dimanche 29 novembre 2020

Zarzis, l'éspoir...

 


Zarzis, l’espoir, why not ???

                   Et si une fois, dans notre cycle de vie collective, dans notre devoir de construction et d’essor, et devant la déchéance générale galopante, on envisage sérieusement ce qu’il fallait faire, ce que nous sommes, ce qui est possible jusqu’aux limites de l’impossible, et ce, impérativement, dans un élan de survivance ultime et de réalisation de l’espèce humaine et son plus qualitatif. Alors, ce sont Anis, Hassan, Wassim, Slah, Chaala, Mohamed, Abdeslam, Noureddine, Béchir, Lotfi, Tahar, Kamel, Boughmiga, Salem, Abdallah, Karima, Fayçal, Abderrahman…et bien d’autres, qui dans un élan sincère, se battent, s’escriment quelques fois irrationnellement sur des sujets d’utilité publique, soulevés et proposés plusieurs fois depuis un demi-siècle dans des temps difficiles et par des initiatives personnelles extrapolitiques et souvent contestataires.

                   Réduits vers la baisse à vue d’œil et au moyen terme, que ce soit par le réchauffement climatique, la pollution, l’urbanisation des zones agricoles ou la surexploitation sur terre et sur mer, les potentialités de Zarzis, qui avaient et pourraient encore assurer un minimum de survivance et d’intégration, sont en danger de déconstruction lente. Non seulement, la mauvaise gestion des jongleurs officiels de compromis infinis, la béatitude stoïque du facteur local, manipulée et désossée, avaient participé à cette situation.

                   Devant ce fait, une réaction dynamique et permanente, de la population de Zarzis et les autres pourquoi pas, doit avoir lieu autour des points suivants…

-        Cette fois, c’est la REVOLUTION ECOLOGIQUE progressive et totale, qui de toutes les façons n’aura que des bienfaits, et constitue l’unique issue à la portée de main, pour donner à la région son véritable rayonnement et sa valeur d’intégration et de droit à la vie. Une proposition que démarrera le 17 décembre au 14 Janvier, temps de réflexion et d’auto détermination, pour démarrer ensuite automatiquement, pour le changement du visage du pays. Sans dirigisme ni leadership, ce parcours illimité serait la fonction quotidienne et la responsabilité directe de chaque citoyen de sa propre volonté.

-        Cette approche fulgurante et massive, aura un impact très favorable sur la région et assainira les espaces naturels des intrusions diverses. La pollution, la surpêche, le surpâturage, les surexploitations diverses, la désertification…qui seront automatiquement réduits à la baisse et au contrôle humain.

-        Chaque personne ne serait pas forcément tenue de faire des prouesses, sauf si elle le veuille, car il suffirait de nettoyer son propre endroit, sa propre consommation, son propre espace, et acquérir ainsi graduellement le reflexe écologique salvateur et efficient.

-        Ainsi, chers concitoyens, chers amis de toutes les régions, le mot est lancé, sérieusement, par l’action mémoire de la mer et de l’homme Zarzis, dont l’auteur, sans légitimation, était impliqué à la cause publique depuis un demi-siècle et à la cause environnementale depuis vingt sept ans sans relâche. Donc, « A l’année prochaine pour en faire un meilleur tremplin pour le futur » …

 

                                 Lihidheb Mohsen éco artiste 30.11.20

vendredi 16 octobre 2020

Sur les traces de Boughmiga.

 

 

 


                  


Par inadvertance
peut être, par le pouvoir de traçabilité des mouvements, certainement, par la traque des évènements, surement, par le focus sur l’intercorrélation des « happenings », sans doute, que Boughmiga était parvenu à suivre les relations les personnages et les comportements, ainsi qu’une toile aux fils conducteurs conduisant au cœur de la toison d’Ulysse. Quand il choisît ce même pseudonyme, ce n’était pas par hasard, ni par caprice d’intellectuel, mais plutôt par le fait d’une influence latente de plusieurs personnalités sur sa propre aura. Par crédibilité, honnêteté et par reconnaissance, ils seront cités, par ordre d’influence, d’autrefois, sur sa petite conscience permissible et ouverte.

-       Ztoot :  Il était un mendiant sillonnant les villages de paysans, de long en large à recevoir le peu de grains ou d’huile d’olives qu’on lui donnait. Un homme très grand, maigre et sec comme un arbre mort, il portait une Wazra blanche délavée par l’usure et sur l’épaule pendait une bandoulière en poils de chèvres. Un turban entourait sa tête au-dessus de sourcils et des moustaches blanches. Deux longs bâtons étaient toujours dans ses mains, qu’il croisait derrière lui en permanence, afin de se protéger et de dissuader les chiens des maisons en leur fermant l’accès à ses maigres jambes. Malgré que Ztoot passait une fois par mois, tout au long de l’oasis, il faisait partie du paysage et les femmes au foyer lui réservaient toujours quelque chose à chaque passage à travers les haies et les sentiers. Sa silhouette à la ventilation arrière dans la chaleur et sous les aboiements des chiens, lui donnait chaque fois, une légitimité sur l’endroit, une sagesse humble et une appartenance à la réalité globale et mystique. Tout le monde pensait qu’il portait une certaine Baraka et beaucoup de chance et bonheur.

-       Kechlef : Un homme du nord de l’oasis marin, le village longitudinal sur une dizaine de kilomètres, qui longeait chaque jours la plage en chantant à haute voix, « …la route du littoral est exclusivement à moi toute » en allant et revenant sur une longue distance. Les grandes mères, pour faire peur à leurs neveux et les dissuader d’aller à la mer pendant la canicule, le citaient avec gravité, comme un fantôme croqueur d’enfants. Cette appropriation des espaces, cette affirmation sur son milieu et ce « me voilà » étaient impressionnants, surtout dans une société traditionnelle, unanimiste et distraite.

-       Guenèguen : Personne ne sait quand il est descendu vers le village, des prairies immenses de la Djeffara. Le géant qui descendait vers la mer. Grand et fort sans arrogance, il portait des vêtements d’ouvrier, ce qui laisse supposer qu’il serait passé par d’autres endroits de travail de chantier. Célibataire et comme chaque personne arrivante au village, elle était accueillie par une famille influente de propriétaires terriens travaillant aussi la mer, qui le laissait vivre dans sa périphérie à condition de rester à son service en premier lieu. Pour le taquiner, les enfants disaient de lui : « Guenèguen un grand pain ne peut lui suffire, Guenèguen une jarre d’eau ne peut étancher sa soif, Guenèguen son grand drap ne peut le couvrir, Guenèguen que Dieu le garde ». Toutefois, Guenèguen n’avait jamais travaillé à la mer malgré l’expansion de cette activité de la pêche aux éponges pendant cette période des années soixante. En plus de ses activités journalières ou saisonnières avec la famille, qui lui avait construit avec le temps une petite maison indépendante sur un lopin de terre entre les oliviers, il aimait faire d’autres choses vers lesquels il s’était dirigé progressivement, comme vider les grands camions des sacs de ciment, faire des collations aux écoliers dans la petite boutique et surtout jouer aux cartes dans le petit café ou à l’occasion des rassemblements humains. En mauvais perdant, on l’imagine encore avec son œil louchant, servir les cartes de la scopa avec soin, puis ouvrir les siennes méticuleusement afin de savourer la victoire ou se refrogner stoïquement en mauvais perdant. Mais, comme dans la plupart des sociétés, la stature de Guenèguen, l’avait poussé à faire des travaux durs, généralement inoffensifs, sauf que les dizaines de milliers de sacs de ciments qu’il avait transporté sur son dos, avaient affecté ses poumons au point de s’éteindre lentement comme une bougie, Allah Yarhma. Sans laisser d’enfants, sa compagne, rentra en Libye pour rejoindre son peuple, les Rbayaa, pasteurs de chameaux et de moutons dans toute la Djeffara.

-       Hless, Bennahiya, Hamrouni, Salah… : Consécutivement, ils avaient rendu leurs services à ladite famille, dans les domaines domestiques, de pâturage, de cueillette des olives, de la moisson, du transport sur la charrette et surtout leur disponibilité à tout moment. Il faut dire que le chef de la grande de famille, avait acquis sa notoriété par sa force de travail à la pêche aux éponges et son acuité visuelle incomparable à dénicher cet animal tapi sous les eaux de la mer. Cette promotion sociale acquise, lui avait permis de dominer quelques tribus, ce qui lui donna la possibilité de voir certains cas sociaux et les prendre en main, par le fait de les employer, nourrir, vêtir, quelques fois marier et payer. Dans le temps, chaque famille, avait des gens autour d’elle, pour l’assister dans les occasions sociales et faire un espace d’entre aide automatique. D’ailleurs, chaque famille, était en fait, un petit monde de convivialité effective pour les autres. Une organisation, qui n’existe plus maintenant, quant il faut des traiteurs pour faire la cuisine et faire le service, des musiciennes pour chanter auprès des femmes et des disc jockeys pour ébranler le village le soir par leur tapage de mauvais gout. Cette catégorie de personnes, n’était nullement persécuté ou exploité, mais sujette au partage des rôles et des devoirs sociaux. Quand Slah passait avec sa charrette neuve aux clochettes brillantes sur la selle, dans un tintamarre de sons et de coups de sabots, les gens le regardaient passer, avec envie et admiration. Quand Hless, marchait avec son âne et ses béliers, devant son grand troupeau gardé par les chiens, il fallait leur laisser de la place pour s’abreuver à même le ruisseau irrigant les sorgos de l’oasis. Quant à Hamrouni, avec sa vieille chéchia rouge, sa Wazra brune, son bâton de berger et son sourire constant, était celui qui resta le plus dans le village, enfoui en plein dans le paysage, intégré dans les occupations habituelles, jusqu’au jour où son maitre décéda. Alors il rentra à sa ville natale de l’intérieur du pays. Ainsi, la contexture sociale changea, du traitement collectif du quotidien, vers l’individualisation qui congédia poliment les acteurs de l’ancien temps.

                    Avec bien d’autres indices, imagos, incidents, contes, paysages…, ces références humaines, avaient amené Boughmiga, à se donner ce même pseudonyme, par respect au bon peuple, à la sagesse sociale, à l’humilité des gens bien et à la baraka des anciens. Le nom Boughmiga est connu au sud Tunisien et une grande partie de la Libye, désignant l’homme très pauvre, le mendiant mystique, le porteur de la sagesse et l’anti héros, qui à la fin, porte toujours une grande partie de la vérité et de ce qu’il fallait faire.

                   Il y a quelques jours, malgré le coronavirus prépondérant et menaçant, un groupe de touristes étranger, vint à la trace de Boughmiga à son musée écologique mémoire de la mer et de l’homme et ses installations artistiques géantes, de Lemsa, Alouane, Makhadha, Sebkha Touila et El Kantara dans la mer vers Djerba.

                  Ainsi, Boughmiga essaie de rester fidèle à son nom, aux gens bien, à ces engagements écologiques et à la mémoire des migrants clandestins morts en mer.

                      Lihidheb Mohsen 16.10.20

mardi 13 octobre 2020

La résistance raisonnable.

 


                  


Cette fois, il est question du tout Zarzis, quand l’invasion de la Tunisie par les Français commença par la capitale au nord, pour descendre vers Sousse, Sfax, Gabés, Djerba puis Zarzis. La résistance, était féroce sur les murs de la capitale du sud, faisant des dizaines de morts sur ses fortifications et aux jardins environnants. C’était par la mer, qu’arrivait la plus grande force militaire des canonnières crachant le feu sur tout ce qui bouge ou ne bouge pas. La puissance de feu de l’envahisseur était énorme et les canons du fort de Sfax, ni les cavaliers de l’intérieur, ne servirent pas à grand-chose.

                   A Zarzis, la situation n’était pas brillante, dans une sécheresse assimilée sous les ailes de la ville faisant une tête de pont pour un microclimat oasien vivable, les attaques périodiques des Nouayels affamés, ne facilitaient pas les choses. L’écho de l’arrivée prochaine des conquistadors était parvenu et plusieurs familles avaient préféré joindre la Libye, avec leurs chameaux et leurs troupeaux. Les quelques Spahis et la demi-douzaine de canons du petit fort, ne pouvaient grand-chose devant l’ennemi. Même le fait de cacher quelques familles dans le sous-sol de cette construction défensive ou dans les cinq ksars du littoral, s’écrouleraient et ne sauraient résister aux tirs d’obus à partir de la mer.

                    Haut de quelques étages, les tourelles du bâtiment de guerre Français, le Léopard, surveillaient les points blancs de l’oasis, à travers leurs jumelles de tir fixée en plein dans le but. Le Bordj, le marabout de Sidi Abdelkader, le dôme de Sidi Bouteffaha, les ksars de Gasr Chelba, d’El Mouensa, de Ouled Said, de Ouled Mhemed, de Ezzaouia, le bureau de poste, la mosquée El Hissar…étaient des cibles faciles et à la portée des canons, habitués à la destruction totale du paysage. Il suffisait d’en recevoir l’ordre. Les dizaines de canons, attendaient le retour de l’embarcation descendus à terre avec une dizaine d’officiers pour parlementer avec les dignitaires de la ville et les inviter à se rendre paisiblement, comme le fit le reste du pays.

                   Malgré le fait, que Djerba, les habitants de Jara à Gabés et les Accara de Zarzis, ne partageaient pas la même attitude envers les conflits intrinsèques beylicales, que les autres tribus de l’intérieur comptaient sur la mobilité de leurs populations et la difficulté du relief naturel, que l’instabilité inter tribale, la faillite du pays et les razzias des tripolitains battaient leur plein, tout le monde était inquiet et ne pouvait s’allier avec des étrangers. Au même moment, pendant que les discussions continuaient, des cavaliers venus de tribus de Werghemma, s’impatientaient à battre des sabots au nord-ouest de Zarzis. Ils voulaient en découdre avec les envahisseurs et ne trouvaient pas de front adéquat pour affirmer leur refus total de cette occupation, et considéraient la réticence des habitants de Zarzis, comme une reddition.

                  Après de longues discussions entre les personnes influentes d’un coté et les envahisseurs de l’autre, il était convenu de ne pas s’opposer à cette compagne militaire à condition d’avoir des avantages concernant la mobilisation des jeunes dans cette zone militaire. De toutes les façons, les responsables sociaux de Zarzis, ne pouvaient se permettre une confrontation avec un monstre de la mort prêt à souffler toute la ville et son oasis dans l’air. Puisqu’il n’y avait ni jungle, ni maquis, ni montagnes pour se cacher et mettre les femmes et les enfants en sécurité, ils ne pouvaient faire la guerre à partir de leurs propres maisons et rendre par conséquent, leurs familles, une cible potentielle et massacrées d’avance.

                   Une attitude, sage et mesurée, qui n’avait pas empêché les habitants de Zarzis, tout au long du protectorat et même après, de lutter inlassablement en profondeur, sans caprices ni états d’âmes, pour l’indépendance, l’authenticité et la justice.

                                                 Lihidheb Mohsen 12.10.20