vendredi 5 décembre 2014

El Ketf, la langue silencieuse.

C’était l’isthme sud contournant le lac d’El Bibane, une langue de terre longue de vingt cinq kilomètres et large de sept cents mètres en moyenne, que j’ai visité cette fois, pour la cinquième fois sur vingt années de passion avec la mer et la nature. Bien sur, chaque sortie était différente, à cause de ma propre évolution dans le constat et la valorisation des milieux naturels et historiques. C’est une dorsale linéaire, rocailleuse, à très faible végétation, ne comportant que quelques cabanes de pêcheurs et de bergers de plus en plus rares à cause de la sécheresse et le manque d’eau et de végétation, qui reste encore, de part sa situation géographique en poche isolée, sa propriété tribale collective et sa proximité de la frontière Libyenne, une zone sauvage, sauvegardée par l’absence d’activités humaines. A part les arbustes semi désertiques, il n y a presque plus d’herbes à cause du surpâturage dans ce milieu naturellement pauvre et il en va progressivement de même dans le lac et dans la mer, à cause de la surpêche et le piratage destructeur des chalutiers contrevenants. Après avoir parcouru une soixantaine de kilomètres, j’y suis parvenu avec le levé du soleil, pour découvrir pour la première fois, juste devant le port de pêche du même nom, un vestige romain à la portée des vagues de la haute marée, comportant une bassine à un mètre de hauteur pour le séchage du poisson et plusieurs traces de constructions tout autour, sur la terre pleine. Visiblement, c’était une station de salaison Punico-Romaine, à deux kilomètres à vol d’oiseau du site amphibie de Zoukhis, El Mdeyna à la pointe sud de Lac El Bibane. Principalement, ma sortie cette fois, avait plutôt, une tendance humanitaire, de constat et de compassion, surtout après l’accident tragique survenu à plusieurs émigrés clandestins, en majorité des Syriens, échoués au large d’El Ketf, et rejetés par la mer sur les plages de cet isthme… Je n’ai pas trouvé grands choses, à part quelques chaussures et un document personnel appartenant à l’un des naufragés, qui m’a laissé perplexe devant l’attitude à entreprendre. Informer ou ne point informer les relatifs des victimes, de leur infortune, est une équation difficile et un déchirement entre le comportement légal, moral et éthique…qui reste à trancher. Toutefois, j’ai toujours le réconfort du faux sentiment du devoir accompli, à travers mes protestations médiatiques et artistiques que je vulgarise ça et là, ainsi que mes participations aux manifestations de sensibilisation aux dangers de la « Harga », dans les écoles, les séminaires et les associations humanitaires quand l’occasion m’en est donnée. J’ai fait presque la moitié du bras de terre, en négligeant les cotes rocailleuse que je ne peux plus aborder à cause des risques d’accidents, surtout que cette fois, juste au début, en sautant d’un rocher à un autre, j’ai failli tomber dans une crevasse de trois mètres, quand j’ai retenu le bout de mon pantalon de mon pied qui devait sauter…sous l’autre pied tremplin et ce n’était que grâce à la déchirure du tissu du pantalon que mon saut à été libéré et effectué. Ouf, c’était juste, car une chute la tête première dans un lieu aussi isolé et inhospitalier, aurait été fatale. La cote est constituée d’une vingtaine de petites baies ensablées, dont certaines sont utilisées pour abriter les petites barques des pêcheurs pauvres. J’ai continué donc sans démesure et avec mon sac de toile, il y avait aussi une bouteille d’eau et un bâton de berger, surtout quand je faisais en retour vers la voiture, la prospection du sol mitoyen et les risques des vipères et des chiens sauvages étaient réels. La nature historique de la région est complète, allant du paléolithique jusqu’au Romain, avec une absence manifeste du néolithique. A même la plage, les vagues avaient aussi découvert les dunes, pour montrer les restes de constructions et installations utilitaires anciennes, dont l’un, avait été aveuglé bêtement par le dépôt de déchets urbains, de poterie moderne et de bris de verres….on ne pouvait pas faire mieux pour défigurer une station historique. La journée était relativement froide et le ciel couvert de nuages, ce qui ne facilitait pas mes recherches de silex par l’absence de la réflexion de la lumière sur les lames lisses. Entre temps, j’ai entrevu un troupeau de moutons, sans berger, en train de se diriger vers le sud, en broutant les rares bougeons des buissons. Un âne dont les pieds étaient liés par des cordes afin de limiter ses déplacements, m’avait surpris par ses braiements, dressant ses longues oreilles devant cet intrus, qui ne cadre pas avec le mouvement habituel des humains dans cet endroit. J’ai déjeuné en marchant, mâchant du pain et du fromage, mais vers une heure et de demi de l’après midi, j’ai senti le besoin d’une petite sieste, qui prit une bonne heure, dans la voiture, les pieds sur le tableau de bord, sous les bruits du vent et des vagues et ne fut réveiller que par mes renflements de quiétude et d’acceptation. C’était le début de décembre et je portais encore des manches courtes, car la pluie et le froid, se font encore attendre avec des après midi trop courts rapprochant rapidement le soleil vers la colline. Soudain j’ai entendu des cris à très haute voix « Hay hay hay…Yahoh Yahoh Yahoh…Héhéhéhéhéhéhé…Youyouyouyouyou…Lalalalalalalalalalay…Drrrrrrrrrrrrrrr…. », et vu sur la colline, un homme sur une ânesse suivi par son petit trottinant à quelques mètres en arrière… Le berger, tout en criant, gesticulait avec un long bâton dans la main pendant qu’il tenait la bride de l’animal de l’autre. Il était à trois cents mètres de moi au moins et criait très fort sans discontinuer et je compris qu’il pressait le troupeau, qui avait fait trois heures de broutage vers le sud, de reprendre la direction du nord et revenir à l’étable et il lui suffisait de les diriger pour que les bêtes continuent toutes seules le reste du parcours. Plus loin, vers le nord, où je me suis déplacé avec la voiture pour longer la cote toujours parallèle à la colline, le berger m’avait encore rattrapé, sur sa monture et son petit, à zigzaguer sur le sommet en silhouettes pittoresques qui quelques fois se réduisaient derrière la dorsale… Pendant un bon moment, j’ai observé ce spectacle grandiose, où, l’homme, la bête, la nature et sa morphologie, font et refont les mouvements de la vie…et peut être de leur coté, comme je les ai vu, ils m’auraient aussi considéré d’un autre angle, le leur, en intrus, forcément moins glorieux et encore moins intégré dans cet environnement naturel. Le soleil déclinait rapidement et la fatigue me prenait aussi, car une journée entière de marche passionnée pour un homme de soixante ans, est une épreuve et une grande satisfaction. Pour rentrer j’ai eu l’idée de couper par un raccourci, du coté du site d’El Mdayna, et entrevu de loin une voiture qui montait à travers la colline et accéléré pour la rattraper. Il faut bien avoir un repère car il m’est déjà arrivé un ensablement dans cette région et il a fallut que mes collègues de travail de Bengardane organisent une expédition à ma rescousse. La route de l’autre coté de la colline était très ensablée mais la descente facilitait le passage sans problèmes. La voiture légère avait disparu dans la nature, mais juste avant le lac salé entourant El Mdayna, j’ai dépassé un camion frigo à l’arrêt et me suis arrêté pour attendre un accompagnement ou un renseignement au moins. Il n y avait personne autours de la voiture et quand j’ai considéré le passage seul, j’ai vu que l’eau submergeait la lagune et hésita à plusieurs reprises à longer la colline de son intérieur. Assez loin, j’ai vu la hutte d’un berger et quelques branchage et entre celle-ci et la voiture, j’ai vu une ombre qui se déplaçait voir la voiture frigo en arrêt. C’était un vieux, au visage tanné par le soleil et la dureté de la vie, qui me confirma l’absence de route sèche et m’invita de le suivre à travers l’immense surface d’eau…ce que j’ai décliné sagement. Admiratif, reconnaissant et légèrement anxieux, devant la bravoure de cet homme et ses semblables, qui se battent au jour le jour contre la nature et les conjonctures pour survivre, en contournant les lois, les eaux et obstacles, je dus revenir pour escalader la route ensablé de la colline en mettant à fond la musique de la voiture et redécouvrir enfin la mer, immense, indifférente, sournoise… Juste au point de mon arrivée le matin sur El Ketf, prés du Port, j’ai entrevu un berger que j’ai interpellé croyant que c’était Amor, celui que je connaissais il ya quelques années. Après les salutations usuelles, il m’informa de l’infortune de mon ami, qui suite à une morsure de vipère, est resté quelques mois au lit entre la vie et la mort, et de ce fait changea de pâturage dans un endroit plus clément et moins sauvage. Vipère… !!! Et moi qui trainait aveuglement entre les buissons, insouciant et confiant… mais je sais que la Baraka des « Ness Mlehh » est avec moi et les bêtes respectent Boughmiga le « Fakir » en Dieu, et il le leur rend bien, sage, sincère et respectueux. Lihidheb Mohsen Eco artiste Zarzis 03.12.2014

samedi 8 novembre 2014

Ogla Zarzis

Juste au tiers nord de l'oasis maritime de Souihel, un littoral de douze kilomètres encastré en longueur parallèle par la mer du coté Est et la colline de 45 mètres du coté Ouest...si situe Ogla, une continuité de maisons rurales entre les palmiers rescapés, une dénomination purement géographique qui veut dire la cachette en arabe...et que l'on peut trouver dans plusieurs endroits. Cette colline rocailleuse, avait aussi cueilli l'homme préhistorique dans les quelques grottes naturelles, surtout au niveau de l'embouchure du canyon Saguit Sola. L'endroit était inhospitalier même pour les romains qui préféraient les mers calmes pour leurs embarcations à fonds plats, car la mer de Souihel est houleuse et comporte plusieurs courants marins curieusement en continuité et en adéquation thermique avec les Oueds. Bien sur, Boughmiga, avait parcouru les espaces et les sites de Lella Meriem, Hinchir Kalakh, Sguit Sola, Hichir Rawan, constituent une périphérie historique assez importante. Mais dernièrement lors d'un chantier d'excavation de canalisations, un tunnel creusé de mains d'hommes était découvert sous la route à Morhal Hbit, juste au pic de la colline-falaise...et comme toujours les associatifs du patrimoine et moi, sommes arrivés trop tard car l'entrepreneur qui craignait le retardement de ses travaux, avait tout enseveli, sans même prendre de photos. Habitué à ces attitudes peu civique, j'ai demandé des compléments d'informations à un brave homme de l'endroit, qui avait confirmé sa connaissance depuis longtemps de l'existence de ses couloirs souterrains. D’après lui, à droite et à gauche de la route qui descend de la colline vers la mer, il y avait deux grottes préhistoriques, à partir desquelles, partent deux passages souterrains vers le plateau pour se rencontrer en forme de Y, à une cinquantaine de mètres et continuer en un seul couloir sous terrain vers on ne sait où. Le Brave homme déclare qu'il y avait sur la grotte de gauche des traces de fours, de brulis, et des traces de constructions anciennes, effacés par les constructions abusives et illégales. Toutefois, il se félicite du fait que l'endroit par où passe l'un des couloirs, a été acquis pour la construction d'une mosquée, et il y a encore des chances de le répertorier officiellement. Encore un témoignage majeur du passage, de l'homme primitif, ingénieux, prudent et visionnaire, par le village même de Boughmiga cette fois. Lihidheb Mohsen

mercredi 8 octobre 2014

Souitir Day.

Sorti assez tôt de mon oasis maritime, vers la ville de Zarzis, j’ai décidé en dernier lieu de la direction à prendre, comme d’habitude, laissant à la providence, le hasard, l’instinct, le « feeling », le soin de faire les choses. Entre mes cibles potentielles… Lemsa, Ejdaria, Bengardane, Choucha, Bogra, Hassi Amor, Médenine, Rsifett, Boughrara, Djerba, j’hésitais chaque fois, et s’il n y avait pas un argument majeur en faveur de l’une des destinations, je comptais jusqu’à dix sept en grenelle les noms pour aboutir à un endroit, vers lequel je me dirige aussitôt. C’était Hassi amor, qui était honoré à cause du jour de marché, la solidarité citoyenne avec ces gens, le commerce équitable et la possibilité de faire des détours vers des sites préhistoriques. Juste avant d’y arriver, j’ai pris en stop, un vieillard marchant difficilement avec sa canne en bois d’olivier, qui, dés qu’il s’est installé, m’avait tendu une pièce de cinq dinars pour son transport, mais sans m’offusquè, je lui ai fait comprendre que c’est gratuit et j’ai fait ce geste des centaines de fois, avec plaisir et solidarité humaine. Avec la discussion, il s’est avéré que nous nous connaissons, et je l’avais abordé dans son cottage, lors d’une de mes vagabondages dans les « no mens land ». En effet, pour un quatrième jour de l’Aïd du sacrifice, il y avait peu de gens au souk de Hassi Amor et très peu de vendeurs et encore moins d’étalages à même le sol de légumes frais du producteur au consommateur. Même l’honorable Dame, une sorte de « fakir » local, aux habits traditionnels multicolores, que j’observais depuis une année, s’arrêtant pour embrasser les femmes en leur prodiguant des conseils pleins de sagesse et de baraka…et remerciant les vendeurs qui refusaient de prendre l’argent pour ses achats modestes…m’avait manqué et son absence était aussi grande que ma déception que j’ai fini par comprendre. J’ai tout de même fait quelques acquisitions, dont certaines n’étaient pas nécessaires, mais juste pour dépenser une partie de mes maigres possibilités financières chez les ruraux…oignons, pommes de terre, piment vert, raisins, potiron, grenades…et quand un billet est resté dans ma main, je suis allé chez les vendeuses de poules et pris tout ce qu’une femme avait en œufs du terroir comme disent les citadins. J’ai aussi des poules à la maison, mais je ne sais jamais où elles mettent leurs « ovaires » et ne faisais que les nourrir pour le devoir de coexistence et d’empathie. Il était encore tôt et en arrivant au village de Souitir, j’ai viré à gauche pour pénétrer dans les terres rocailleuses pour finir une prospection globale déjà entamée. Juste aux limites du petit village de cultivateurs et pasteurs paisibles, j’ai arrêté la voiture, pour constaté un monticule de terre, qui s’est avéré historique, avec quelques silex, deux tessons décorés, deux petites meules, un broyons, de grosses briques en cendres comme celles de Nebch Eddhib. Vue la proximité des maisons, le site n’a pas été fouillé et parait assez important et comme je m’y attendais, deux jeunes gaillards visiblement en colère et légèrement menaçant, sont venus à moi, m’interpellant sèchement de loin, mais devant ma diplomatie, ma sincérité et la cohérence de ma démarche écolo artistico humano historiciste, j’ai parvenu à leur faire comprendre mon activité bénévole de constat, de valorisation et de mise en relief de notre patrimoine. A la fin, on est devenu presque amis, et l’un d’entre eux, avait même trouvé un silex qu’il m’avait tendu gentiment. Je leur ai aussi promis de faire cet article en leur donnant l’adresse électronique de mon blog réservé au patrimoine. Hourra, vivent la limpidité comportementale et la crédibilité humaine. Encore plus loin, je me suis arrêté pour voir trois collines, mais il n y avait pas de traces importantes et j’ai continué vers l’intérieur des terres sur une route sablonneuse longue d’une quinzaine de kilomètres qui traverse des oueds et des monticules. Voulant sortir de l’autre coté vers Hinchir Ghrabatt, mais la route était barrée par une grosse dune de sable et je ne pouvais pas risquer un enlisement très probable, surtout avec une chaleur torride de plus en plus suffocante. Je suis donc revenu pour l’oued Bouhamed que j’ai longé d’un autre angle au nord ouest. Avec une bouteille d’eau dans mon sac postal, un gros bâton dans la main et mon grand chapeau Djerbien sur la tête, je me suis éloigné de la voiture sérieusement malgré la chaleur qui augmentait sous le souffle d’un sirocco tardif. Les trouvailles étaient intéressantes et démontraient bien le passage de l’homme primitif au paléolithique il y a une quinzaine de milliers d’années au moins et les silex trouvés étaient moyennement travaillés en lames, lamelles, burins, pointes, grattoirs….ainsi que quelques bifaces au stade primaire de shopers. Je ne supportais plus la chaleur et la sueur et devait de temps en temps bouger plus vite pour cueilleur un tant soit peu de l’air crée par la vélocité du corps…mais je suis toujours tenté par un détour, un contournement d’une dune, le repérage de brulis, la prospection des petites pentes qui auraient servi à se protéger du vent…. J’ai donc réalisé les limites de mon endurance et que je ne pouvais continuer, pourtant, en revenant vers la voiture assez lointaine, je ne m’empêchais de serpenter étroitement sur cent mètres au moins la distance à parcourir encore. C’est alors que la pièce m’est apparue, enfouit dans le sable et seule une petite partie dorsale brillait au soleil brulant et avant de la déterrer, j’ai pris soins de la photographier, car je sentais qu’elle était très importante, ce qui a été confirmer, car c’était un assez long poignard très bien travaillé, de 75 mm, un chef d’œuvre, insoupçonné dans une ère à prédominance paléolithique. Ainsi, avec un comble de satisfaction, euphorique, ne sentant plus la chaleur ni la fatigue, fier de ma trouvaille, avec un sentiment de proximité avec mes ancêtres, j’ai regagné ma voiture qui doit encore faire une dizaine de km sur la piste rocailleuse jusqu’à Souitir city. Voilà Souitir Day, voilà Souitir, ce village, qui malgré le peu d’habitants, comporte une série de stations et sites préhistoriques très importants et très connus comme ceux de Chichma, Maydher, Bouhamed, Souitir sud, Bouhamed sud ouest….ce village qui a beaucoup de mémoires en son sein, beaucoup de sagesse dans ses gens et beaucoup d’éthique de vie dans son quotidien. Lihidheb mohsen éco artiste Zarzis 07.10.14

jeudi 4 septembre 2014

Bhirett Alouane

C’est la petite mer qui entre comme une langue pulpeuse et chercheuse dans le flan de la terre de la presqu’Île de Zarzis, pour lécher les sels de Sebkhet el Maleh, quand le barrage impitoyable de la route vers Bengardane, le permet. Aussi riche en poissons que le Lac d’El Bibane, cet endroit a été surexploité malgré le courant d’eau qui en renouvelle la biodiversité en plus des apports périodiques des alluvions riches en limon. Comme pour les contours de la Sebkha qui ont abrité une dizaine d’installations préhistoriques, Alouane a en plus intéressé les Puniques, les Romains et les contemporains…qui ont laissé des vestiges à Lemsa, Mrissa, Ouday Dhaou, Alouane Nord, Alouane Sud, Bogra… Par les constats de surface et paradoxalement à travers les restes des quelques fouilles sauvages, on peut affirmer que quelques stations historiques sont restées paléolithiques, pendant que les autres ont fait un parcours d’accompagnement des passages Puniques, Romains et Islamiques. Comme j’ai toujours fait en sorte, de vérifier l’ampleur des dégâts, sur les sites et en faire le balayage de surface, j’ai visité Dimanche dernier le site de Mrissa, sur la pointe Nord Ouest de l‘isthme nord juste en face de Lemsa située de l’autre coté de la petite mer. J’ai commencé d’assez loin à l’ouest, à partir du terrain de Chlindi, où j’ai constaté autrefois les restes d’anses grecques en forme de M autours du goulot. Malgré les travaux de construction d’une citerne pour les eaux de pluie et une petite crique pour petits bateaux, qu’il avait effectués, je n’avais rien trouvé. Sur le site proprement, cette fois, les dégâts sont énormes, mais en vérité, ils n’étaient pas initiaux, car c’était un déplacement massif de gravats et de pierres taillées pour défricher le terrain et les destructions étaient effectués depuis une vingtaine d’années, avec des fouilles de prospection çà et là à travers les années. Vue son emplacement, le site aurait servi pour la pêche, la surveillance, le signalement par le feu, les échanges, la fabrication de poterie et des carreaux énormes et très lourds en argile rouge. Avec de grosses briques noires en pierre volcanique, des constructions souterraines transformées en « citernes », de la menue monnaie, des clous en bronze, quelques silex, des foyers géants pour les feux de signalement, une quantité moyenne de tessons de poterie,…Mrissa aurait servi comme un poste important dans le parcours costal Grinn, Gyktis, Meninx, Zitha, Gergis, Bouteffaha…et le fort de Sidi Chaouech, Mdeyna et Sabrata au sud. Bien sur, malgré la chaleur, les difficultés du terrain, les sueurs acides dans les yeux, Boughmiga, prospecta l’endroit de long en large, zigzagant, tournant autour de lui-même, dans un quadrillage exhaustif du lieu, avec très peu de résultat à cause de la violence de la déformation du terrain. Mais puisque Boughmiga, était habitué à dégoter des objets importants sur des terrains vagues et dans nulle part, il sera bien capable d’en trouver sur un site répertorié. En effet, la pièce était là, affalée sur le coté dans un sillon léger au milieu d’un labour impitoyable et le cœur de Boughmiga s’emplit de joie et de curiosité avant de prendre le gros silex et en évaluer les dimensions et les attouchements….et c’était un vrai chef d’œuvre en la matière, une sorte de lame affutée, à l’allure à la fois artistique, pratique et dissuasive. Avec les autres pièces que j’avais trouvées aux alentours immédiats, on peut dire que le passage de l’homme du paléolithique supérieur est effectivement passé par cette région. Entretemps, malgré la beauté de l’endroit, la chaleur torride, l’appel de l’eau fraiche pour une éventuelle baignade légitime, Boughmiga, craignant les écarts de température et d’émotions, se limita à la joie de la trouvaille du gros silex taillé et la poignée de main, le shake hand, virtuel avec ses ancêtres. Lihidheb mohsen Zarzis 04.09.2014

mercredi 13 août 2014

Zarzis, port Punique, énigmatique.

C’est en vadrouillant sur les cartes virtuelles, de map en map, jonglant avec le curseur de droite à gauche, de haut en bat, contournant les longitudes et les latitudes…comme il le fait toujours sur le terrain réel et palpable…que Boughmiga le néandertalien, cette fois aussi, tomba sur les traces colossales et monumentales d’un port punique juste en face d’un site archéologique reconnu. C’est un immense rectangle d’une longueur d’environ deux cents mètres et dont les largeurs sont ovales…contenant sur le coté dans son intérieur un autre rectangle en miniature. (Voir photo). Bien sur, à ma connaissance, personne n’avait signalé l’existence de ces traces, qui, avec le site historique, l’étendue des vestiges jusqu’à la partie submergée de la mer, les quelques murailles en forme d’ancien quai, la quantité respectable de bris de poterie ancienne et brulis…on peut prétendre, sauf avis contraire des spécialistes en la matière, que l’endroit est un ancien grand port qui connût une période glorieuse. Voilà, Boughmiga, déballe sa charge, à l’intention des chercheurs, des curieux, des spéculateurs, des nostalgiques…. pour le constat, l’appréciation et la mise en relief, de ce port punique à Sidi Bouteffaha Zarzis. Pour la petite histoire, le site comporte de grosses meules cylindriques qui auraient servies à la presse de l’huile d’olive, des menues monnaies puniques, un silex taillé et un petit trésor exposé au musée de la ville. En avant…toutes…machines en marche,pour la fouille et la recherche, à l'assaut, à bâbord, à tribord... comme les vrais Akkari...Viking de la méditerranée. Bien sur, les réserves scientifiques restent de rigueur et Boughmiga croit que le grand rectangle mitoyen en terre plaine,champ de tir actuellement, serait un polder artificiel aménagé autrefois spécialement pour ce port punique. Lihidheb mohsen éco artiste 20.06.2014

mardi 22 juillet 2014

Oudayy Dhaou

Juste à coté du petit Oued de Dhaou, une dénomination qui serait reliée à la noyade d'un certain Dhaou dans cet endroit entre Lemsa la colline et l’élèvement de terre plein des Gtôô...., se trouve un endroit historique que j'avais constaté depuis des années et dans lequel j'avais trouvé en surface quelques bris de monnaies Puniques et des tessons hétéroclites. La station n'était pas grande, mais elle fait l'avant garde d'une série de petites stations préhistoriques interminables jusqu'à Zarzis ville. Bien sur, en fouineur de la préhistoire, je le visitais périodiquement après chaque bourrasque, chaque tempêtes, chaque labour et chaque transformation, mais les trouvailles étaient toujours maigre, ce qui ne diminue pas l'importance éventuelle de l'endroit. Lors de mon dernier passage écologique pour aller voir l’intérieur de l'embouchure de Allouane, j'ai vu puis constaté l’ampleur du désastre à l'endroit, causé par les bulldozers, qui avaient sillonnés en long et en large le site en réduisant la petite colline et creusant un grand trou rectangulaire, qui laisse entrevoir une colon de pierres qui descends dans la terre....avec çà et là des traces de cendres primitives. Ayant enquêté sur cette agression, un voisin du site, m'avait confirmé la voracité du propriétaire et le fait qu'il avait continué à déformer sans vergogne le site de Oudayy Dhaou. Voilà encore, du travail, à nos amis, préposés au patrimoine.

lundi 23 juin 2014

Zarzis, Saguit Sola

Plusieurs amis Tunisiens et d’ailleurs, quand je leur disais qu’il leur faut un mois de sorties quotidiennes pour connaitre et contourner la région de Zarzis afin d’apprécier à sa juste valeur la diversité écologique et panoramique, prenaient au début mes propos comme chauvinistes et nostalgiques, mais quand ils faisaient un petit bout de chemin avec Boughmiga, vers quelques endroits comme, Om Cherif, Ejdaria, Rsifett, Aguiba, Hachchana, Bogra, Gribis, Allouane, Hinchir El Kalakh, Lemsa, Khsim, Guerbabia, Ghrabatt, Oglet Omor, Ras Trab, Khallfallah, Ras Kazouz, Ariguett, Zitha, Hinchir Frass Tarfellil, Lella Meriem, Makhadha, Hnachir Ettboul, Hinchir Ouniss…ils admettaient avec admiration les qualités naturelles et historiques de cette presqu’île paradisiaque. Bien sur, même si je n’étais pas rétribuer pour cette activité de vulgarisation et de partage, même pas par des signes de reconnaissance sur une vingtaine d’années, j’évaluais au préalable les centres d’intérêts des visiteurs pour faire un parcours, écologique, artistique, anthropologique, culturel ou bien tout simplement touristique, en fonction des passions des uns et des autres. Je ne vous dirais pas comment quand l’un de mes compagnons, hypnotisé par un beau couché de soleil sur l’eau bleu, ne voulait pas quitter la plage intérieure du Lac El Bibane. Ou cette Dame intellectuelle, qui s’est éclatée de bonheur sur les collines anthropologiques de Sebkhet el Maleh, dans une sorte de communion mystique avec l’ancêtre commun…. Ou encore ce groupe d’Autrichiens qui avaient dansé au milieu des installations artistiques de Boughmiga à Allouane, surpris par la douce invasion des eaux de la marée haute….et cette jeune doctorante en préhistoire qui débarqua comme un beau papillon, de site en station, de station en site à une quarantaine d’endroits, dans une collecte passionnée des traces paléolithiques au raz du sol… Juste pour dire, que Boughmiga, ne livrait pas tout ses secrets et réservait certains endroits, aux intimes, ceux qui ne seraient d’aucune façon hégémoniques sur les endroits ou susceptibles de causer des nuisances quelconques. Bien sur, les risques sont toujours l’éventuelle pollution, la spéculation foncière et la déformation des paysages par les constructions anarchiques ou trop voyantes. Il suffit de voir l’isthme nord de la région de Ejdaria, qu’il avait connu quand il n y avait que les maisons de Jlidia, Bouchouicha et Sohbani, combien elle est maintenant investie par la spéculation et le bétonnage en règle en plus des fermes viticoles, géantes et obstinément polluantes au point de déposer leurs déchets à même la plage. En effet, avec l’avantage de ma connaissance depuis l’enfance de cet endroit énigmatique, quand avec les voisins et cousins, allions accompagner nos moutons à la recherche des rares touffes d’herbes sèches ou les feuilles d’oliviers….pour ne rentrer qu’au début de la nuit… seuls deux amis, un grand cinéaste de la place et un imminent chercheur international en écologie scientifique, eurent l’honneur d’investir ce parcours de highlanders… Ce jour là, nous étions tous au rendez vous, six heures piles juste au premier affaissement de terrain au milieu du grand plateau de Souihel de quarante cinq mètres au dessus du niveau de la mer. Une sortie de touristes arabes, pour une marche dure tout terrain…à travers ce long canyon sinueux entre Hnachir Ettboul et Ghar El Ogla. Il fallait éviter les ronces, éviter de glisser, monter et remonter les digues de sable qui servaient à retenir aux quelques arbres, le peu d’eau de pluie vital. Ces arbres irrigués par l’écoulement, étaient très disputés et souvent sujets à des batailles entre familles pour finir en d’interminables procès en justice. Bien sur, ce n’était pas notre préoccupation, car nous étions absorbés par la beauté de l’endroit et son caractère presque sauvage et naturel, cette même inhospitalité, qui a sauvé Saguit Sola du débarquement urbanistique. Malencontreusement, comme on peut s’y attendre, dans ce genre de randonnés et intrusions dans la nature, nous avons débusqué des aigles, des hiboux et remontant l’autre versant, un joli renard roux à la queue blanche à son bout… C’était une occasion pour le cinéaste pour s’inspirer et pour l’écologiste de constater la faune, la flore et les coupes géologiques…jusqu’au moment où nous avons été ébloui par la beauté du paysage quand au fond, à l’embouchure du canyon, une fenêtre s’affiche sur la mer, au dessus d’un oasis maritime parsemé de maisons blanches. Nous sommes restés un bon moment, à respirer, l’air frais, humer le paysage et sentir cette dimension de beauté et de liberté. Sortant de la vallée de Saguit Sola, nous avons encore remonté le plateau pour faire quelques kilomètres jusqu’au Sangho et revenir vers Béni Ftaiel, sur la plage cette fois, les pieds dans l’eau et les cœurs émerveillés et les esprits en jubilation. Les deux autres, honorables hôtes du canyon, étaient une professeure universitaire avec son étudiante, dans le cadre de vérifications sur le terrain pour des propositions de tourisme écologique et alternatif. Cette fois, la visite était plutôt panoramique et historiciste, soulignant les grottes préhistoriques, les démarcations Romaines et les pistes piétonnes ou cyclistes possibles. Ainsi, morfondu par cette confession fâcheuse, qui risque de livrer Saguit Sola aux curieux et aux voyeurs, et dans le souci de laisser cet endroit comme une dernière aire de survie à la faune sauvage, Boughmiga, souhaite que les intéressés se limitent à la traçabilité et le constat de cette vallée à travers les images satellitaires disponibles sur le net. Il leur en serait reconnaissant. Lihidheb mohsen éco artiste 20.05.2014

samedi 21 juin 2014

Bengardane, fête le patrimoine.

C’était un peu par hasard, que la relation culturelle s’est établie avec cette ville frontalière…lors de nos visites, mon ami Marino et moi, pour réparer sa voiture et puisque cette tâche demandait chaque fois un peu de temps, j’ai eu l’idée d’entreprendre la réalisation d’un documentaire, comme nous étions en train de le faire pour Zarzis, dans le domaine du patrimoine artisanal et les techniques locales…Oui, nous avons eu beaucoup de contacts, avec des jeunes, des vieux, des notables, des élus, des intello, de vieux scribes, des artisans résistants bon gré malgré…pour enfin constater …que la ville est extraordinairement authentique et intègre…entre le conservatisme statique et la fidélité aux sources pour une éventuelle progression durable dans le mouvement humain universel. D’ailleurs plusieurs personnes étaient conscientes de ce diagnostic et souhaitent une décrispation des approches pour une dynamique sociale vivante permettant la communication et l’assimilation des intrusions du sud et du nord. C’est ainsi que nous avons pris quelques séquences, pour le film documentaire, afin de permettre une lecture, juste, réelle et équitable de la région, sans tomber dans le voyeurisme, l’exhibition ou les jugements de valeurs. Bien sur, comme dans toutes les villes frontalières du monde, le commerce parallèle et un certain libre échange, prédominent, au point de former une économie intérieure, avec ses lois, ses règles, ses limites, ses barons et son éthique locale. Une situation, qui avait toujours préoccupé Boughmiga, qui avait proposé depuis une dizaine d’années, de la rationaliser et l’intégrer dans les activités réglementaires, ne serait que pour la légitimité de fait, sa pérennité et surtout l’absence de solution radicale et juste. Puisque notre initiative, Marino et moi, était purement humaine, culturelle et solidaire, nous n’avions pas d’autorisation pour le tournage à part l’accord de principe du Secrétaire général de la Commune de Bengardane, nous avons alors évité la Choucha, le port d’El Ketf, le site historique de Mdayna, pour nous rabattre sur le site « profané » de Nfidhett Mohra sur la route de Médenine. Un site que Boughmiga avait « découvert » et annoncé aux officiels du patrimoine il y a deux années et voila qu’il vient de constater qu’il a été encore une fois fouillé anarchiquement par les pirates du patrimoine, qui n’hésitent pas à tout casser pour parvenir à un trésor qui n’existe que dans leur imagination. Mais comme partout, avec la prédominance d’une mentalité agressive envers des sites peu défendus…les fouilleurs du dimanche, ont les mains libres et les dos couvert par l’impunité. Il faut aussi reconnaitre que le grand site Préhistorique, Punique et Romain…amphibie de Mdayna, avait aussi subit une cratérisation lunaire d’excavation de tout monticule, tout au long de cette dernière décennie de piratage structuré. Néanmoins, il en ressort quand même, que la région de Bengardane, a un patrimoine riche et diversifié, couvrant toutes les périodes de l’histoire humaine. Nebch Eddhib, Neffatia, Sidi Toui, Wahmia, Nfidhett Mohra, Magroun, Choucha, Lakouach, El Gounna, Mdayna, Bougarnine, El Marsa, El Ketf…que Boughmiga avait constaté et parcouru, « corps à corps », avec passion et rigueur anthropologique. Ainsi, au cours de notre navette entre Zarzis et Bengardane, l’idée de participer aux festivités culturelles à l’occasion du mois du patrimoine est née, et nous avons contribué par une exposition dans la grande salle de la maison de culture, composée d’une quarantaine de tableaux comprenant des photos et textes au sujet du patrimoine et l’histoire du désert Tunisien. Une participation qui avait beaucoup intéressé les élèves, les étudiants et les visiteurs. Nous avons eu aussi un très grand plaisir à assister aux spectacles en plein air des troupes folkloriques locales, de Libye, d’Algérie…ainsi que les démonstrations et performances, des cavaliers acrobates, des chevaux savants…au milieu d’une foule compacte de femmes et d’enfants enthousiasmée. Un peu vexé par la panne de son appareil photo, Boughmiga reprit vite du plaisir quand les braves de l’association des sourds muets locale, avaient entrepris de mimer par les gestes et les mouvements, l’hymne national Tunisien et surtout le verset principal du saint Coran la « Fatiha » dans un entrain de patriotisme, de piété, de dévotion et de sagesse. Bien sur, ce témoignage brut, des nos enfants cloitrés dans le silence, au dessus des flux et reflux des verbiages et de la médiocrité…était tout simplement merveilleux, sublime et agréablement mystique. Ainsi, Bengardane, avec sa population bien ancrée dans ses valeurs sociales, sujette au glissement en avant du mercantilisme immédiat, assagit par les vagues galopantes des enjeux géo stratégiques et les calculs à vue d’œil des politiques…est foncièrement, capable de résister, de se réaliser et de se consacrer à son parcours de sagesse et d’éthique ancestrale. Lihidheb Mohsen éco artiste 25.05.2014

jeudi 19 juin 2014

Musée agricole et historique dans la ferme de Gauffreteau !!!!!

Ni Google, ni Yahoo, ne pourrons traduire ce texte de Boughmiga, en un seul trait, sans brouillon, sans la moindre faute, sans rature.....seulement parce qu'il y croyait, ce projet de musée écologique, agricole, colonial, historique.....et que la décadence, la routine, la rétention, avaient fini de faire obstruction au fougue et l'élan de Boughmiga. Toutefois, l'idée est encore là, à la portée des amoureux de ce pays et de son histoire.

mardi 22 avril 2014

Medenine paradise

Cette année, le sirocco a commencé tôt, dans l’Oued de Médenine, transformé en place de marché hebdomadaire…à cause du manque de pluies et de la proximité du désert… Un marché super plein d’arabes, berbères, des blancs, des bruns et des noirs…une mosaïque multicolore de gens, de produits, d’activités, d’animaux et bestioles, de grains et de légumes, de poissons séchés et colliers de figues…autour des centaines de Ghorfa légendaires…les Ksars d’autrefois, hélas…Un marché dans un grand Oued, comme si dans les villes du nord, un souk dans une rivière, mais de toutes les manières, des crus il n y en a guère et même les cours d’eaux sont rares. Cette ville administrative, qui suppléa progressivement Métameur, a une histoire très riche, sur toutes les périodes de l’activité humaine, avec des sites de Chichma, Maydher, Tejra, Souitir, Hassi Amor…pour le paléolithique et Gyktiss, Essnam, Gtaayet echih, Green, Nabch Edhib,…pour le Romain. Sans négliger le rôle fédérateur des ksars aux milles Ghorfa au médiéval, et qui avait aussi servit en école coranique, véritable tremplin pour des études ultérieurs à des centaines de jeunes locaux, entretenus par la bienfaisance et la solidarité populaire. La longueur et la diversité de ce marché est aussi très attrayante et permet de grandes marches à la lèche-brocantes à zigzaguer de droite à gauche entre les stands en repérant les attroupements autour des produits étrangers ou les Toubibs traditionnels…ce qui me permettait de marcher pendant des heures sans la moindre fatigue ni la moindre monotonie. Pendant que je demandais à un jeune noir, un de nos ambassadeurs en France, le prix d’un escarbot…j’ai sursauté à l’oui d’un bruit venant de ma droite et pendant que je m’assurais de son origine, le jeune homme m’avait confirmé que c’était le croassement de grenouilles. Tout en lui disant, que je cherchais ce bruit vainement depuis trente ans au moins, j’ai commencé à chercher les batraciens dans l’eau qui jaillissait au milieu de l’oued et qui pourrait être aussi un rejet de d’eaux usagers…avec mon appareil photo à la main, sans que je puisse les trouver. Des femmes et des enfants, regardaient avec interrogation, ce vieillard à la chéchia rouge, en train de sautiller entre les flaques d’eau, avec patience et application…sans le courage d’en demander la cause. J’étais très déçu par ce désappointement, cette fausse alerte, ce faux rendez vous, avec les cris de vie des grenouilles, que j’attendais depuis toujours et pour toujours. Plus loin, je suis tombé sur un vendeur de livres usagers et parait-il, comme partout dans notre bled, ce commerce est le moins florissant si on excepte les livres scolaires proposés dans une sorte d’échanges équitables formidables. Je lui ai donc acheté un bon paquet pour quelques dinars il était heureux, car dans les temps qui courent, rares sont les polyglottes et passionnés de lecture. Un petit dictionnaire, Hugo, Corneille, Racine, Tahaa Hcine, Anthropogéographie en Allemand, une dissertation sur la poésie arabe…je ne pouvais trouver mieux. Tout en évitant les égorgeurs de poules grasses et sur alimentées…j’ai visité le marché de la volaille, des lapins, des pigeons, des Goundis… proposés par des paysannes endurcies par le soleil et la dureté de la vie…j’ai félicité certaines d’entre elles qui fournissaient de l’eau pour leurs animaux dans les petites cages et incita les autres à plus d’humanité surtout dans un climat aussi chaud et torride. Comme pour hérisson que j’avais acheté de ce même Souk pour le libérer, j’ai symboliquement marchandé avec un jeune sourd-muet pour l’acquisition de trois tortues qu’il étalait par terre au milieu d’enfants curieux…dont l’un m’avait aidé à les transporter jusqu’à ma voiture. Une autre migration animale amicale vers le littoral, ce que j’avais fait aussi pour des coqs et des poules sans le moindre sentiment de gain ou de profits, si ce n’est un accompagnement et une relation de partage des choses de la vie. Puisque à dix heures, il fallait que j’assiste au congrès de la LTDH locale, dont je suis un nouveau membre, malgré ma longue histoire avec le militantisme humanitaire et autre, je suis allé dans les ruelles ascendantes de l’immense Ksar, entre les étalages de légumes, de fruits, de produits utilitaires traditionnels, à la recherche d’un cordonnier pour remettre en acceptabilité mes chaussures achetées aux fripes il y a dix mois. Taciturne, mais cordial, l’artisan me fit asseoir sur un grand filtre à huile qui aurait servi à un très grand engin…et commença à coudre à la main les endroits usés et badigeonna la paire avec un produit revigorant au cuir. En redescendant la vieille ville, j’ai passé voir un ancien ami vendeur de charbon, qui me fit une dissertation sur les avantages et les inconvénients des différents bois utilisés pour faire du charbon et que le bois d’olivier, reste le meilleur malgré les retombés de déboisage que cet arbre sacré risque. Au congrès, comme toujours, au milieu des segmentations usuelles et durables, le corporatisme des partis politiques, des corps de métiers et des régions…je suis passé presque inaperçu malgré ma chéchia rouge et ma corpulence…sans que ça ne me dérange le moins du monde, à cause de mon positionnement en franc tireur, impartial et militant global insaisissable. Toutefois, la nouvelle équipe d’humanitaires, aura certainement, du pain sur la planche, du grain pour le moulin et des rivières de problèmes à gérer sur les frontières. A cause de la chaleur que mes petites bêtes, mes nouvelles amies, les tortues, subissaient dans le coffre de ma voiture, j’ai dû écourter ma participation malgré le désir de participer aux discussions et repartis vers Zarzis, sur un fond de musique et de jubilation pour mes compagnons amphibies. Lihidheb mohsen éco artiste Médenine le 20.04.2014