lundi 31 juillet 2017

La Zoumita, encore une fois.

Encore une fois, pour toujours, la Zoumita reste sans détours l’amie de l’homme dans son parcours, à meubler le sud tunisien, dans son élan de créateur de richesses et de combattant pacifique vers l’avant. A base de farine d’orge, très pratique, simple, facilement concevable dans les jarres, les peaux de chèvres, les couffins de palmes…et n’ayant besoin que d’un peu d’eau et un soupçon d’huile d’olive pour en faire un granulé appétissant et consistant. Avec relativement peu de calories, la Zoumita, permettait une bonne satiété et calmait la faim pour une bonne période. Elle était la provision principale des pécheurs d’éponges qui devaient resté pendant des mois en mer, celle des fellahs laboureurs et moissonneurs qui devaient rester sur les champs pendant des semaines ou pour les militaires, parait il, qui avait opté pour l’usage de ce produit parmi les produits nutritionnels impérissables et utilitaires. On pouvait ne pas trop la tamiser pour avoir un met fort et riche en textures renforçant l’estomac et la digestion. Comestible surtout pendant la journée, le soir sauf nécessité, était toujours consacré au fameux couscous ou les fruits de la saison. D’après le témoignage de l’un des vieux jeunes encore attachés à cette période et narrateur infatigable, il aurait avec deux autres, passé l’un des mois de Ramadan, à travailler dur dans la moisson, à jeuner dans quarante degré de chaleur et ne vivre que sur la farine d’orge quelques fois sans huile d’olive. La Zoumita, était aussi leur seule provision quand ils allèrent pour le labour à la Choucha, où chaque groupe de familles, se ruaient sur les terres par le travail et l’occupation de fait. Pendant cette période, les autres ne pouvaient suivre le rythme infernal des Accara, habitants de Zarzis, dans le travail de la terre et de la mer, car ils travaillaient jour et nuit et se relayaient aussi à reprendre les bêtes, mulets et chameaux. D’ailleurs c’était bien eux qui plantèrent tout le sud en en de milliers de pieds d’oliviers, ce qui n’était pas facile, car il fallait le débroussaillage des terres, le labour, les trous, la plantation, l’irrigation à plusieurs reprises, le suivi… On dit toujours, que c’étaient les femmes des fellahs, qui avaient sur le dos, transportés les jarres pleines d’eau sur des kilomètres pour irriguer chaque plant d’olivier. Il faut dire, que ces gens intégrés à la terre et la mer, il suffit qu'il y ait une tempéte et ne peuvent travailler à la mer, allaient automatiquement à la terre, dans un cycle, permanent et productif. On attendant, Boughmiga, était très satisfait, quand les voisins du sud, avaient commencé à planter aussi des oliviers, en attendant qu’ils investissent plus dans les productions locales et le tremplin économique de la région. Jusqu’à maintenant, avec des oignons, avec du piment vert, avec des figues, avec du melon, avec des pastèques ou sans aucun accompagnant culinaire, Boughmiga, honore toujours ce met et se l’approprie, se l’incorpore, comme il s’assimile et assimile son passé, son présent et essaie d’aller à l’avant, pour la paix et l’humanité des hommes. Lihidheb Mohsen 31.07.17

mardi 11 juillet 2017

Le passage, rapide d'Idriss.

Le rapide passage d’Idriss. Au troisième jour de l’enterrement du petit et au cinquième de sa mort, Idriss, comme un ange de passage, comme un nuage volage, comme une fleur soufflée par le vent….parti, doucement, mais surement, dans les bras de son créateur et certainement vers des espaces meilleurs. Ainsi, Idriss Sassi Dakhli, né le 21 octobre 2016 à Djerba, anticipa sa vie, rapidement, en une courte durée, mais dans un grand parcours du combattant attaché à la vie. Dés le début, dans une clinique de Houmt Souk, les médecins avaient affirmé chez lui une particularité génétique, qui l’empêchait de se nourrir de la bouche et lui causait sporadiquement une fièvre capricieuse et des sueurs, l’obligeant à rester toujours dans la fraicheur et éviter les endroits chauds. Bien sur, avec la détermination de ses parents, et leur engagement naturel à réduire ses souffrances et à le sauver, son docteur, la clinique et l’hôpital de Djerba et celui de Zarzis, étaient serviables et très motivés. Devant le transporter à Tunis, chez un grand spécialiste de la région, il a fallut prendre l’avion, ce qui n’était pas facile pour un bébé à condition spécifique. Chaque fois, Idriss et ses parents, devaient habités chez un proche, dans l’hôpital pédiatrique, une clinique ou une maison de location. Cette navette s’effectua au moins six fois et les conditions étaient difficiles. Lors d’un retour, l’enfant avait signalé une haute fièvre et un état critique à l’aéroport de Tunis, ce qui nécessita le secours d’une ambulance et l’hospitalisation d’urgence dans une clinique couteuse, devant l’affolement de sa mère et l’inquiétude générale. Avec un diagnostic pessimiste, Idriss avait vécu avec cette situation, en se nourrissant par le nez et sous contrôle permanent de sa température et à chaque fois, sa maman lui posait des compresses fraiches sur le front et allégeait ses vêtements. Heureusement, quand sa mère devait reprendre le travail au moins pour répondre au long congé de maternité, une grand Dame, du bon peuple avait accepté de le prendre dans sa petite maternité familiale et fit de son mieux pour le nourrir et le prendre en charge contre un prix dérisoire par rapport à la tâche hautement délicate. Quand toutes les démarches, consultations et hospitalisations avait été faites, quand l’opération pour changer la nutrition d’Idriss par l’abdomen au lieu du gavage par le nez était très délicate et à grands risques, quand la condition du bébé ne pouvait supporter la chaleur, la moindre négligence ou une défaillance dans l’hygiène général, ses parents, optèrent pour une tentative en France où la médecine est incontestablement évoluée et up to date. Bien sur, les visas du père, de la mer et d’Idriss, ne nécessitaient pas le voyage de ce dernier vers l’ambassade à Tunis, mais toute la famille de Boughmiga s’était mobilisée pour garder Idriss pendant l’absence de ses parents. Il fallait surveiller la température, changer les vêtements, ingurgiter la nourriture avec une grosse seringue et garder une température acceptable dans la chambre, ce que fut fait difficilement. Toute fois, tout le monde était devenu très attaché à Idriss, qui commença à répondre aux paroles par des gloussements et de légers sourires. Le plus et ce que Boughmiga n’oublierait jamais, était quand il suivait rapidement avec le regard toute personne qui entrait dans sa chambre, dans une sorte de d’attente, de souhait ou de demande au secours, comme s’il attendait un secours qui arrivait enfin. Avec un cas de syndrome crisponie, diagnostiqué par les sommités médicales tunisiennes, sa mère ne pouvait accepter le fait accomplie et ne pouvait que s’accrocher à la vie, ce qui était pour elle une question de vie ou de mort et jusqu’au bout. On était tous content pour lui, espérant qu’il pourrait s’en sortir et faire ses opérations chirurgicales à Paris. Habitant chez un de ses parents dans la capitale des lumières, plusieurs péripéties et tergiversations, l’avaient amené à l’hospitalisation et sa prise en charge en de bonnes mains. Après deux semaines, sa mère devait rentrer impérativement au pays et son père continua courageusement l’accompagnement d’Idriss dans des conditions quelques fois difficiles. Il faut dire que les parents paternels, les parents maternels, les amis, les connaissances, les associations humanitaires, le staff médical….étaient tous merveilleux et d’une grande assistance humanitaire. Ce n’était que le mercredi cinq, très tôt le matin, qu’Idriss, quitta ce monde, après une grande opération chirurgicale deux en un ciblant le transfert de la nutrition du nez vers l’abdomen et une légère hernie. Malgré la réussite de l’opération, une crise cardiaque éclair, avait affaiblie l’enfant qui rendit l’âme dans la même soirée. Informé de bon matin, Boughmiga devait aller de Zarzis à Djerba, afin d’informer sa fille, la mère, du décès de son fils, ce qui n’était pas du tout facile, tant elle avait cru en sa guérison et dans l’après opération. Elle n’avait pas cessé de pleurer chaudement pendant tout le retour vers Zarzis, sous les yeux étonnés de son autre fils Mohamed Ali. Chez ses grands parents paternels, comme il se doit dans ce genre de circonstances, tout le monde accouru et des visites de condoléances eurent lieu, que ce soit des voisins, des connaissances, des collègues de travail. Vu son âge, il n y a pas eu de cérémonie réligieuse, mais tout s’est passé dans la piété et le respect à la mort. Grâce à l’ex président Bourguiba, que tout le monde citait avec reconnaissance, les corps des tunisiens décédés à l’étranger, étaient rapatriés gratuitement en Tunisie et les autorités consulaires prenaient en charge tout le rituel, purification, mise en caisse, transport, livraison à la famille, dans de bonnes conditions et dans le respect des rites religieux. C’est ce qui avait été fait et le cercueil était venu par avion et remis par une ambulance à la famille. Tout le monde était inquiet, car la mère devait passer la nuit dans la même chambre que le défunt, un acte pénible et douloureux mais il parait que l’état du cercueil et le soin extrême dont fut l’objet l’enfant, avait réconforté la maman et confirma sa confiance dans l’humanité et la dignité lors de la mort de son fils. Le matin, quand on avait découvert le bois pour voir Idriss, et le montrer à sa mère, il était très beau, comme un ange, dans un sommeil satisfait et une attitude d’acceptation totale et de soumission à la volonté de Dieu. Un aperçu, qui réconforta tout le monde, avec des larmes dans les yeux de chacun, des larmes de douleur et de bonheur en même temps. Heureusement, que le frère d’Idriss, Mohamed Ali, quatre ans, dormait à l’arrivée du cercueil et dormait encore quand il partit vers le cimetière, car ça aurait été difficile et triste. Tout le monde avait fait jusqu'au bout ses possibilités humaines, sa mère, son père, ses parents, les médecins, les garderies, les hôpitaux, les cliniques, l’ambassade…et les autres. Toutefois, hypnotisé par le sourire d’Idriss et surtout le fait de tendre à chaque fois son cou à la cherche de qui entrait dans sa chambre, dans un geste d’espoir comme s’il attendait quelque chose, une délivrance, une issu….Boughmiga implore Dieu, pour qu’il réponde à cette quête et l’accepte dans les espaces infinis de la vie. Voilà, un parcours de vie court, mais intense, mais une question fondamentale, qui malgré la quiétude des croyances religieuses, demande encore du réconfort. Lihidheb Mohsen 10.07.17

dimanche 9 juillet 2017

Zarzis, les tapis avant la mosquée, pourquoi pas !!

Sur la base du scepticisme précoce au sujet de la rentabilité économique d’une ligne de passagers entre l’Europe et Zarzis, comme si la rationalité étouffe toute initiative aux résultats vraisemblables, voilà, la réussite spectaculaire, populaire et populiste, du débarquement de deux milles personnes et six cents voitures, qui dément les réserves pratiques et les inquiétudes conceptuelles. Grâce à une série de pressions associatives à partir de Zarzis, mais aussi à partir de Paris, le dragage et l’aménagement du port avaient eu lieu, pour recevoir ce premier grand bateau inter continental. Un voyage, un peu expérimental et de référence, pourrait faire l’objet de plusieurs lectures afin de réussir les prochains et la conversion parallèle d’avec le transport commercial et industriel. Pour cela, on va devoir, dans le cadre d’une vision globale sur l’histoire contemporaine de la région, relever certains points et en faire un début pour une meilleure compréhension de la situation et en assurer la continuité. - Zarzis, avec un port de pêche, un port commercial, une zone France, une infrastructure portuaire et touristique adéquate et un élan d’accueil et d’hospitalité légendaire, était une réponse directe en vases communicants, au flux de personnes des deux cotés de la mer et aux croisières touristiques. - En réponse au bateau de 1907, Aam El Gareb, qui était un souvenir douloureux et tragique, voilà, le bateau de 2017, qui illumine la région et ouvre les portes d’un monde meilleur. - Malgré les réserves sur le prix du voyage, un surbooking avait été observé et tout le monde avait accepté de payer plus, juste pour honorer cette poignée de main entre le nord et le sud, loin au dessus de l’utilitarisme mécanique et exténuant. D’ailleurs, les émigrés en France particulièrement, avaient gardé leur particularité intellectuelle et culturelle du sud est, voir, la solidarité, l’éthique de vie et l’assimilation des valeurs humaines. Une hausse des prix du voyage due aux frais du carburant pour le bateau vide pendant le retour. - Une mobilisation historique avait été constaté des deux coté, chez les émigrés, avec un amour passionné et identitaire, voir éthique, au bled…et en réponse naturelle à l’appel automatique d’une infrastructure d’accueil adéquate, et chez les gens du sud, qui se précipitèrent à l’accueil du bateau et ses passagers. Ils seraient vingt milles à fêter l’occasion par des feux d’artifices, des clacksons, des lumières, des sirènes de bateaux, des faisceaux lumineux antiaériens et de festivités….une occasion historique de manifester sa joie et de s’affirmer, au Delas du goulot d’étranglement centrifuge et la mainmise de certaines pratiques de racket. - Aussi aventurier et expérimental était il, le voyage, avec un peu de retard compréhensible, au départ de Marseille et à l’arrivée à Zarzis, était très réussi dans une ambiance conviviale et une cohabitation exemplaires. Avec au moins un millier d’enfants, tout le monde avait bien passé le voyage sans incidents ni contres pieds. Heureusement, la mer était calme et la vision exemplaire, mais, il fallait s’assurer des fonds marins, surtout à l’entrée du port. - Dans le port, l’accueil était festif et au niveau de l’événement historique de rencontre directe, entre le nord et le sud, les retrouvailles des enfants du sud, la fusion de cultures et la confraternité des peuples. Les services étaient idéals et la douane étonnante de professionnalisme et d’équité. Il n y a pas eu le moindre problème à touts les niveaux que ce soit pour le passage, la débarquement, le contrôle, l’accueil officiel ou l’extase populaire. - Aussi importante que le reste, la déclaration inespérée du premier ministre, de permettre le retour à la fin aout et la promesse d’une navette chaque quinzaine à l’été prochain, était complémentaire et pourrait faire l’objet relai pour la durabilité de service et un élan capital vers une exploitation optimale de ce créneau promettant pour les passagers et le commerce. - Les retombés de la déclarations des officiels, pourrait résorber le cout du voyage et réduire la taxe de carburant du retour « fictif » et rendre les tickets abordables et rentables pour une grande partie des voyageurs - Une expérience, dont les seuls défauts étaient principalement, le cout et le temps, qui pourrait réduire ses écarts légers et pourrait aussi, constituer une alternative directe au centralisme réducteur du port de la capitale. Une décentralisation effective, grâce à la disponibilité manifeste du service, à la volonté des peuples et aussi grâce à l’enrichissement du tissu social et économique du pays. - Devenu à caractères, touristique, agricole, industrielle, de services maritimes et pétroliers…et avec cette ouverture majeure sur le monde, Zarzis, pourrait faire, pour de vrai cette fois, l’objet d’un pole économique à grande dimension et dépassant même le bassin méditerranéen. - Pour répondre au scepticisme légitime et aux réserves faciles, en disant que c’était des tapis avant la construction de la mosquée, on ne peut que saluer cette situation tremplin, car la foi, avait commencé par des prières collectives sur des terrains vagues au milieu d’une zone délimitée par des pierres à même le sol, ce qui affirme le cas échant, que le fait d’inverser la conception habituelle, serait largement bénéfique et à partir de la terre ferme, de la réalité, certes favorable, on pourrait assurer un essor fulgurant à cette région. - Certainement, chaque début à des difficultés, mais apparemment, le volonté des uns et des autres est irréversibles, car les émigrés, les associations locales, les autorités et les responsables portuaires, sont déterminés à réussir cet essor collectif. Ainsi, la nature fait bien les choses, la vie n’aime pas le vide et comme dans les vases communicants, les eaux s’interpellent, les idées fusionnent et les intérêts conjoignent, au dessus du fatalisme et les esprits plats. Le moment, est désormais opportun, à soutenir cet élan collectif, pour le bonheur du pays et pour un monde meilleur. Zarzis, dorénavant, avec cette ligne maritime, serait effectivement, un pole économique et humain, pour tout le sud Tunisien. Lihidheb Mohsen 09.07.17

mardi 4 juillet 2017

Zarzis, l’année du bateau القارب عام

Comme le drame du bateau de 1907, Aam El Gareb, avait fait une cinquantaine de victimes, un drame majeur dans une société de paysans et de marins réquisitionnés arbitrairement par les agents du protectorat, le bateau de 2017, serait certainement, ferait certainement une explosion de fleurs de bonheurs, un plein de paix et de civilisation, un plus qualitatif et quantitatif aux valeurs locales… Comme celle d’autrefois, était devenu une date tampon dans l’oralité de la société traditionnelle, celle d’aujourd’hui, serait le bateau tampon aussi, de l’avant et l’après, pour se débarrasser une fois pour toute des médiocrités des uns et des autres, transférer le know how et fusionner les valeurs citoyennes avec la sagesse locale. Le bateau de 2017, serait une date, dans les temps modernes, un catalyseur et un tremplin collectif pour un monde meilleur. En réponse à la solidarité et la paix locales, les arrivants, fils et filles de la région, apporteront sans doute des compléments qualitatifs en matière de citoyenneté, de propreté et de paix. Pour une fois, une confrontation historique directe, entre ce qui avait été investi à l’étranger et ce qui en revient au dessus de la consommation et du formalisme, serait visible à l’œil nue. Bien sur, apporter une idée, serait plus importante qu’apporter une voiture, apporter des grains productifs, serait mieux qu’un engin consommateur, apporter un tracteur créateur de richesses, serait magnifique comme dans les années quatre vingt… A cette occasion historique, bienvenu, à nos concitoyens et les autres et que cette arrivée, serait la porte à une ère nouvelle, de travail, de progrès et de modernité. Lihidheb Mohsen 05.07.17 El Gareb C’était sur les plages de Choucha, Un grand Loud échoua, Transportant armes et munitions En contrebande vers l’orient. C’était de la poudre à canons, Fournie par les Ottomans, Pour les arabes résistants, Contre l’Italien conquérant. Le Makhzen accouru alors, Réquisitionnant les cavaliers, Les moissonneurs et chameliers, Pour l’arraisonner et monter à bord. Mais le capitaine Turc résista, Et refusa toute reddition, Voulant partir sans conditions, Et implosa le bateau qui sauta. Des centaines de corps volèrent, Et la mer devint rouge de sang et de feu Les cormorans blancs se turent, Pour que le ciel redevienne bleu. Et cet évènement fait date à ce jour, Dans la mémoire collective Dans les contes et les archives, Un Turc, le Makhzen et des morts. Lihidheb Mohsen 20.05.04

samedi 1 juillet 2017

Gommage et flottaison

Dans le tissu traditionnel de la société paysanne, oasienne, subsistant de la pêche artisanale et côtière, cultivant les quelques oliviers adaptables au climat aride, profitant de la moindre humidité marine et œuvrant simultanément sur tous les éléments de la survie…, il y avait toujours des mouvements, des changements, aussi lents étaient ils, des inters pénétrations, des opportunités promotionnelles, des infiltrations de consommation totale , des exfiltrations de main d’œuvre à travers le tourisme, des courants d’acculturation et de déformation provenant du nord et du sud aussi, des fusions de classes sociales réduisant une périphérie de gens serviles et existants au tour de chaque grande famille….qui malaxèrent et pétrirent le paysage dans un mouvement peu naturel et peu éthique. Quand le tourisme utilisait les puits de surface du village pour ses constructions et transplantait les puits artésiens des sorghos, palmiers et légumes, pour en faire des piscines d’eaux thermales et les verser à la mer en courant continu, et par conséquent laisser l’oasis au béton et au sable du désert, quand la scolarisation était largement affectée par le tourisme et seule les filles continuèrent leurs études, quand à vue d’œil, des peaux de moutons, des bottes de laines, des wazra des vieux, gisaient pitoyablement dans les poubelles nauséabondes, quand les surfaces autours des maisons étaient terrassés en béton et on ne peut voir sur une dizaine de kilomètre le moindre carré de verdure, quand la terre était infestée de fausse septiques en contact régulier par le sous sol avec la mer, quand les robinets de l’extérieur n’étaient plus fonctionnels et utiles et les oiseaux s’essoufflaient de soif pendant les grande chaleurs….une situation que Boughmiga ne cesse de répéter, fixée, ancrée dans son esprit comme du béton, en attendant une prise de conscience qui tarde malheureusement à venir. Sur ce tapis traditionnel, sur ce tissu de milliers de fils en couleurs locales, il y avait des mouvements divers et quelques fois paradoxalement pervers. Pendant la guerre pour l’évacuation des jeunes susceptibles de faire l’affaire des militaristes de l’autre coté, avaient été convoyé et présentés habillés en rouge dans les vignobles de Bizerte et faire une bonne cible à l’aviation et les tireurs d’élite. Ceux qui étaient revenu de cette compagne suspecte, était fortement désaxés mentalement et toutes les villes du sud connaissaient ces victimes. Le tourisme dans ces débuts, avait rapatrié des centaines de cadres de Tunis pour son personnel en restauration et plusieurs services, dont plusieurs, reprirent le chemin de l’émigration à l’étranger, déjà en vogue dans les années soixante cinq. Les chantiers populaires avaient employé des centaines de vieux chômeurs contre trois livres de farine et deux cents cinquante millimes payés à la semaine. C’était d’ailleurs eux qui avaient réformé plusieurs régions agricoles qui sont maintenant des champs de milliers d’oliviers. Des hordes de jeunes des familles pauvres dont Boughmiga avait été pris en charge par la société de bienfaisance islamique « El Khayria » pour ne revenir au village qu’à la fin de la semaine, épargnant ainsi aux familles les charges de leur nourriture et entretien. Des pêcheurs d’éponges laissaient de plus en plus leurs grandes sorties vers les iles de Kerkennah et se convertissaient à la pêche côtière du poisson ou l’émigration en Europe. Des jeunes avaient été recrutés pour leur force physique afin d’aller dans un pays germanique où ils ne réussirent guère tant le devoir d’intégration était presque obligatoire et ceux qui en revinrent presque tous étaient des malades mentaux ou des inadaptés sociaux. Il y avait aussi ceux qui firent un pays au milieu des Alpes et furent complètement transformé et en profondeur, au point de les voir au pays, comme des règles plates marchant dans les rues et ne répondant aux gens qu’au bout des lèvres et ayant perdu à jamais leur vivacité et leur humeur d’autrefois. Pendant que ceux qui revenaient de la guéguerre ou ceux qui revenaient des pays non francophones, étaient très déséquilibrés et même leur vie conjugale était instable, ceux qui allèrent travailler au pays de Molière, résistèrent culturellement par la vie en ghettos nostalgiques à la vie traditionnelle du pays d’origine. Cette attitude de résistance et de démarcation, était aussi celle que les peuples avaient adoptée pendant le colonialisme et l’hégémonie occidentale avant de garder ses propres valeurs et ses traditions unanimistes. Bien sur, ces derniers, était resté relativement saints de corps et d’esprits, malgré les effets négatifs de cette singularité sur l’éducation des enfants et leurs avenirs dans le pays d’accueil. Il est possible, que cette attitude de claustromanie sociale à l’étranger, répondrait implicitement à l’auréole de flottaison comportementale et conceptuelle qu’entreprend la société au bled, en plein dans la foi, à distance de toutes les nouveautés et avec des tentacules fouineurs dans les sphères de la vie environnante. Souvent, ce phénomène de gommage et d’auto gommage, arrivait quand un jeune homme adhérait à une confrérie pacifique, au point de laisser un trou comme la mort, palpable et visible des autres. Un problème qui arrivait dans certains mariage où des personnes changeaient radicalement de vie et se transformaient vers le coté négatif. Ces cas aussi minimes étaient ils, existaient aussi chez les hautement éduqués au point de perdre les amarres avec la famille et les relatifs en général, pour se consacrer entièrement à leur carrière scientifique ou académique. Un dilemme, que certains pères de familles, contre carraient par le fait de ne point permettre l’éducation de tout les enfants et laisser un d’entre eux à la porté et à la maison pour des travaux domestique et aussi pour entretenir ses parents pendant leur vieillesse. Malheureusement, comme la flottaison reste une sorte de fondamentalisme global, la radicalisation dans la foi et l’instrumentalisation de la religion par les uns et les autres, à partir de textes sacrés mal interprétés, ou de fausses présomptions et de diabolisations, reste aussi la cause d’un retrait manifeste de la vie commune et de l’unanimisme, confortable et régulateur. Foncièrement et éthiquement, bien éduqué pour résister à toutes les formes d’extrémismes, on peut admettre que l’impact sur les jeunes était monumental et quelques uns prirent le chemin du gommage gommeur. Voilà donc, un gommage et une flottaison, sur un unanimisme confortable et tentaculaire, qui de la pointe de ses huit membres, repousse et attire simultanément et en fonction des péripéties, le monde environnant et la civilisation humaine. Lihidheb Mohsen Zarzis 01.07.17