jeudi 21 mai 2020

La déconstruction hideuse.

Chaque matin, au lever du soleil, je fais ma marche à travers l’oasis puis allonge la mer pour faire un détour tout en sueurs. Avec le temps j’ai réduit la distance et donna à la sortie un caractère plus relaxe, méditatif et agréable. Mais devant ces dons de la nature, la réflexion était intense et la préoccupation constante, au sujet de la conjoncture médicale et les déboires des hommes. Les pêcheurs étaient toujours actifs à la pêche aux crevettes, les oiseaux marins aussi guettant les restes des poissons jetés et le berger faisait sa sortie quotidienne à guider ses moutons de poubelle en poubelle, à un arbuste marin. Il m’arrivait de rencontrer des femmes encore fidèles à leur tradition, de nettoyer même la ruelle avec les régimes de dattes dans une extension normale du nettoyage de leurs maisons. Dans un détour, entre deux grands palmiers restés d’un bouquet « Ichch », un moins grand avait la tête coupée en règle pour en distiller le jus et un seau pendait pour recueillir cette sève Ô combien demandée surtout pendant ce mois de Ramadan. Il parait qu’il y a tout en commerce fructueux entre Zarzis et Gabés et des citernes provenaient de cette région pleine de jus. D’après un témoin, « expatrié » depuis longtemps vers Souihel, le jus authentique est impossible et les tailleurs le mélangeaient avec beaucoup d’eau et une bonne quantité de thé noir pour lui donner sa couleur rougeâtre initiale. La technique machiavélique arrive au point qu’on remonte le réceptacle pour cueillir le jus, déjà ave une quantité d’eau proportionnelle remplie au préalable, pour leurrer l’éventuel témoin présent pour vérifier. Bien sûr, devant cette vue, ce n’était pas une réaction salivaire de dégustation que j’ai eue, mais plutôt un geste d’agacement vis-à-vis de cette agression envers les rares palmiers qui restent de l’oasis de Souihel. Je suis resté débous, devant cette mutilation, à ruminer ma colère et ma désapprobation, en voyant à travers cette agression, les dizaines d’autres perpétrées dernièrement vis-à-vis de toutes les valeurs naturelles, minières et industrielles du pays. Je me suis rappelé des incendies criminels des oasis, l’immolation hideuse du wagon tracteur des phosphates, les mégas incendies criminels des champs de blé et des forêts, la crémation volontaires des usines et des marchés…et ne pu avaler mes salives cette fois pour de bon, devant cette médiocrité humaine qualifiée. Avec le virus galopant du Corona19, biologique soit il ou artificiel échappé des laboratoires obscurs des génocidaires, les récupérations politique des uns et l’hégémonie des autres pour une mainmise totale sur la race humaine par les vaccins drones gérés à distance, il faut admettre que le monde est désormais dans un nouvel parcours d’assujettissement général et total. Pourtant, dans ce chaos de déconstruction et de dysfonctionnement, les conflits continuent, les guerres perdurent, les pauvres s’appauvrissent, les migrants clandestins se noient, les murs de la ségrégation se consolident et les crises économiques arrivent…avec ce qu’il en adviendrait en famines, indigences, maladies, chaos et troubles sociaux. Le moment, est parait-il opportun, pour que les preneurs de décisions à l’échelle planétaire, lassés de la stagnation de la situation, du manque de perspectives et le murissement de paramètres permettant la gestion corps à corps du monde entier…, reçoivent les résultantes d’une informatisation esclavagiste des hommes. La claustromanie de certains pays, l’expansionnisme de bien d’autres ou le désenchantement de plusieurs, ne seraient pas en contradiction avec le nouveau dictat, supranational et pragmatique. Il faut dire, que la dépendance collective aux techniques de l’information et les communications et les réseaux sociaux, n’ont pas d’aboutissement bien déterminé, mais permettent depuis un moment donné de lister et « droner » une population crédule et bien heureuse. Ayant depuis longtemps opter pour une conduite écologique et humaine, avec un soupçon artistique sauvage, Boughmiga le néanderthalien, ne peux que rester préoccupé sérieusement devant ce confinement général et les risques majeurs à venir. Fallait-il se résigner à l’esprit de « adviendra que pourra », ou essayer de comprendre les mécanismes en cours et résister collectivement pour sauver l’humanité de l’uniformisation et la mise au pas de son devenir. Résister, oui, en effet, résister contre le consumérisme, l’hégémonie, la pollution, les manipulations génétiques, les gaz de schiste, le réchauffement climatique, la surexploitation de la planète, la destruction massive, la ghettoïsation des pauvres, la gestion des pandémies, l’insémination de drones aux individus…. Résister, oui, résister toujours pour essayer de sauver et laisser d’éventuels survivants à l’apocalypse. Le palmier était toujours blotti devant moi, décapité, saignant sa vie goute à goute, camouflé par deux plus grands confrères, lui offrant au moins un coin d’ombre et un microclimat résistant aux siroccos précoces dans une année sans pluies. Cette fois, il y aurait au moins un espoir, dans les mains du tailleur, coiffeur-décoiffeur, qui pourrait sauver le cœur du palmier et lui laisser les chances de renaitre et repousser de nouveau. Un phénomène qui arrive souvent même à un seul palmier plusieurs fois et qui se perd de plus en plus à cause des propriétaires qui voulaient se débarrasser de l’arbre. Donc, il va falloir acheter le tailleur et le pousser à récréer la vie, avec le jus, l’eau et le thé, tant qu’ils sont propres et les intentions ne sont pas très graves. Il y a des maux bénins et il y a des maux décisifs et expéditifs. Dieu nous en préserve. Pendant les premières randonnées, je faisais le grand cercle en trente cinq minutes, mais avec le temps et la détermination, je suis parvenu aujourd’hui, à le faire en trente minutes, tout en sueurs, mais tant pis. A soixante-sept ans, c’est déjà une petite performance, pour un fils de paysan pauvre, naïf et crédule, qui aimerait la continuité de la vie, dans la lucidité, la quiétude des êtres et investir son essence dans l’univers pour la pérennité du mouvement créateur. Lihidheb Mohsen éco artiste 21.05.20