mercredi 15 août 2018

Portraits et sagesse 145

Natif de 1949, Si Mohamed avait obtenu le titre d’ingénieur diplômé de l’école supérieure de l’électricité et du gaz de Paris, pour faire une carrière brillante à la STEG de Tunisie, avec un penchant notoire à la recherche historique dont l’histoire contemporaine du pays. Ce que l’amena à couvrir certaines périodes la deuxième guerre mondiale dans deux livres historicistes et importants. Cette fois, dans son nouveau livre « Un Tunisien au cœur du IIIème Reich », il relata le parcours d’un homme dans les mailles des services de propagande de Goebbels, avec des éclaircissements assez explicites sur la période d’autrefois et la contexture socialo politique de l’époque. Depuis son recrutement progressif, sa mise au pas, sa mise à l’épreuve, son dévouement, sa « déportation » utilitaire, son excès de zèle, son mariage « orfi » à cause de l’ethnicité allemande, ses difficultés après la guerre, sa condamnation par contumace et son retour au pays juste avec la dite indépendance salutaire…Si Mohamed Noureddine Dhouib, avait bien narré le parcours en limitant quelques fois l’extrême limite son approche juste à la dimension du personnage. Le livre avait bien évoqué la sympathie d’une grande partie du peuple Tunisien aux forces de l’axe, croyant à un sort meilleur et la délivrance d’une dépendance totale à la France. Ce qui était très ambigüe, au point que cette prise de décision difficile, avait bien effleuré l’esprit de Bourguiba avec une visite étrange en Italie. Si Mohamed Torki, personnage du livre, avait terminé sa vie auprès des siens en Tunisie…avec peut être un remord, mais l’intention était comme l’avait bien répété Si Dhouib, « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ». A l’occasion de la sortie de son ouvrage historiciste, il vint visiter l’espace de mon action mémoire de la mer et de l’homme en m’offrant son livre et écrire sur le livre d’or du « musée » écologique. D’ailleurs, en plus de sa connaissance lors des réunions de l’association de sauvegarde de la presqu’ile de Zarzis, j’ai aussi vu ses interventions dans un film documentaire au sujet de la libération de l’Afrique du nord par les alliés, dans lequel, Si Noureddine avait bien participé favorablement. On a eu de bonnes discussions surtout sur les portraits que je faisais globalement sur les personnalités de Zarzis et ailleurs, sans omettre de citer Si Abdelmajid Dhouib, sa compétence et son professionnalisme…pour arriver à citer le grand des grands, Si Abed Bouhafa. Si Noureddine croyait que ce dernier, malgré sa grandeur et ses compétences linguistiques, artistiques, politiques et journalistiques…était aussi la cause de la mise à l’ombre et l’oubli volontaire de développer la région de Zarzis comme les autres au moins, par Bourguiba qui l’avait utilisé en « Sparring partner ». Toutefois, il était très chaud au sujet du père, Si Jilani Bouhafa, qui avait renvoyé les décorations avec une longue lettre de protestation et de révolte au sujet des actes barbares de Tezerka perpétrés par les soldats du protectorat contre la population civile pacifique. Voici donc, une page publiée sur les projets de Si Mohamed Noureddine Dhouib, au sujet de la reconstruction de Borj de Zarzis et éventuellement les cinq ksars du littoral uniques dans le monde. Suite à l’invitation de l’association de sauvegarde du patrimoine de Zarzis, Si Mohamed Noureddine Dhouib, ingénieur chevronné travaillant à Tunis, avait présenté un projet conceptuel et technique, visant à la reconstruction du Bordj de Zarzis, détruit dés l’indépendance dans des circonstances douteuses et sous des prétextes ridicules. Construit aux alentours de 1770, par Ali Bey, ce petit fort à pont levis et des miradors dans les coins, perché sur un monticule de pierre, au milieu de l’oasis, avec aussi un puits à l’intérieur pour assurer l’alimentation en eau en cas de siège…et résister aux razzias des tributs Nouayels de la Lybie, participa à l’installation progressive des habitants et la création d’un petit centre d’échanges et de convivialité. Entouré de cinq ksars de plaine en bord de mer, phénomène unique dans la région, il y avait aussi une ruelle totalement ombragée d’arbre et complètement couverte par une végétation touffue, plusieurs marabouts signalant aussi certains sages des tribus, des km et des km de haies de cactus fleuris ou fruités….qui avaient été, détruits méthodiquement, à la hache de l’ignorance, à la dynamite de la bêtise et aux niveleurs du nouvel conseil municipal. D’après Si Dhouib, le rôle du délégué et son gouverneur, était radical soi disant dans le sens d’éradiquer tout ce qui est ancien et la ville perdit ainsi, une grande partie de sa mémoire. Voilà donc, une belle initiative, visiblement sérieuse, pour la reconstruction du Bordj, au jardin de la délégation et pourquoi pas, la reconstruction de l’un des cinq ksars de cet oasis maritime gigantesque. L’association du patrimoine, s’engagea à entreprendre les démarches préliminaires, le suivi du projet et son exécution, pendant que Si Mohamed Noureddine Dhouib, confirma sa disponibilité à cet effet et sa position privilégiée à Tunis pour les contacts de rigueur avec les différents ministères. Une bonne initiative, qui pourrait être suivi par d’autres, capable de reprendre la mémoire collective de l’oubli, au service de la culture, du tourisme et l’histoire. Avec la satisfaction collective pour cette orientation, les anciens de la région, Si Nourridine Sraieb, Si Abdelmajid Dhouib, Si Abed Bouhafa, Si Béchir Nebhani….et d’autres, pourraient dormir en paix, car leurs souhaits seraient exhaussés, Inchallah. Lihidheb Mohsen 13.08.17

jeudi 9 août 2018

Coquille et "Tahboulisme".

Quelques fois, il faut avoir la possibilité, la faculté et la passion d’entrer, sortir, observer, provoquer, lire et essayer de comprendre, cette société en gestation permanente, dans un nuage d’unanimisme confortable et stoïquement convivial. Basée principalement sur les compromis, les plafonnages, les lignes de conduites, les couloirs étanches et linéaires, les concepts préétablis dans touts les domaines, les techniques de formation, de formatage et de nivelassions, elle refuse toutes nouveautés et se satisfait des préceptes fixés et finis. Cet état de fait, l’arrangeait bien, et n’avait pas besoin de prévenir, de programmer, de fructifier ou de se créer un parcours évolutif et cohérent, car la fixation était totale et la soumission était générale. Dans ce monde très particulier et difficile à complaire sans tomber dans des compromis compromettants et jouer le jeu du sectarisme violent, il fallait bien entreprendre des actions comportementales de diversion et de mouvements parallèles imposant le droit à la différence et la diversité du paysage. Cette coquille, alimentée par le « Tahboulisme » un comportemental situé entre le simplet, la désinvolture, la marginalité de fait, la présence effective dans toutes les activités sociales, l’insaisissabilité mercuriale durable, le journalisme d’investigation, l’opposant global, le visionnaire indomptable, le fonctionnaire terrifiant par sa voracité au travail, l’ami inconditionnel des pauvres et l’ennemi des injustices, l’omniprésent et l’acteur en plein milieu de touts les incidents sociaux et les problèmes de la région, le dangereux citoyen à l’intelligence supra humaine, le volontaire bagarreur pour toutes les causes advenant… avait bien permis à Boughmiga, d’exister pendant les dictatures politiques et les mainmises sociales. Ce n’était pas forcément de la traitrise ou l’animosité vis-à-vis de ce qui était local, mais une sorte de démarcation vitale particulière, permettant à Boughmiga, de se consacrer à ses principes de liberté et de justice. Dans un élan de sortie du peloton du troupeau pour mieux le voir et mieux le servir, il ne cessa d’œuvrer inlassablement pour l’embellissement conceptuel et spirituel de son milieu humain. Bien sur avec l’action directe, dans son amour pour l’environnement, avec les centaines de poèmes et textes qu’il distribuait comme des tracts subversifs, avec ses dizaines d’interventions radiophoniques à la radio locale avec des forcing aux tabous politiques, avec la douzaine d’assemblages artistiques géants, sauvages et contestataires squattant les lacs salés, avec les milliers de photos et écrits publiés sur le net animant touts les créneaux de la communication, avec les livres et les interventions directes lors des débats et les opportunités légales de discourir, avec le contact direct avec les gens et la frange de la société susceptible d’écouter le langage de la justice et de la dignité…Boughmiga avait bien contourné la région par terre, mer et par les ondes du ciel. Un accompagnement sans paternalisme ni partisanats politiques, visant essentiellement à épanouir l’homme et l’intégrer dans son milieu ouvert et paisible. Ainsi, cette coquille individuelle sociétale, acquise, conquise, et ce Tahboulisme maitrisé, avaient bien permis à Boughmiga de composer favorablement, avec une situation très difficile, où le dictat politique exigeait la soumission, où la société exigeait l’unanimisme inconditionnel et où les devoirs parentaux étaient sacrés et basiques. Tout de suite après la « révolution », plusieurs contacts arrivèrent à Boughmiga de plusieurs personnes importantes, craignant d’éventuelles représailles de ce dernier, ignorant qu’il était en réalité pacifiste jusqu’au bout. Lihidheb Mohsen 09.08.18