samedi 29 janvier 2022

Djerba, le papillon de Wilhi 2

 






                   



Dans le cadre du mouvement de l’action mémoire de la mer et de l’homme, celui aussi de Djerba-Zarzis anthropopolis, ou encore le maraudage de Boughmiga le néandertalien, cette fois, après dix ans, il reprit le chemin d’autrefois, pour voir en profondeur Djerba, l’Île des mangeurs de lotus, celle du musée ouvert sur le monde et celle de la sagesse cumulée et partagée durablement. Curieux et randonneurs et organisateurs d’excursions pour touristes, avaient dit que c’était grâce à mes écrits qu’ils avaient découvert certains endroits de l’intérieur de cette toison d’or d’Ulysse, de Didon et d’Hannibal. Bien sûr, Boughmiga ne pouvait faire la prospection méthodique de Djerba, faute de moyens, de temps et de tempérament. Enclin plutôt à la poésie, l’art sauvage et la fantaisie, il refusait, à un niveau personnel, toute approche sérieuse et linéaire. Comme il fit la connaissance de toutes les ramasseuses de clovisses, les bergers, les tisserands, les petits pécheurs, les potiers, les vendeurs de toutes les sortes des dates locales, les joueurs d’échecs, les vendeurs de livres… il fit aussi la connaissance des endroits isolés, des plages lointaines, des mosquées anciennes y compris les souterraines, des sites punico-romains et musulmans, des forts de guet et de catapultage, de petites collines en étages de Robbana jusqu’à Ajim, des canyons débouchant sur des oliveraies… En effet, en arrivant cette fois, à l’ancienne mosquée de Wilhi, il fut accueilli comme l’autre fois, par un rapace géant, qui prit prestigieusement son vol tranquille, à l’honneur du visiteur. Il serait peut-être le petit fils de celui de 2012. Le bonheur était immense, surtout quand il constata que la construction était restaurée et certains puits béants étaient fermé par des dalles. Toutefois, juste à sa descente du coté arrière, il remarqua l’absence d’une grosse pierre vingt-cinq kg au moins, en calcaire dure et striée par de beaux traits en courbe artistique. Il espère toujours que l’objet avait été transposé au musée de l’Île. Il n’y a plus de délabrement, l’entrée au sous terrain était nette, les inscriptions en plâtre aux toits lisible et l’allure grandiose, au niveau du respect dû à la mémoire de nos ancêtres
. Des chambres avec des lits construits en pierre, étaient aussi propres et soignées. Un peu plus loin, une autre mosquée ancienne, avec sa salle de prière à deux Mihrabs mitoyens dirigés comme il se doit vers le sud-est et des espaces pour le koutteb où les enfants apprenaient en chorale le Coran. Avec une différence, par rapport à la dernière visite, les inscriptions de souhaits, de requêtes, de demandes à la divinité pour une meilleure santé, une fertilité pour les femmes, le règlement d’une injustice…ont été effacé de main d’homme et même les bouts de vêtements laissés pour la cause, sont désormais rares. Il se peut que ce fût dû à l’action de radicaux religieux. A chaque fois, je faisais le tour extensif des marabouts pour constater l’ampleur de la présence humaine et son passage à travers la quantité de poterie cassée et surtout celle colorée par en vert organique.

                   Plus loin, sur la colline surplombant la région d’Agim, d’où le contour de la mer était nettement visible, j’ai découvert un petit canyon creusé par l’érosion pluvial et débouchant sur une belle oliveraie, qui malgré la sécheresse, gardait sa verdure et sa beauté. Des espaces encore des espaces, dont j’ai remarqué cette fois, la grande mise en valeur, par la plantation des oliviers avec certains points d’eau de puits forés et exploités avec des moteurs au diesel.

                    Encore, je confirme encore, cette Île à coté du désert, qui reste un musée ouvert, de verdure, de palmiers, de sagesse, diversifiant les ressources, de la terre, de la mer, de la transformation de l’argile, de la finition de la laine, du commerce avec le monde, de l’exportation des éponges, de l’intégration de la foi, pour faire de cet endroit, un nid de vie, un nid pour les hommes.

                     On verra, si la prochaine fois, il y aura une prochaine fois et Boughmiga survivra aux dangers en cours et trouvera, encore une fois, le rapace à son accueil, au seuil de la mosquée de tous les temps, Wilhi.

                                         Lihidheb Mohsen 26.01.2022  

vendredi 28 janvier 2022

A Djerba, enfin, un peu de justice.

 


                 



A Houmt-Souk, dans le souk, comme un plouk, je faisais ma marche, comme partout, à Zarzis, à Souihel, à Hassi Amor, à Médenine, à Er Riadh, à Cedouikech, toujours à la recherche de livres, d’éléments de jeu d’échec et à l’occasion des bricoles peu chères. Des objets de plus en plus rares, prédominés par les livres scolaires usagés ou les machines électriques. Toutefois, j’ai trouvé quelques livres déchirés et très anciens, auprès d’une vendeuse, assise à même le sol, étalant aussi des produits bon marché. Elle n’avait pas voulu me faire une remise, mais j’étais satisfait de trouver un vieux dictionnaire et un roman à quatre dinars les deux. Traversant le grand espace des vendeurs de fripes, le marché aux légumes, les stands des importations de la Lybie, je suis parvenu au deuxième emplacement des brocantes, bondé par des femmes et des curieux. Un vendeur avait des livres neufs et chromés et avant de me mettre à en choisir, je lui avais dit au préalable, que les livres en ma possession dans le sac ne sont pas les siens, pour qu’il n’y ait pas d’erreur. Alors, il a souri en disant amicalement, qu’il ne va pas faire l’erreur de l’autre vendeur qui avait fait un scandale à ce sujet avec un client. Alors je lui avais dit que l’incident était effectivement avec moi, quand il y a quatre ans, un livre à la main, pour le lire en prenant le café, j’avais marchandé ce vieil homme au sujet de livres de faible importance sans que je ne les achète, mais un peu plus loin, j’étais surpris par le vieil homme derrière moi me demandant le livre en ma possession prétendant qu’il lui appartenait. Stupéfait, j’avais beau protesté, pris les gens à témoin, jura, déclara que je suis en lecture au milieu du livre et je peux lui raconter tous les épisodes avec précision… en vain, il ne voulu pas comprendre et j’étais dans l’embarras, car frapper sur la porte d’une maison vide, d’une tête bornée, d’un homme résolu à avoir raison… ne servirait à rien. Heureusement, je ne me suis pas emporté et réconforté par la compréhension manifeste des assistants à l’incident, au point que l’un d’eux m’avait invité à négliger le problème et une personne inconnue l’avait payé au prix voulu tout gardant le livre chez le vieil homme. En effet, j’étais parti, calme, mais bouillant à l’intérieur, tant l’injustice, la médiocrité humaine et la violence, sont encore dans nos rapports. Vingt minutes après, j’ai rencontré une personne qui était présente, qui me dit que tout le monde avait compris l’injustice, mais devant un vieil homme récalcitrant on ne peut que passer.

                    C’est pour cela, que cette fois, j’avais prévenu le vendeur des livres en ma possession, et combien j’étais heureux de l’entendre dire « Mais non, je ne vais pas faire la même erreur que l’autre vieux il y a quelques années… » et quand je lui avais déclaré que c’était moi la victime, il me salua avec une grande poignée de main et dit que tout le souk était au courant de ce comportement fâcheux et tous les vendeurs avaient condamné son comportement. Enfin, un bol d’oxygène, un réconfort, un regain de confiance dans les hommes et un pénible fardeau ôté de mes épaules. Un sujet dont Boughmiga, n’avait jamais parlé, tant le nonsense et l’iniquité, étaient flagrants.

                    Restant du bon peuple, pour la patrie et le bon peuple, vive la patrie, vive le peuple, même le mauvais, sans exagérer.

 

                                           Lihidheb Mohsen 27.01.2022

dimanche 23 janvier 2022

Ténéré-Zarzis-Lampedusa.

 

                  


A la trace des empreintes humaines, dans la mer, dans le désert ou sur les plaines, Boughmiga le néandertalien dans son action éco amicale, continu sa cavale, en faisant des assemblages, configurations et collages, à travers d’objets provenant de la mer ou d’autres de migrants en galère, afin de sensibiliser les preneurs de décisions, à trouver une solution, à ce drame toujours persistant. L’image est bien claire, du parcours de nos frères, partant du cœur de l’Afrique, de ville en village, à travers les plages du désert, pour faire le Ténéré et son arbre légendaire, pour parvenir difficilement à coté de la mer et de Tripoli, Zouari ou Zarzis, grâce aux passeurs et complices, jusqu’au milieu des eaux à Lampedusa, encore une étape, d’étape en étape, jusqu’au pole des lumières, à l’imago des chimères, mais comme même, il y aurait de quoi manger, un refuge et de la santé. Bien sûr, sans faire l’apologie à une triste aventure, qui perdure, il serait plus juste et serein, de donner à cette ruée vers le nord, des visas et des passeports, pour rester dans la légalité, d’un droit convenu de liberté. Le monde appartient à tout le monde, la terre et l’existence aussi, la justice recouvrera ses acquis pour un Homo Sapiens Sapiens réfléchis…

                        Lihidheb Mohsen éco artiste Zarzis 23.01.2022

jeudi 13 janvier 2022

La bonne surprise de Boughmiga.

 

                   






Cette fois, Boughmiga, se décida pour de bon, à partir tôt le matin, pour faire sa grande tournée dans la campagne avec une brève visite au marché de Hassi Amor, qu’il n’avait pas parcouru depuis quelques années. A part une nouvelle construction, dans la périphérie de la place, c’était plutôt les visages et les métiers qui ont malheureusement changé. Il n’y a plus le marchand de beignets, le forgeron noir dans son trou jusqu’à la taille au milieu de sa boutique, la noble vieille Dame, dans ses merveilleux habits traditionnels, à distribuer la baraka aux petits vendeurs de légumes ou de bricoles où aux femmes vendant les tissus. Un coté pour les légumes et fruits, un autre pour les poules, un troisième pour les moutons et un quatrième pour les vendeurs de grains, de fourrage et de grumeaux…denrées fort appréciées dans cette région pour le bétail à cause de leur qualité alimentaire. Des dizaines de camionnettes cat-cat, s’alignaient devant les grands camions vendeurs de bottes de foin, venant du nord du pays. D’ailleurs, c’est pour cela, que quant on est déçu des prévisions climatiques chaque soir sur la télé, on est aussitôt satisfait de savoir qu’il y aurait de la pluie au nord du pays, le silo de Rome car peut-être il y aurait un peu du reste pour nous. Toutefois, le marché avait toujours gardé son caractère paysan, traditionnel et subsistantiel. Un caractère qui lui donne toujours un charme, sans consumérisme, mais au contraire, avec la disponibilité exclusive des produits locaux de tout genre.

                   Comme il se doit, il profita de la sortie, pour aller voir plusieurs endroits qu’il avait découvert depuis une quinzaine d’années aux alentours, avec les traces des hommes primitifs, nos ancêtres à tous. Comme il le faisait avec la mer, qui chaque jour les courants et les vagues apportaient des objets vers la plage, ici avec la terre, les vents, les pluies les labours, la réflexion du soleil, les trous des rats de compagne et les pattes d’animaux de pâturages ou sauvages, lui permettait très souvent de voir des pierres et du silex taillés. Il trouva de belles pièces travaillées, sauf que dans un endroit, il trouva des constructions d’exploitations modernes et fut accueilli par une horde de chiens qui le dissuada de descendre de voiture. Pourtant cet endroit comme plusieurs, avait été complétement transformé en un immense champ d’oliviers, quelques fois irrigués, dans une sorte de mise en valeur des terres et d’exploitation agricole sérieuse des espaces. Il se rappelle encore, comment certains étaient des espaces rocailleux avec des broussailles sauvages, pour les retrouver cette fois, bien labouré avec des rangées d’arbres fruitiers.

                    Souvent, Boughmiga marchait dans des endroits isolés et très loin de la route, au point, qu’il devait chercher un bâton d’olivier, pour le tenir à la main et avoir un peu plus d’assurance. Il avait souvent entendu des cris de renardeaux, sans oublier ses mésaventures avec les hordes de chiens sauvages au milieu desquels, il se trouva par hasard à deux reprises. Des mésaventures, dont il ne réchappa que grâce à la régénération lui aussi, de son caractère sauvage et férocement défensif. Bien sûr, il suivait toujours les sous bassement de terrains sans dunes où le vent avait découvert le sable et peut dévoiler les éventuels objets anciens. Toute la région, était du paléolithique, dans plusieurs sites, sauf pour Mydher, Khalfallah, et Snam, où le néolithique était manifeste.

                    Ainsi, Boughmiga fit ses huit kilomètres de marche, dans le sable, une bonne distance pour un vieux vagabond des espaces et heureux d’avoir constater les transformation positive des terres.

                       Lihidheb Mohsen éco artiste 11.01.2022

vendredi 7 janvier 2022

Les enfants face au temps.

 

 





Ils avaient commémoré, l’arbre du Ténéré,

De la grande forêt du désert, le dernier,

Qui marquait la piste aux randonneurs,

Aux caravanes de bétail et dromadaires.

Devant cette triste finitude,

Les enfants après leurs études,

Participèrent à l’installation,

Mettant les mains dans la formation.

Avec les objets récupérés de la mer,

Des bouées et des bouteilles en verre,

Pour des couleurs pour les feuilles vertes,

Et le tronc sur une terre déserte.

Un symbole qui les poussa à s’engager,

A replanter des arbres partout,

Les irriguer et les suivre jusqu’au bout,

Pour rendre à la nature sa santé.

Ainsi, comme on le voit, en face,

Des milliers de jeunes se déplacent,

A cause du réchauffement climatique,

De la faim, des conflits tragiques,

Et les conditions pauvres et iniques,

Vers le mirage du nord magnifique.

Ils passent des années, d’étapes en étapes,

Pour arriver à la cote et traverser,

Sur des embarcations vétustes, la méditerranée,

Dans des conditions de périls, et risques d’arnaque.

Comme l’arbre du Ténéré, a droit à la vie,

Les migrants aussi, ont droit au bien être, sans haine,

Pour peupler la terre, de paysages fleuris,

Et participer ainsi, à la civilisation humaine.

Que vivent les jeunes et les vieux, militants,

Soucieux de la nature et de l’ambiant,

Ceux qui se préoccupent des migrants,

Solidaires, compréhensifs et humains.

 

Lihidheb Mohsen éco artiste 07.01.2022

mercredi 5 janvier 2022

Zarzis, le sentier des âges....

 




 Comme ils doivent se tortiller,

Dans leurs tombes recroquevillés,

Les esclaves Romains par centaines,

Qui vers l’immense tripolitaine,

Bâtirent des sentiers de communications,

Entre les peuples colonisés d’antan.

Il est encore visible à Alouane,

Ce chemin aussi grand que l’actuel,

Servait surement au cheval,

Et aux traits des vaches et des ânes.

Voilà-t-il, depuis, on n’a pas fait grand-chose,

Stoïques, béats et moroses,

On continue notre bout de chemin,

Vers un prédéfini destin.

Il aurait été injuste d’exiger maintenant,

De grandes pyramides et des théâtres géants,

Des murs de chine qui renaissent encore,

Ou des esclaves révoltés et gladiateurs….

Mais il aurait suffi, d’avoir une paix durable,

De développer la sagesse humaine,

D’éradiquer maladie et pauvreté pérennes,

Pour permettre à tous, une vie agréable.

Alors, voilà, la piste que firent les géants d’autrefois,

Que certains détruisent tout au long du lac salé,

Laissant notre mémoire faillible en émoi,

Et notre devoir et apports, nettement incomplets.

 

Lihidheb Mohsen éco artiste

Mémoire de la mer et de l’homme 05.01.2022