mardi 13 octobre 2020

La résistance raisonnable.

 


                  


Cette fois, il est question du tout Zarzis, quand l’invasion de la Tunisie par les Français commença par la capitale au nord, pour descendre vers Sousse, Sfax, Gabés, Djerba puis Zarzis. La résistance, était féroce sur les murs de la capitale du sud, faisant des dizaines de morts sur ses fortifications et aux jardins environnants. C’était par la mer, qu’arrivait la plus grande force militaire des canonnières crachant le feu sur tout ce qui bouge ou ne bouge pas. La puissance de feu de l’envahisseur était énorme et les canons du fort de Sfax, ni les cavaliers de l’intérieur, ne servirent pas à grand-chose.

                   A Zarzis, la situation n’était pas brillante, dans une sécheresse assimilée sous les ailes de la ville faisant une tête de pont pour un microclimat oasien vivable, les attaques périodiques des Nouayels affamés, ne facilitaient pas les choses. L’écho de l’arrivée prochaine des conquistadors était parvenu et plusieurs familles avaient préféré joindre la Libye, avec leurs chameaux et leurs troupeaux. Les quelques Spahis et la demi-douzaine de canons du petit fort, ne pouvaient grand-chose devant l’ennemi. Même le fait de cacher quelques familles dans le sous-sol de cette construction défensive ou dans les cinq ksars du littoral, s’écrouleraient et ne sauraient résister aux tirs d’obus à partir de la mer.

                    Haut de quelques étages, les tourelles du bâtiment de guerre Français, le Léopard, surveillaient les points blancs de l’oasis, à travers leurs jumelles de tir fixée en plein dans le but. Le Bordj, le marabout de Sidi Abdelkader, le dôme de Sidi Bouteffaha, les ksars de Gasr Chelba, d’El Mouensa, de Ouled Said, de Ouled Mhemed, de Ezzaouia, le bureau de poste, la mosquée El Hissar…étaient des cibles faciles et à la portée des canons, habitués à la destruction totale du paysage. Il suffisait d’en recevoir l’ordre. Les dizaines de canons, attendaient le retour de l’embarcation descendus à terre avec une dizaine d’officiers pour parlementer avec les dignitaires de la ville et les inviter à se rendre paisiblement, comme le fit le reste du pays.

                   Malgré le fait, que Djerba, les habitants de Jara à Gabés et les Accara de Zarzis, ne partageaient pas la même attitude envers les conflits intrinsèques beylicales, que les autres tribus de l’intérieur comptaient sur la mobilité de leurs populations et la difficulté du relief naturel, que l’instabilité inter tribale, la faillite du pays et les razzias des tripolitains battaient leur plein, tout le monde était inquiet et ne pouvait s’allier avec des étrangers. Au même moment, pendant que les discussions continuaient, des cavaliers venus de tribus de Werghemma, s’impatientaient à battre des sabots au nord-ouest de Zarzis. Ils voulaient en découdre avec les envahisseurs et ne trouvaient pas de front adéquat pour affirmer leur refus total de cette occupation, et considéraient la réticence des habitants de Zarzis, comme une reddition.

                  Après de longues discussions entre les personnes influentes d’un coté et les envahisseurs de l’autre, il était convenu de ne pas s’opposer à cette compagne militaire à condition d’avoir des avantages concernant la mobilisation des jeunes dans cette zone militaire. De toutes les façons, les responsables sociaux de Zarzis, ne pouvaient se permettre une confrontation avec un monstre de la mort prêt à souffler toute la ville et son oasis dans l’air. Puisqu’il n’y avait ni jungle, ni maquis, ni montagnes pour se cacher et mettre les femmes et les enfants en sécurité, ils ne pouvaient faire la guerre à partir de leurs propres maisons et rendre par conséquent, leurs familles, une cible potentielle et massacrées d’avance.

                   Une attitude, sage et mesurée, qui n’avait pas empêché les habitants de Zarzis, tout au long du protectorat et même après, de lutter inlassablement en profondeur, sans caprices ni états d’âmes, pour l’indépendance, l’authenticité et la justice.

                                                 Lihidheb Mohsen 12.10.20   

1 commentaire:

  1. Au niveau du paragraphe 4 ,un doublon à corriger...
    "les femmes et les enfants"

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