabète, entre les forts et les faibles, entre les malins et les crédules…pendant que cette marge faussement imputée à l’identité, était manifeste entre les citadin et les ruraux, entre les régions, lors des élections se basant sur les tribus et les ethnies, lors des matchs de foot entre les villes ou l’exploitation des terres collectives. Des démons de disparité qui n’arrivaient jamais à constituer des foyens de tension sérieux. Donc, cette maturité sociale acquise, nous permettrait de voir les pauvres et les riches, les instituteurs et les paysans…vivre ensemble, sans le moindre préjugé ou une quelconque référence à l’appartenance. Depuis l’indépendance, une étrange canalisation de la main d’œuvre locale, vers la France, était claire et des milliers de paysans, de maçons, d’ouvriers, de fellahs, d’hommes de main…émigrèrent en laissant leurs charrues, leurs marteaux et leur savoir faire….par terre, laissant une faille dans la série des relèves sociales et la corrélation des générations. Il faut reconnaitre que l’émigration écologique avait fait son effet normal et dans des proportions acceptables, quand certains s’installèrent à la capitale Tunis pour faire des services de restauration et autres et surtout constituer un tremplin aux affluents vers l’Europe, dans une course de relaye vers le bien être. Un brassage entre les peuples, qui ne cibla que les personnes à la culture modeste et aux objectifs purement matérielles au point de voir un résultat contre productif, quand seuls le consumérisme, la fixation des capitaux dans les constructions, le manque d’éducation des enfants, la ghettoïsation culturelle et sociale…eurent lieu. Dans ces moments, on s’attendait au transfert de technologie, de techniques de production, échange de grains fertiles à haut rendement….mais on a vite déchanté, submergé par la mentalité unanimiste et stoïque du pays émetteur d’émigrés. Ce n’était que quand les émigrés, dans un élan d’imitation de l’autre et de compétition sociale, avaient amené dans le pays des tracteurs agricoles et participèrent au développement de l’agriculture et l’extension des espaces et des zones agricoles. Paradoxalement, l’attitude des émigrés en France spécialement, était une sorte de mini enfermement en bulle culturelle, comme celle de l’expérience coloniale en plus grande échelle. Une relation avec l’autre, restée superficielle et utilitaire, sans grands efforts pour le rapprochement entre les peuples ni une nécessité urgente, tant que chacun était bien dans la peau de sa carapace. Avec plus de souffrance et de faiblesse des salaires, un grand nombre d’ouvriers venait de l’intérieur et participait à l’essor urbanistique et agricole de Zarzis, et sont convenablement accueillis et respectés, malgré leurs habitations modestes en groupe de personnes et à moindre coût. Pendant les cueillettes des olives, ils sont des milliers, en familles, en groupes nombreux, s’installaient autours de Zarzis dans leurs tentes en toile et offraient leurs services à la tâche ou à la quantité de production. Plusieurs des concitoyens du centre ouest, en vivaient et certains jeunes que l’on rencontrait dans les séminaires et les grandes manifestations ou administrations du nord, confirmaient fièrement avoir travaillé à Zarzis et furent bien traités. Encore une fois, la communication humaine, prévaut dans la région et seul le travail et la consécration, départagent les uns des autres. Pendant la ruée vers le nord et le flux d’émigrés clandestins vers Lampedusa, Zarzis, avait les facilités conjoncturelles et l’absence de sécurité, la disponibilité des bateaux, le savoir faire humain pour le passage et traversée de la mer, les candidats de la région et d’ailleurs….et ne suffisaient que quelques hors la loi, disponibles comme partout, pour faire la jonction et assurer ces navettes miraculeuses. Une émigration clandestine, une ruée écologique et naturelle pour les milliers de jeunes affamés avec leurs familles dans la sécheresse africaine, que personne ne pouvait contenir ou dissuader, si ce n’étaient les gestes humains des braves pêcheurs de Zarzis, qui laissaient leurs filets pour porter secours aux émigrés clandestins en difficulté dans la mer. Il faudrait tout de même reconnaitre, que l’émigration avait beaucoup soutenu l’économie Tunisienne et surtout quand il fallait soutenir la femme au pays, les enfants, les parents, la construction, l’achat d’oliviers, le rapatriement des relatifs…ce qui engendrait à certains moments de envois massifs d’argent par la poste au pays et Zarzis, avec Tataouine étaient les ciblés par les mandats à cause du nombre de la main d’œuvre à l’étranger. Tout de suite après l’indépendance, comme sur l’Île de Djerba, des unités touristiques virent le jour pour des services offrant les plages, le soleil et un peu le désert. Un domaine traditionnellement peu connu, seules des excursions en voitures deux chevaux traversaient chaque année l’oasis pour atterrir et bivouaquer sur la plage. Encore une fois, comme pour l’émigration, le tourisme fut sélectif et peu intéressé à la société et vice versa, dans une sorte de système ghetto, de plus en plus confirmé par le schisme culturel latent. D’un autre plan, ces unités avaient fait un boom économique important employant des centaines de milliers et autant indirectement, dans une industrie fragile et instable, mais propre, rentable et naturelle. Malgré le fait que ces unités n’avaient pas affecté favorablement leur milieu immédiat, en s’approvisionnant principalement de la capitale, privant la région d’un essor manufacturier et agricole important, il y avait aussi, une émancipation générale obligeant certains partenaires à parler les langues, composer avec l’autre, le connaitre et quelques fois, émigrer et constituer des foyers mixtes. Devant ce domaine où le profit était relativement facile et disponible, plusieurs cas de rupture scolaire et autres eurent lieu, sans une très grande importance. Bien sur, devant l’accueil naturel et spontané des habitants de Zarzis, les touristes, les Libyens, les refugiés, les guerriers des deux cotés fuyants la violence, furent bien accueillis et entretenus malgré les moyens faibles et la pauvreté prédominante. Une confirmation solennelle de l’hospitalité locale et la sagesse commune de cet oasis de paix et de tolérance. De ces contacts, de ces expériences, de ces cohabitations diverses, de ces péripéties différentes… un cumul qualitatif s’était imprégné dans la conscience collective, dans l’éthique locale et dans la sagesse commune. Ainsi, Zarzis, une sorte d’arc en ciel de cultures, multicolores, rafraichissantes et humaines, qui s’était aussi démontrée dans chaque épreuve sociale et chaque problème à traiter. Les noirs, les juifs, les étrangers et les arrivants furent très bien traité, le colonialisme et l’hégémonie étrangère furent bien contenue et exploitée, les diverses dictatures furent bien ignorés, la révolution du peuple fut responsable et chaque entité politique fit son parcours et s’essouffla jusqu’au bout de ses possiblités pour laisser la pace à la sagesse et la tempérance, les conflits sur les frontières et l’afflux des réfugiés furent bien accueillis et humainement traités, l’attitude collective vis-à-vis des conflits sur les terres collectives fut raisonnable, les effets du colonialisme et du tourisme furent acculés dans des poches réservées, l’unanimité vis-à-vis des tentatives de déstabilisation sociale fut générale et contre toute aventure irresponsable…une série d’épreuves, d’examens…que la société locale, l’éthique de sagesse, avait réussi, pendant que tout le reste, choit, glisse, dégringole…piteusement. En Tunisie et particulièrement à Zarzis, depuis des décennies, seule la société avait compris, avait réussi et réussira par les qualités d’humilité de sa conscience collective et la diversité de sa culture. Lihidheb Mohsen Zarzis, 2016

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