samedi 1 juillet 2017
Gommage et flottaison
Dans le tissu traditionnel de la société paysanne, oasienne, subsistant de la pêche artisanale et côtière, cultivant les quelques oliviers adaptables au climat aride, profitant de la moindre humidité marine et œuvrant simultanément sur tous les éléments de la survie…, il y avait toujours des mouvements, des changements, aussi lents étaient ils, des inters pénétrations, des opportunités promotionnelles, des infiltrations de consommation totale , des exfiltrations de main d’œuvre à travers le tourisme, des courants d’acculturation et de déformation provenant du nord et du sud aussi, des fusions de classes sociales réduisant une périphérie de gens serviles et existants au tour de chaque grande famille….qui malaxèrent et pétrirent le paysage dans un mouvement peu naturel et peu éthique. Quand le tourisme utilisait les puits de surface du village pour ses constructions et transplantait les puits artésiens des sorghos, palmiers et légumes, pour en faire des piscines d’eaux thermales et les verser à la mer en courant continu, et par conséquent laisser l’oasis au béton et au sable du désert, quand la scolarisation était largement affectée par le tourisme et seule les filles continuèrent leurs études, quand à vue d’œil, des peaux de moutons, des bottes de laines, des wazra des vieux, gisaient pitoyablement dans les poubelles nauséabondes, quand les surfaces autours des maisons étaient terrassés en béton et on ne peut voir sur une dizaine de kilomètre le moindre carré de verdure, quand la terre était infestée de fausse septiques en contact régulier par le sous sol avec la mer, quand les robinets de l’extérieur n’étaient plus fonctionnels et utiles et les oiseaux s’essoufflaient de soif pendant les grande chaleurs….une situation que Boughmiga ne cesse de répéter, fixée, ancrée dans son esprit comme du béton, en attendant une prise de conscience qui tarde malheureusement à venir.
Sur ce tapis traditionnel, sur ce tissu de milliers de fils en couleurs locales, il y avait des mouvements divers et quelques fois paradoxalement pervers. Pendant la guerre pour l’évacuation des jeunes susceptibles de faire l’affaire des militaristes de l’autre coté, avaient été convoyé et présentés habillés en rouge dans les vignobles de Bizerte et faire une bonne cible à l’aviation et les tireurs d’élite. Ceux qui étaient revenu de cette compagne suspecte, était fortement désaxés mentalement et toutes les villes du sud connaissaient ces victimes. Le tourisme dans ces débuts, avait rapatrié des centaines de cadres de Tunis pour son personnel en restauration et plusieurs services, dont plusieurs, reprirent le chemin de l’émigration à l’étranger, déjà en vogue dans les années soixante cinq. Les chantiers populaires avaient employé des centaines de vieux chômeurs contre trois livres de farine et deux cents cinquante millimes payés à la semaine. C’était d’ailleurs eux qui avaient réformé plusieurs régions agricoles qui sont maintenant des champs de milliers d’oliviers. Des hordes de jeunes des familles pauvres dont Boughmiga avait été pris en charge par la société de bienfaisance islamique « El Khayria » pour ne revenir au village qu’à la fin de la semaine, épargnant ainsi aux familles les charges de leur nourriture et entretien. Des pêcheurs d’éponges laissaient de plus en plus leurs grandes sorties vers les iles de Kerkennah et se convertissaient à la pêche côtière du poisson ou l’émigration en Europe. Des jeunes avaient été recrutés pour leur force physique afin d’aller dans un pays germanique où ils ne réussirent guère tant le devoir d’intégration était presque obligatoire et ceux qui en revinrent presque tous étaient des malades mentaux ou des inadaptés sociaux. Il y avait aussi ceux qui firent un pays au milieu des Alpes et furent complètement transformé et en profondeur, au point de les voir au pays, comme des règles plates marchant dans les rues et ne répondant aux gens qu’au bout des lèvres et ayant perdu à jamais leur vivacité et leur humeur d’autrefois. Pendant que ceux qui revenaient de la guéguerre ou ceux qui revenaient des pays non francophones, étaient très déséquilibrés et même leur vie conjugale était instable, ceux qui allèrent travailler au pays de Molière, résistèrent culturellement par la vie en ghettos nostalgiques à la vie traditionnelle du pays d’origine. Cette attitude de résistance et de démarcation, était aussi celle que les peuples avaient adoptée pendant le colonialisme et l’hégémonie occidentale avant de garder ses propres valeurs et ses traditions unanimistes. Bien sur, ces derniers, était resté relativement saints de corps et d’esprits, malgré les effets négatifs de cette singularité sur l’éducation des enfants et leurs avenirs dans le pays d’accueil. Il est possible, que cette attitude de claustromanie sociale à l’étranger, répondrait implicitement à l’auréole de flottaison comportementale et conceptuelle qu’entreprend la société au bled, en plein dans la foi, à distance de toutes les nouveautés et avec des tentacules fouineurs dans les sphères de la vie environnante.
Souvent, ce phénomène de gommage et d’auto gommage, arrivait quand un jeune homme adhérait à une confrérie pacifique, au point de laisser un trou comme la mort, palpable et visible des autres. Un problème qui arrivait dans certains mariage où des personnes changeaient radicalement de vie et se transformaient vers le coté négatif. Ces cas aussi minimes étaient ils, existaient aussi chez les hautement éduqués au point de perdre les amarres avec la famille et les relatifs en général, pour se consacrer entièrement à leur carrière scientifique ou académique. Un dilemme, que certains pères de familles, contre carraient par le fait de ne point permettre l’éducation de tout les enfants et laisser un d’entre eux à la porté et à la maison pour des travaux domestique et aussi pour entretenir ses parents pendant leur vieillesse. Malheureusement, comme la flottaison reste une sorte de fondamentalisme global, la radicalisation dans la foi et l’instrumentalisation de la religion par les uns et les autres, à partir de textes sacrés mal interprétés, ou de fausses présomptions et de diabolisations, reste aussi la cause d’un retrait manifeste de la vie commune et de l’unanimisme, confortable et régulateur. Foncièrement et éthiquement, bien éduqué pour résister à toutes les formes d’extrémismes, on peut admettre que l’impact sur les jeunes était monumental et quelques uns prirent le chemin du gommage gommeur.
Voilà donc, un gommage et une flottaison, sur un unanimisme confortable et tentaculaire, qui de la pointe de ses huit membres, repousse et attire simultanément et en fonction des péripéties, le monde environnant et la civilisation humaine.
Lihidheb Mohsen Zarzis 01.07.17
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