lundi 25 juin 2018

Religion et lumières.

Quelques fois, il faut bien faire un temps d’arrêt, un moment de réflexion, une pause du guerrier, une introspection extravertie, une dénudation du travestie culturel, une cavalcade dans le parcours de la mémoire, une focalisation passagère sur les erreurs commises et subies, une revue sur les contres pieds et les déconvenues du chemin de la vie, une méditation transcendantale en spirale vers le créateur et l’au-delà, il faut bien un bain de foule avec les galaxies, les gaz vagabonds et les trous noirs, un squat en stop sur une comète allant nulle part, une explosion fictive dans l’immensité de l’univers, un attouchement amical de ses propres composants physico-chimiques avec celles dans les espaces…, il faut bien donc, quelques fois, un « in », un « on » et un « en plein dedans », pour crier bingo, victoire, pour la saisie de ce laps, blitz, de vie offert par l’amabilité de la divinité. Un donquichottisme minuscule et insignifiant qui par son chaotique et son incohérent, s’inscrit obligatoirement dans le mouvement universel du créateur et ses créatures. « Just moove », il suffit de bouger, bouger, pour vivre et laisser vivre, pour créer et recréer la synchronisation des éléments des mouvements. Alors, comme ça, Boughmiga, une clone comme toutes les autres, avec quelques différences de tempérament, s’escrimait dés le debut, en soliloque intrinsèque, avec les vicissitudes du temps tout en apprenant des erreurs, des claques, des échecs, des chutes, du courroux paternaliste…un fond accumulé de raison et de bon sens. Un « nie wieder », un « never again », un « plus jamais ça », qui rappellent tragiquement les catastrophes humaines, mais, mais, dénoncent solennellement l’instrumentalisation des holocaustes et des génocides pour justifier de plus en plus atroces. Juste pour dire que le parcours de vie d’une personne ou celui d’un groupe humain, les compromis d’un homme pour l’intégration et celles des hommes de décisions, ne sont pas contradictoires et pourraient paradoxalement cette fois, à ce niveau du développement général, faire un grand compromis majeur et irrévocable, pour la paix et l’humanité. Enragé de vie, mordant dans la fameuse pomme d’Adam et évitant de regarder la feuille de vigne d’Eve, tout en restant humble, discret et insignifiant, Boughmiga, nageait dans touts les sens, à embrasser tout ce qu’apportaient les vagues du quotidien. Depuis la planche de l’école coranique, il n’a pas cessé de lire dans plusieurs langues et chercher à approcher certains auteurs dans leurs propres langues comme James Joyce, Jack London, Goethe, Nietzsche, Musil, Shakespeare, Dante, avec une certaine difficulté pour ce dernier. En plus des leçons de la vie, les lectures permettaient aussi de sauter sur celles d’autrui et profiter de milliers d’expériences et de réflexions. C’est ce que je disais aux enfants des bibliothèques, que lire cent livres, revient au fait d’avoir vécu cent une fois. Bien sur, cette prédisposition intellectuelle anonyme, m’avait permis d’aborder touts les domaines de la vie et devenir l’ennemie numéro un des autorités. Cet omni présent, cet insaisissable, ce poète de constats contestataires, cet opposant permanant, ce conscient dangereux de nos manigances et nos erreurs, cet agitateur politique, cet humaniste sauvage, ce francophone qui serait un agent des Français, cet anglophone qui serait une antenne pour les Wasp, un germanophone qui serait l’agent de Berlin, cet ami des Libyens qui serait un homme de Kadhafi, un ami des particularistes malgré eux et malgré nous voir les noirs, les juifs, les minorités biologiques, les émigrés, les pauvres, les opposants…qui serait l’un des leurs, ce tireur sur tout ce qui bouge de la médiocrité et le bon sens pour une éthique de vie meilleures et des avertissements précurseurs et qui serait un agitateur anarcho-machin, ce syndicaliste initiateur de base et certainement inféodé radical à la centrale, ce défenseur des droits des familles des islamistes en cavale, pour un minimum de vie décente et qui serait l’un des leurs, cet activiste écologique et écologue qui serait un danger permanent…en bref, ce Boughmiga, qui n’a pas une raison d’être ou toutes les raisons d’être et il faudrait trancher pour minimiser les risques et le neutraliser. Pendant qu’en réalité, Boughmiga n’était que l’espion fidéle à lui-même et fondamentalement à Dieu le tout puissant s’il le veuille bien. Ainsi fut fait, une menace de mort, une mise en quarantaine administrative, des dizaines d’inspections iniques et infructueuses, une douzaine de pièges et « dirty tricks » pour faire tomber Boughmiga, des informateurs constants tout autours de lui, des agressions de clients programmées, des douzaines de procès verbaux administratifs ridicules, une bonne cinquantaine de pénalités pour des excès de vitesses imaginaires et commandités par l’intelligence brute et brutale, deux tentatives d’empoisonnement par la boisson, des intrigues de destruction programmée de sa personne….tout cela, et il ne faisait semblant de rien, comme si de rien n’était et subissait toutes ses iniquités comme si elles étaient normales, et ce par sa force de supporter la violence, l’inséminer par la sagesse et la transformer en énergie fulgurante et un élan foudroyant et optimiste. A des moments, il réalisait comment il était cloitré, trappé, biaisé, eu… et foutu jusqu’au bout, mais paradoxalement, il mettait la cinquième vitesse et au lieu de choir, démarrait en vitesse vers les horizons du combat juste. Bien sur, dans tout ce micmac entêté, il y a des moments de compromis, des leurres comportementaux, de couvertures aveuglantes, des brouillards propageant le doute, des préjugés mentaux maitrisés…afin de déjouer la machine infernale de la déchéance et de la violence, car Boughmiga, avait bien une famille, une grande famille, à nourrir et à entretenir avec son maigre salaire. Il devait aussi faire passer son action écologique insolite et prédicatrice, sans toucher à ses principes d’activiste humanitaire recalcitrant. Il faut dire qu’avec la baraka des ancêtres, il y avait aussi un parent dans le milieu militant social et à qui je voue beaucoup de gratitude, qui avait intervenu à certains moments pour m’éviter la prison et le lynchage haut et cour. Pourtant, Boughmiga pense, que la prison aurait été plus facile que les « stalkation » journalières et non stop et les souffrances à chaque moment de la mainmise du mal cynique et gratuit. Dernièrement, même après la grande compagne d’information de l’ouverture du « musée » écologique au public, seuls deux jeunes étudiants en cinéma, étaient venu filmer l’action de Boughmiga en se concentrant particulièrement sur l’émigration clandestine. Le jeune occupé à prendre des séances et des photos et la fille m’inonda de questions, tout en restant quelques fois silencieuses et contemplatives. A un moment de ma narration de ce drame, j’avais remarqué des larmes dans ses yeux et certainement une solidarité avec les victimes de cet exode écologique. Elle était surprise de l’ampleur de cette action tout azimut, et à travers la perspicacité de son questionnement et son intérêt, j’ai pu retenir une de mes idées volatiles et insaisissables dans les mouvements de mon corps et mon esprit, que voici : « Moi, Lihidheb Mohsen, Boughmiga le néanderthalien, je peux affirmer et confirmer, que pendant toutes mes activités de baroudeur stoïque dans des conditions de pauvreté et de fragilité énorme, que devant mon entêtement déterminé et constant, et malgré les soupçons injustes, j’avais deux supporters, sponsors et référents majeurs, qui étaient premièrement les valeurs de l’islam local et paisible et deuxièmement, le temps des lumières de l’homme et sa civilisation universelle de voltaire et de Rousseau. » Lihidheb Mohsen 25.06.18

dimanche 24 juin 2018

Medenine, opération commando.

Comme d’habitude pour visiter le souk de Médenine, il faut y aller très tôt, avant le levé du soleil. Cette fois, à cinq heures et demie, le soleil pointait déjà sur l’horizon de la mer et me dirigea vers l’ouest pour faire mon parcours entre les légumes et les brocantes et revenir avant la montée fameuse de la température de Médenine. Il parait que cette particularité climatique, revient au sol gypseux et argileux de cette région. D’ailleurs on peut toujours constater en hivers et en été, la différence et la teneur de l’ambiant, à partir de Khalfallah, à l’aller ou au retour, qui parvenait souvent à dix degrés. Sans incident, ni précipitation je parvins là-bas quand les marchands de légumes ambulants mettaient encore leurs étalages et déversaient les sacs de piment et coupaient les potirons. La plupart d’entre eux venait du centre ouest, lieu intense de production de légumes et seuls quelques détaillants à même le sol et avec des balances manuelles, proposaient des tomates, des piments…ou les fruits de saison, du producteur au consommateur. Confirmant mes descriptions précédentes de cette rencontre populaire et l’observation étrange de Boughmiga, qui quand il s’arrêtait à voir les passants, il pouvait juste par la vision du profil du visage et l’allure générale du corps, identifier, les Hawiwi, des Wederni, des Abbessi, des Akkeri, des Djerbi, des Touzni, des Jelliti, des Douiri et Chnennawi et aussi des gens du nord. Sans recourir aux particularités lexicales, pour fixer certains, on peut dire que le look des traits du visage et la forme du corps suffisaient et même les Libyens qui font parti des sections anthropo-linéaires même s’ils ne se manifestaient pas par leurs particularités vestimentaires. Juste pour dire, que le bain de foule est très agréable, dans ce petit monde hétéroclite et diversifié. Malgré le fait que nos concitoyens de couleurs, sont identifiables au point de voir les origines soudanaises par leur noir foncé, les maliennes par leur physique maigre, les sénégalaises par leur stature…et le melting pot, prédominant dans le nord est de Médenine, reste difficile à retracer. Dans ce marché immense de chaque dimanche, qui prend tout le long de l’oued traversant la ville sur deux kilomètres au moins, les légumes, les habits, les volailles et le brocante, permettaient une longue marche que Boughmiga appréciait beaucoup de bon matin avant la chaleur. Comme il se plantait souvent, dans des fixations capricieuses et subites, il lui arrivait d’acheter sur une bonne période, des radios juste pour rendre hommage à la musique, des chaines métalliques juste pour compatir avec les victimes du commerce triangulaire, de la poterie ancienne et des couvercles en laine tressées à la main juste pour la mémoire des anciens et les femmes actives, des livres dans toutes les langues quand il y en a pour les lire et remercier leurs auteurs, des caisses et ustensiles qui auraient servi pendant les dernières guerres pour penser aux milliers de morts bêtement. Malgré que certains objets aient servis dans le « musée » écologique et culturel de Boughmiga, ou dans sa grande bibliothèque personnelle, cette fixation comportementale lui avait coûté très cher surtout quand il passa une bonne période à prendre des photos en papier de toutes les traces d’animaux qu’il trouvait dans les plages pour lequel il payait ses salaires complets. Maintenant, des centaines de photos sur papier, dépassées, mais heureusement pris sur le numérique dernièrement. Peut être c'était un instinct d’accumulation, un réflexe de survie qui se manifeste nettement dans son action avec l’ambiant, comme s’il était le dernier des vivant et cherchant le souvenir des autres et voulait à tout prix sauver les éléments de la vie et leurs profonds mouvements. Depuis quelques mois, les produits s’uniformisaient sur l’électronique ou les objets aux spécifications suspectes provenant de la Libye. Un vendeur de thé, qui vendaient aussi des livres au début, avec sa carriole usée, avait offert à Boughmiga un bon petit casse croûte de pain et de salade fait à la maison puis un verre de thé noir. Un client engagea la discussion et parla du dernier grand naufrage des émigrés clandestins disant qu’avec les deux milles dinars pour la traversée, ils auraient aussi achetés des habits et gilets gonflables de sauvetage et de flottaison, pour seulement quelques dinars et d’avoir ainsi survécu. Il apprécia aussi l’idée, devant la dernière décadence footballistique, de devoir s’ouvrir sur le monde et s y intégrer, tout en gardant ses propres valeurs culturelles. Entre les étalages de vêtements usagés, une véritable aubaine pour les pauvres et même la classe moyenne, il y a un stand portant depuis des années un tas de livres, dans toutes les langues et rares étaient ceux qui pouvaient en acheter parce qu’ils étaient en anglais, en allemand ou en italien. Une bonne occasion pour Boughmiga que les œuvres importantes restaient à sa disposition. Dans le même stand, il avait remarqué la dernière fois, il y a trois semaines, un bouquin en anglais, « the bible », qu’il acheta cette fois, pour un dinar, non seulement pour son prix, mais aussi à cause de son devoir de respect aux livres sacrés. Même s’il se considère musulman, aussi bien culturellement, sa condition de penseur et de grand lecteur de livres, l’amenait à respecter toutes les religions et croyances. Passant par le petit attroupement de vendeurs, d’acheteurs et de curieux autours des volailles, entre les poules aux pieds enliassés, les poussins dans des cartons, des lapins en noir et blanc, des canards multicolores Egyptiens, des dindons, des pigeons, des cailles d’élévage, des œufs de compagne…des oiseaux de compagnie, des perroquets verts, il remarqua un hérisson dynamique dans une grande cage d’oiseau pour lequel son jeune propriétaire avait demandé cinq dinars. Il avait certainement faim et devant la remarque à ce sujet, le jeune avait juste rigolé. Il ne savait pas bien sur, que Boughmiga l’achèterait pour le remettre en liberté dans les oueds viables pour la vie animale. Faisant encore un tour au milieu des petites bêtes et des marchandages, il pensa offrir à ses petits enfants des poules et des canards, pour qu’ils aiment les animaux, mais il se ravisa pour préparer avant un poulailler convenable. Revenant au vendeur de l’hérisson, il rencontra un homme transportant avec un air grave des tortues naines dans un carton et qui demanda à Boughmiga pourquoi il regardait avec insistance alors il lui répondit « je regarde ses malheureux ». C’était juste en ce moment, qu’il réalisa que c’était un agent de l’ordre, qui confisquait toutes les bêtes sauvages proposés à la vente dans ce souk. Cette descente, lui avait été confirmée quand il avait vu un homme en treillis vert avec l’hérisson dans sa cage qu’il avait vu tout à l’heure. Il parait que c’était la brigade des forets responsable de la vie des animaux sauvages. J’avais entendus l’un d'eux déclarer à haute voix que la vente des animaux sauvages est interdite. J’avais circulé encore sur la place pour voir la rigueur de cette rafle insolite et j’étais convaincu du sérieux de cette démarche ô combien salutaire malgré qu’elle avait bien tardé. Plus loin, j’avais aussi remarqué un autre agent en tenue réglementaire faisant le guet pour prévenir toute fuite des vendeurs d’animaux illégalement. Bravo et mille bravo à cette initiative, qui malgré son efficacité, devrait être constante et accompagné pour toute une compagne de sensibilisation, par le contact direct avec les parties, les associations et les medias. Il faut rappeler que dans la médication traditionnelle, certaines personnes recommandaient le sang de l’hérisson, la viande de la tortue, celle d’un lézard, le cœur du chacal ou la foi du renard, pour une guérison supposée de maladies imaginaires. Toutefois, c’est une très bonne nouvelle pour assainir le souk de Médenine et déconstruire tout un système d’offre et demande d’animaux sauvages, par la loi, la vigilance et la désillusion. Lihidheb Mohsen 24.06.18

mercredi 20 juin 2018

Quand la nature sauve son paradis.

Quand la nature sauve son paradis. Il fait désormais chaud au milieu du mois de juin, à Zarzis, sur le littoral sud est de la Tunisie, malgré que nous avons eu un bon climat tout au long du mois de Ramadan, mois de jeûne et de recueillement, ce qui poussa Boughmiga à réduire drastiquement ses sorties vers la mer ou vers les sites et stations historiques découvertes au fil des randonnées. Toutefois, il trouve toujours une issue et un chemin à défricher, comme cette fois quand il faisait frais et nuageux et les touristes, en majorités des Russes sortaient au village, à errer à l’aveuglette, sans comprendre grand-chose du bled et ses habitants, alors Boughmiga eu l’idée de proposer son « musée » espace écologique et artistique mémoire de la mer et de l’homme, à visiter et donner ainsi à ces visiteurs potentiels un produit touristique insolite, intellectuel et humain. Pour cela, il fit le tour des hôtels de la région un à un, où il fut bien reçu chez quelques uns, d’autres juste pour la forme et la bienséance, certains avec une animosité criante dés le contact avec le gardien du portail, pendant que quelques uns étaient formidables, malgré le fait, que voilà deux semaines depuis, no body came, personne n’est venu, nada, pourtant, j’avais bien affiché le tarif de l’entrée au musée, « gratuit, gratis, free, bellouchi… » et il suffirait de voir le monde autrement, de réfléchir sur la condition humaine et admettre, que nous autres aussi, les paysans du Sahara, avons une éthique de vie et une vision juste et équitable des difficultés humaines. Depuis, j’ai ouvert l’espace pour prendre l’air et puisque personne ne venait, je passais mon temps à lire des livres, ponctuée par des marches en huit entre le local couvert et le plein air artistique et ce, après chaque deux pages de lecture ou des gestes mécaniques de musculation et ainsi de suite pendant deux heures au moins, pour aller ensuite au café proche, à jongler les parties blitz de jeu d’échecs. Alors de l’Hemingway, de l’Updike en allemand, du Dostoïevski, du Musil…visitèrent les tréfonds de mes espaces et les plaisirs de mes fantaisies et honorèrent l’espace mémoire de la mer et de l’homme par leurs passages même fictifs. Malgré le manque de visites, j’avais trouvé ce rythme agréable et entre la lecture, le café, le sport, les acquis artistiques, les souks, le net et la pétanque, il ne pouvait y avoir de mieux, mais, avant-hier, mon fils m’avait sommé d’aller présenter ma voiture au garagiste de l’autre bout de la région, afin de la préparer à la visite technique. Il faut bien obéir quelques fois, gérer les imprévus et les ordres convenus et vers huit heures et demi de ce jour là, il m’a fallut déposer la tire au garage de la route de Djerba, pour couper à pieds à travers ruelles et champs vers l’est, vers la mer, vers Souihel. J’ai longé les quelques arbres et m’arrêtais à photographier les monticules de déchets, dans les cartiers chics en profitant de petites poses sous l’ombre des constructions verticales. Choisissant un raccourci pourtant goudronné, comme l’autre fois à un autre niveau de la colline plus au sud, le passage se terminait et finissait en impasses et desservait uniquement les quelques maisons sur les bords des collines. Sans la moindre signalisation de prévention, il m’avait fallu à chaque fois, revenir et chercher d’autre passages, pour finir avec une petite ouverture, entre deux maisons, submergée de déchets et qui ouvrait directement sur le vallée descendant vers le village et la mer. Une descente abrupte, qui m’obligea à descendre doucement pour ne pas glisser sur les graviers et les monticules d’argile glissants. Quelques sentiers de piétons d’humains et d’animaux étaient visibles et je suivais les plus utilisés malgré le fait que les traces étaient exclusivement celles de chiens errants. Même sur les terrains vagues, les empreintes de leurs jeux ou les trous à même les haies et le sable, cherchant la fraicheur, étaient visibles et fréquents. Avec la chaleur de plus en plus forte, je constatais le relief et les pierres à la recherche, comme d’habitude, des traces de l’homme primitif, quand j’ai remarqué une colonne de grandes pierres parallèles plantés dans la terre à un intervalle de quarante centimètres et sur une vingtaine de mètres de long. Une construction surement humaine qui aurait certainement quelques milliers d’années, sans pouvoir comprendre sa raison d’être surtout quand elle allait en oblique comme une tangente sur le flan de la colline. Cette même manifestation humaine ancienne, qui équivaudrait aux menhirs, avait été constaté par Boughmiga à plusieurs endroits dont, le bout nord de Saguit Sola sur une cinquantaine de mètres, au site historique de Ziane sur trois kilomètres sur une ligne longitudinale allant jusqu’à la ferme coloniale Geaufreteau et plusieurs lignes similaires et constructions sur le flan de la colline de Ras Dhahra avec une netteté déconcertante et un vestige historique monumental. Avec cette découverte majeure, j’avais continué progressivement, à contourner les figuiers à la recherche sans succès du « hirguil » des figues précoces et à sillonner les terres susceptibles d’avoir abrité autrefois l’activité humaine. En effet, au milieu d’un terrain élevé avec un léger brûlis et parmi des pierres, j’ai trouvé une roche avec un revêtement ancien de gypse mélangé à un granulé de poterie, en plus d’une pierre naturellement lisse avec des cassures et une partie de la surface très polie. Descendant de plus en plus, montant et remontant les vallées, stupéfait par le naturel du paysage, où seuls les traces de chiens sauvages prédominait, il n y avait pas de pollution à part celle prés des maisons des collines limites, certainement à cause de l’impossibilité d’accès mécaniques à ces endroits isolés et paradisiaques. Bien sur, les dégâts des bulldozers étaient visibles pour créer un accès, pour défricher un terrain, pour la construction ou pour faire un barrage de sable pour la rétention des eaux de pluies. Entre des sillons d’argile déplacée, j’ai pu trouver des ossements effrités et qui paraissaient très anciennes. J’étais impressionné par de petits palmiers juste à coté d’une colline et les pris en photo comme si je voulais les fixer définitivement dans mon mouvement éco artistique et les extraire d’une dégradation irrévocable. Tout de suite après, dans un terrain fraichement labouré, j’ai trouvé l’objet le plus important de cette cavalcade tout terrain, que j’avais vu de loin malgré sa petite taille. C’était un bout d’éclat d’œuf d’autruche, qui avait toujours accompagné les traces des hommes primitifs avec le silex et les coquillages. Cette fois c’était juste cette trouvaille, qui n’était pas espéré, et qui dénote du passage, aussi peu fréquent était il, de mes ancêtres dans mon village. A deux reprises des chiens furent surpris et aboyèrent pour le principe dans ma direction, pendant que de petits enfants, un peu loin, étaient descendus des maisons de la colline pour jouer sur les sables fins de l’oued. J’ai commencé à sentir de la fatigue surtout lors des deux dernières ascensions de colline pour parvenir à la fin à un marabout au milieu d’un cimetière ancien. Le paysage était très beau et l’édifice ouvrait directement sur la mer, au dessus d’un flanc de la colline surplombant l’oasis maritime de Souihel. AU milieu de broussailles sèches, j’ai parcouru les noms des inscriptions sur les tombes et j’ai reconnu quelques uns dont certains par oui dire. Derrière la construction maraboutique, à l’ombre, sur une surélevèrent de la surface de recueillement et de collecte de l’eau de pluie pour le citerne, je suis resté un moment à contempler le paysage ouest, de la colline et les figuiers, palmiers, amandiers et anciens cours d’eau. J’ai honoré l’endroit par une prière à la mémoire des morts et aussi les Meddeb de l’école coranique qui s’étaient certainement assis en cet endroit, le matin à donner des leçons aux enfants des pauvres paysans. A part les maisons, ces intrusions grotesques, le paysage aurait été toujours le même et les figuiers et autres arbres fruitiers, étaient très revendiqués sur un périmètre de quelques kilomètres autour des marabouts et mosquées. Une attitude écologique, qui permettait aux fidèles de se nourrir et à préserver les arbres des labours et de la voracité des caprins. Pendant que je m’asseyais, bien derrière le marabout, un oiseau migrateur, passa juste au dessus de ma tête, et combien fut ma joie car depuis un certain temps je m’extasiais à dénombrer leurs passages et écouter leurs cris longeant la colline de Souihel. Maintenant, je sais globalement le rythme de leurs passages diurne et calculais souvent leurs discontinuités, et les distances entre leurs poses sur les marais d’Ejdaria et celles Oglet Amor. Je sais aussi les endroits de leurs passages obliques à travers le presqu’île de Zarzis, de Rouiss, pour passer au dessus des Ras Dhahra « Miladi », puis vers la route Djerba « El Aref », puis comme on vient de le voir au dessus du Marabout, pour longer ensuite la colline parallèlement mitoyenne avec l’oasis et la mer jusqu’aux régions humides entre Zarzis et Djerba. Sortant de ma turpitude, j’ai contourné et visité l’édifice à la pointe de mes pieds, pour constater des tombes sur la terrasse et deux portes ouvertes des trois Ghorfas qui contenaient aussi des tombeaux avec des inscriptions familiales. Malgré l’ouverture du cimetière à toute une tribu, comme partout à Zarzis avec sa cinquantaine de lieux d’enterrements et qui est l’unique à avoir depuis longtemps, un pour les chrétiens, un pour les juifs et plusieurs pour les musulmans, le nom d’une famille prédominait et il parait que l’endroit était leur donation ancestrale aux gens tout en y joignant l’école coranique aux enfants. Comme pour les marabouts, à savoir Sidi Sayeh, Sidi Ali Ben Abid, Sidi Jmour, Sidi Khleyf, Sidi Zarzis et El Ghriba, qu’il fallait créer s’ils n’existaient pas, les cimetières aussi étaient des identifiants sociaux donnant aux différentes tribus des référentiels fédérateurs et légitimistes et un droit de regard sur les propriétés et le respect des différences. Une situation relativement différente de celle de certaines zones de Djerba, où certains avaient appelé leurs descendants de les enterrer à même la propriété afin de prévenir la vente de celle-ci ou les risques de la concéder d’une façon ou une autre à autrui. Malgré le fait qu’elles reviennent désormais à la commune, qui n’a pas encore gérer ses espaces car on voit encore des alignements tribaux sur des cimetières bien déterminés alors qu’il y a d’autres plus proches. Le fait se pose aussi, pour l’enterrement des émigrés clandestins, dont plusieurs sont d’origine africaine, parmi lesquels un bon nombre avait été inhumé à coté des musulmans avant que les espaces ne deviennent très réduits. Pour honorer touts les morts et à cette occasion, il y a lieu de signaler la nécessité d’acquisition de terrain pour un nouveau cimetière d’urgence pour les inconnus et avoir ainsi des repaires scientifiques, plus de dignité humaine et une responsabilité légale et civile obligatoires. Ainsi, très fatigué, avec la chaleur, j’ai terminé ce parcours de marche dure « hard training » de six kilomètres au moins, pour parvenir de nouveau à mon quartier Béni Ftaiel, sous les regards interrogateurs des gens assis çà et là, sur les terrasses des cafés du désœuvrement. Je savais cette fois, pourquoi j’étais heureux et optimiste, en constatant ses régions sauvages et encore loin de la main des hommes « destructiss ». Une bande de terre allant sur une quinzaine de kilomètres, située entre les habitations de la colline et celles de l’oasis et sauvée par son aspect accidenté et difficile à accéder. En effet, à partir des vergers de Ziane, de Ras Dhahra, des Mcharkia, de Ksar Zaouïa, d’Oued Abdennebi, des Dhawi, des Dziri, des Maatig, des Msallmin, de l’oued Hlayel, de l’oued Jilani Bouali, d’El Hellou, de Saguit Sola, d’Oued Ezzitoun, des Knis, des Gdiri, des Ben Aouida, des Khenissi, des Khammar, des Greb, des Jalouali...une série d’espaces paradisiaques, de figuiers, de vignobles, d’amandiers, de pommiers et de palmiers, qui restent encore malgré l’homme moderne dévastateur et irresponsable. Paradoxalement, Boughmiga se rappelle bien quand dans les années quatre vingt, il avait appelé lors d’une réunion publique à la maire, de ne plus construire dans la palmeraie de Souihel et d’investir la colline par des concentrations urbaines à chaque trois kilomètres, sans trouver le moindre écoute ou le moindre intérêt à sa proposition. Une situation où la colline fut sacrifiée au profit du bétonnage, l’oasis aussi malheureusement et seule cette bande de verger reste encore écologiquement et humainement « viable », Dieu merci.Voilà donc, une invitation expresse pour visiter, partager et s'établir dans mes espaces, de bonheur de gratitude et d'amour de vivre. Lihidheb Mohsen 19.06.18

samedi 9 juin 2018

Kerkennah, que faire devant ce drame des Harraga.

Voilà cinq jours que le bateau des émigrés clandestins avait chaviré dans la mer des Îles Kerkennah, laissant des victimes, des disparus, des parents endeuillé et tout un pays dans la tristesse et le désarroi. Des jeunes et moins jeunes, des femmes enceintes…avaient été rassemblé par groupes en pleine mer, par des petits bateaux à moteur rabatteurs, jusqu’à la grande bateau mère en rade dans la mer. Le nombre était visiblement au dessus de la capacité de cette flottille de pêche qui ne pouvait supporter les cent quatre vingt personnes de toutes les nationalités. Un acte au su et au vu de tout le monde, y compris, les autorités, les parents…et surtout les émigrés qui risquaient consciemment leurs vies pour un rêve incertain. Pendant que les autorités répondaient à une faiblesse manifeste, un machiavélisme sournois et un guet stoïque, les parents se rassuraient par l’ampleur du phénomène, sa répétition, ses réussites et sa présence normale dans le paysage des horizons à découvrir, les jeunes émigrés de leur coté, répondaient à un appel culturel irrésistible vers le nord qui miroitait les valeurs et produits de l’occident tout en rabaissant tout ce qui était local, répondaient aux quelques cas de revenants avec de bonnes conditions de vie et de bien être et répondaient aussi aux pressions des parents, il faut le dire, qui eux aussi incitaient leurs garçons à faire comme les autres et chercher à touts prix la réussite et l’amélioration de la situation. Cette pression familiale allait dans les deux sens, car plusieurs jeunes avaient aussi menacé leurs familles de bruler la maison s’ils ne trouvaient pas le prix de la traversée en mer. Bien sur, avec l’omniprésence, des passeurs, des rabatteurs, des sponsors cyniques, partout dans le monde où l’éthique humaine se dégrade et ne mesurent plus l’impact de leur délinquance, avec le grand taux de chômage et le désœuvrement comportemental, le phénomène des vases communicants, fonctionnerait automatiquement et transborderait l’écoulement les masses de flux humains. Comme dans chaque problématique, plusieurs éléments et causes font la présence de ce phénomène, comme plusieurs solutions, successives, simultanées, cumulatives, comportementales sociales, conjoncturelles, contribueraient à atténuer graduellement cet exode à haut risque. Ainsi, après les pleurs, les colères, les lamentations…fortement justifiées, il y a lieu de comprendre l’ampleur de la Harga en soulignant ses éléments et délimitant les rôles réels et supposés de toutes les parties. Donc, on peut dire que les partenaires sont à priori cinq, les parents, les émigrés clandestins, les passeurs, les autorités…et les autorités d’accueil. - Les parents : Généralement ils ne sont dissuasifs devant la pression de leurs enfants et aussi leur harengade de ces derniers jour et nuit pour qu’ils fassent comme leurs semblables et devenir riche, même d’apparence. Plusieurs d’entre eux investissent dans la traversée par hypothéquer leur maigre épargne ou vendent les quelques moutons, tout en s’alignant bon gré malgré, sur un créneau aux deux tiers aboutissant. Il faut dire, que dans un pays sans grandes ressources naturelles, que l’investissement capital était dans l’énergie humaine et sa débrouillardise, que cette ruée écologiquement naturelle reste préférable à celle programmée ou instrumentalisé pour les guerres officielles et officieuses, que la culture et l’éducation avaient toujours rabaissé le produit local, que la scolarisation avait perdu son rôle éducatif et de tremplin certain pour les pauvres, que le dénigrement du savoir et de la connaissance sont devenus une règle à même les médias officielles, que l’ancien régime ancien avait bien entretenu la mentalité de l’arnaque et du gain facile, que le chômage, la pauvreté, la cherté de la vie, les exigences excessives pour le mariage et la vie normale, que la société perd toutes les réussites personnelles traditionnelles et se fixe sur celle de l’émigration au point de célébrer des fêtes lors de l’obtention de papiers ou de nationalité étrangère, Que plusieurs parents au lieu d’éduquer leurs enfants à la tempérance, l’intégration, l’éducation et la mesure des risques, les accompagnent, quelques fois malgré eux, par des youyou et des souhaits fantaisistes, Que ce jeune même, n’a jamais été respecté, jamais reconnu en tant que tel avec ses différences s’il en avait, jamais entendu un bon mot ni à la maison, ni à l’école et encore moins dans la rue, jamais considéré digne même pauvre et poussé à devenir un boulet à canon pour la richesse et l’opulence fictive…que ces mêmes sous victimes, les parents, suivaient l’itinéraire de leurs enfants sur la route de la mort, l’amertume dans l’âme…pour blâmer quand sa foire, l’autre, pendant que toutes les parties sont responsables et condamnables. - Les émigrés clandestins : Comme on l’a dit avec les parents, les enfants sont aussi malmenés entre la lassitude des écoles, l’absence d’emplois, la pauvreté générale, l’attraction irrésistible de tout le monde vers les pays du nord, l’absence d’horizons « légaux » et pataugent dans l’auto suggestion du risque zéro. Comme ils baignent dans le parcours conceptuel collectif, comme toute la société à plus grande dimension, on ne peut les blâmer individuellement tant leurs élans sont pour le bien être et répondent pour certains à un reflexe de survie et d’échappatoire, une façon de sortir d’un goulot d’étranglement réducteur et partial, hérités par un assujettissement constant à travers l’histoire moderne. Rependant à cet appel, allant dans le sens du sociétal, suivant les pressions de l’ambiant économique et humain et surtout les pressions des parents, l’émigré clandestin, emporté aussi par un faux espoir, se laisse faire jusqu’au bout par les éléments d’un drame potentiel et fortement possible. Sans minimiser l’impact de cette catastrophe, qui n’est ni la première ni la dernière, le libre arbitre, la liberté même et la marge d’action, étaient très réduis pour les Harraga, délestés de leurs portables, isolés dans des ghettos de concentration et exténués par de longues attentes, dans une préparation esclavagiste programmée. Dés le paiement et l’acceptation du contrat tacite de transport, les jeunes devenaient l’otage exclusive des passeurs et devaient obéir aveuglement au risque de se voir jeter dans la mer. Dans cas de figure, ils étaient en petits nombres ramenés d’endroits épars vers le bateau collecteur invisible aux abords de Kerkennah. Depuis ce moment, ils étaient à la merci des événements, les circonstances, l’organisation et les caprices des passeurs et du capitaine du Bateau. Ce bateau qui était en grande surcharge, prenait de l’eau et ne pouvait assurer cette croisière macabre. A un moment de désespoir, le capitaine fit une manœuvre de déséquilibre et quitta précipitamment l’embarcation qui se renversa sur la majorité des ses occupants. Il parait que plusieurs d’agrippèrent à la coque pendant que les secours appelés à vingt trois heures, ne parvinrent que tôt le matin, après cinq heures perdus à attendre. Il parait qu’une petite barque de pêche, aurait sauvé quelques uns, deux par deux jusqu’à la cote. Quatre vint et un corps fut repêché jusqu’aujourd’hui et presque une cinquantaine reste à encore à trouver dans la petite syrte. L’un des rescapés avait affirmé que c’était sa sixième tentative et compte encore essayer de partir par la mer, une affirmation qui témoigne de l’ampleur de l’acculturation, le degré de sacralisation du nord et la soumission inconditionnelle à un leurre effectif. - Les passeurs : Il en existe partout dans le monde et surtout dans les zones frontalières et autours des ports où des personnes visiblement normales répondaient aux opportunités de gagner de l’argent fournis par les conjonctures d’insécurité, de chaos et de flux migratoire. C’étaient les circonstances qui faisaient les passeurs qui pour gagner de l’argent facile, se convertissaient de leurs métiers habituels en organisateurs et pourvoyeurs de services de traversées par la mer. On était témoin de ces démarches quand des gens respectables et riches organisaient des voyages devant tout le monde, mobilisant toute une série de rabatteurs en voitures de location, louant des maisons à coté de la mer pour le rassemblement et l’attente, et travaillant en plein jour devant tout le monde. C’était en 2011 et devant l’impuissance de la société civile, les autorités, submergées par ces flux d’hommes, se limitaient à vérifier l’état navigable de l’embarcation destinée aux voyages. De ce point de vue et pour rester fidéle à l’approche objective de cet écrit, chaque métier aussi hors la loi soit il, a son code moral, son code d’honneur et il y a bien des limites à respecter dans toutes les conditions. Pour cela, par exemple, des passeurs « réguliers », ne feront jamais montés leurs clients dans des embarcations qui prennent de l’eau ou les surchargent dangereusement, à moins qu’ils soient des amateurs affamés de gain facile et d’argent. Loin au-dessus de l’incrimination affective ou les états d’âmes contre productifs, il aurait suffit que chaque partie fasse convenablement sa tâche et la justice humaine et divine trancheront. Il serait aussi cynique de dire que le risque faisait parti de l’aventure, mais si chaque partenaire avait fait son travail, seulement son travail, il n y aurait pas eu de victimes et la loi aurait fait son travail aussi, qu’elle évite souvent. - Les autorités : Dans le cas de l’accident majeur de Kerkennah, l’attitude de ces derniers était flagrante et résume un comportement ancien d’incompétence et d’amateurisme cynique. Des gens qui affluaient sur la région, des bateaux mobilisés, des portables vibraient, des étrangers qui défilaient, des rumeurs qui circulaient et encore plus, quand on les appelait au secours ils ne répondaient qu’après cinq heures complètes. Une véritable non assistance à personnes en danger car il suffisait à chaque partie de faire son « p » de travail pour lequel elle était rémunéré. Pour la mémoire, on était habitué à ce genre de comportement depuis des décennies car à chaque fois que les pécheurs avaient un accident quelconques ou pendant les tempêtes, personne n’était là pour les aider et meurent en mer. Le bateau des secours est en panne, l’hélico ne peut sortir dans les mauvaises conditions, on ne peut pas braver la tempête, on va y aller…une série d’arguments aussi stupides les uns que les autres pour arriver à l’argument de « on ne sait pas nager ». Alors, pendant une nuit de Ramadan, il fallait bien digérer le ftour et le shour, après on verra. Bien sur, le laxisme politico judiciaire, les traditions arriérés du secourisme en mer et le cynisme de certains stratèges démographiques débiles, avaient laissé leurs empreintes irrévocables et répréhensibles. Ce laxisme structurel, retraçable depuis les autres incidents en mer de collision avec des bâtiments de la marine faisant plusieurs victimes dans des conditions très douteuses. Une constance irresponsable, qui même au dessus des secrets d’état, est inacceptable. - Le pays d’accueil : malgré le fait que ces jeunes ne sont pas parvenus à l’autre coté, au moins cette fois, les effets de l’attraction vers le nord pour un devenir meilleur se confirment et invitent à considérer ces pays comme partenaires concernés par l’émigration en général. Depuis des siècles canalisant les ressources naturelles des pays pauvres, préparant le terrain humain pour le consumérisme, l’improductivité et l’acculturation, rabaissant toutes les valeurs locales au profit d’une polarisation irrésistible vers le nord, l’occident actuel, auto emmuré de plusieurs façons, glissant fâcheusement en avant, devrait composé réellement à la solution de cette situation tragique. Les masses humaines, tendront et tendront encore vers l’Europe, vers les pays nantis, qui au lieu de faire la police instrumentaliste du jour le jour, devraient sortir de leur forteresse pour chercher à résoudre le problème. - Conclusion : Devant ce drame monumental et la nécessité d’en faire une date limite à certaines faiblesses structurelles et incohérences sociales, il y a lieu de souligner les points suivants : • Réviser le système éducatif officiel et l’encadrement parental, vers plus de dignité et de respect aux jeunes tels qu’ils sont. • Arrêter avec l’idée traditionnelle de faire exclusivement des enfants un moyen d’enrichissement au détriment d’un parcours régulier d’éducation et de vie normale. • Arrêter de pousser les jeunes à devenir riches par tout les moyens et essayer de leurs faciliter la vie par des couts de mariages et d’établissement moins chers. • De les éduquer à penser que le bonheur n’est pas forcément ailleurs. • D’appeler à ce que chaque partie fasse son travail pour lequel elle est payée et se taire si elle ne propose pas plus. • D’habituer les jeunes à mesurer les risques et ne point se laisser faire et avoir. • Décompresser la vie vers de meilleurs horizons diversifiés, humbles et multiples. • Déconstruire la mentalité rétrogradant de « Mhaff » « Wild nabba » véhiculée et prépondérante pendant l’ancien régime et jusqu’à nos jours. • Dénoncer touts les contrevenants à la loi et constituer un barrage à la corruption, le terrorisme, la drogue et la violence en général. • Amener les parents des victimes de la Harga à devenir des militants pour la cause afin de convaincre et dissuader les jeunes de cette entreprise périlleuse. • Travailler le code moral et la déontologie comportementale de chaque discipline même illégale, afin de contenir et prévenir les drames. • Inviter les revenants de l’émigration à moins de provocation aux jeunes citoyens et ce en réduisant les exhibitions de richesses sur les plages, les routes et dans les mariages. A la fin, en tant que militant écologue et humanitaire depuis vingt ans, ayant suivi le problème de la Harga dans le cadre de l’action mémoire de la mer et de l’homme, ayant écrit un livre « Mamadou et le silence de la mer » sur le sujet, je ne peux que faire mes condoléances aux parents des victimes paix et leurs âmes, et les invite à considérer et comprendre les écarts d’objectivité et de responsabilisation pour la cause. Lihidheb Mohsen 09.06.18

jeudi 7 juin 2018

La laine, produit millénaire.

C’était avec la visite de mon petit fils, cinq ans, que j’avais commencé à parler de l’histoire de la laine dans notre village, dont une partie avait accompagné ma jeunesse pionnière. Fils de famille de bergers, d’une tribu « Ouled Mhemed », spécialisé dans la vie pastorale dans une transhumance régulière entre Zarzis, la Choucha et quelques fois, quand la sécheresse culminait, elle allait aussi vers la région de Monastir au littoral centre du pays. D’ailleurs, j’ai encore des cousins là-bas, à quatre cents kilomètres et à un mois de marche à dos d’âne derrière le troupeau affamé. Cette mobilité était très agréable et les communautés traditionnelles s’acceptaient les uns les autres, que ce soit pour les pâturages ou même pour le labour quand il pleuvait chez l’autre. Car comme vous pouvez l’imaginer, c’était les hommes qui allaient à la pluie où elle est tombé et non la pluie qui venait aux gens « at home ». Donc quand les nuages s’aggloméraient sur Tataouine, par exemple, les tribus locales, réservaient une partie déterminée de leurs terres pour les autres qui viendraient pour le labour, la moisson ou même faire paitre les moutons. Toutes les régions faisaient ainsi et ce n’était pas forcément à cause des possibilités de la mécanique animale qui limitait l’ampleur de leurs actions agricoles, mais aussi une sorte d’investissement dans le futur et un espoir de survivance quand il ferait sec et aride chez eux. La tendance vers le nord, dans une sorte d’émigration écologique obligatoire, n’est pas nouvelle et les gens s’acceptaient les uns les autres dans une solidarité de partage des rôles et de respect mutuel. Cherchant la concentration et l’attention de Si Mohamed Ali, j’avais commencé par lui parler des animaux et leurs utilités comme force de labour, de traction et de transport, leurs laits, leurs viandes, leurs laines, leurs valeurs marchandes…et passer sous silence le charcutage, malgré que mon père était boucher, pour parler de la tonte, la collecte, le lavage, le cardage, le peignage, le filage, le tissage, la coloration…et l’usage. Bien sur, toute une activité économique intégrée et inter complémentaire, qui s’incorporait dans l’action et le mouvement de touts les jours. Il y avait des femmes qui filaient la laine avec leurs fuseaux tout en gardant les moutons dans le campagne et ayant de la laine en réserve dans ses accoutrements. « Khobna ». D’autres le faisaient même en visitant des voisins ou en marchant car c’était possible en frottant le fuseau sur la cuisse pour le tourner, le tendre et enrouler le fil dans le sens contraire pour tirer encore de la laine et ainsi de suite. En images aussi belles que les autres, l’histoire contemporaine de ce produit, allait de sa tonte dans des cérémonies grandioses exclusives aux grands féodaux propriétaires de troupeaux et leurs serviteurs, pour se rappeler des belles femmes aux habits multicolores à laver la laine sur les bassins d’irrigation du village ou sur les rochers de la mer proche. Etant tout petit les premiers instits de notre petite école, me demandaient en rigolant avec mon père présent et complice, si je préférais voir les femmes des bassins d’irrigation ou celle du bord de la mer. Après le lavage donc, il y avait lieu de carder la laine pour la libérer de sa concentration et augmenter son volume avec un outil dentelé de plusieurs dimensions qu’on craignait pour ne pas tomber dessus. Cet acte strictement familial et ne demande pas de cérémonie, comme celle du peignage qui s’organisaient entre jeunes filles appelées par la maitresse de maison pour travailler ensemble une quantité non négligeable de laine. Chaque épouse, chaque année, devait faire et faire faire, une « Wazra » ou un « Burnous » deux accoutrements pour leurs hommes, ainsi que des couvertures en laine éventuellement. Donc pendant une journée convenue d’avance, les filles affluaient à la maison et dans la joie commençaient à peigner la laine tout en chantant et montrant leur prouesse, leur application au travail et leur agilité aux futurs belles mères possibles. Cette « Raghata » ou « Touiza » pour les berbères, se terminait toujours par un grand tas de laine enliassé dans de grands morceaux de tissu et surtout finissait par un grand plat de couscous que l’on dégustait et disputait tout en mangeant à la main et lançant des boulets bien arrondis au fond des belles bouches. L’étape suivante, consiste dans le filage que les femmes exécutent individuellement tout en vaquant à leurs activités habituelles. Pour le tissage, il y a des ghorfas équipés de métiers spécialisés pour les Wazra et Burnous, pendant que la transformation des la laine de chèvres et chameaux est fait à la maison à même un attirail fixé sur la terre, pour tisser des « Ghrara » gros sacs pour le blé ou des morceaux de tente familiale pour la transhumance annuelle pour la cueillette des olives ou suivre les troupeaux. Au stade final de cette technique de travail de la laine, ce sont des gens de l’Île de Djerba, qui pullulaient dans leurs boutiques profondes tout au fond de Djerba et partirent en masse dans toutes les villes et villages du sud, pour traiter les produits finis de la laine. Avec la mécanisation et la consommation du tissu industriel, leur nombre se réduisait à vue d’œil et seules quelques boutiques à métier de tisserand restent encore à Bengardane, à El Mouensa, à Souihel et Hassi Jerbi. Il faut rappeler que la laine était toujours et à travers l’histoire, un pont entre l’Île et la presqu’Île de Zarzis, qui comme elle fournissait de la laine, était aussi un marché pour la consommation des produits finis, Wazra, Burnous, Maryoul, couvertures… Cette relation organique, qui avait été, à partir de Meninx, la base à tout un essor de production et d’exportation des produits de la laine jusqu’aux ports lointains de la méditerranée, surtout quand on avait découvert la coloration indigo par le murex et proposer un produits fini qui est déjà fini et de grande qualité. En vérifiant ce qu’avait retenu Mohamed Ali, de mon discours en lui montrant dans mon musée écologique, la laine, le cardeur, le fuseau, le métier à tisser en miniature…il était capable de me redire globalement les étapes principale de la transformation de la laine. J’espère encore, une renaissance générale pour la valorisation et le travail du local, car la laine n’est presque plus valorisé et jeter tout bonnement dans la nature. Boughmiga en avait trouvé à plusieurs reprises dans les déchetteries et grande fut sa surprise quand il constata, aussi à plusieurs reprises, de vieilles Wazra jetés à la poubelle, un habit traditionnel vénérable, qui servait plusieurs génération au point de l’utiliser en tant que langes pour les petits fils de trois génération. Un parcours écologique vertical et horizontal, juste, adéquat et intégré, à méditer et reconquérir. Lihidheb Mohsen 07.06.18

mercredi 6 juin 2018

Dans l'autre pays des minables.

Après l’autre histoire de l’établissement vénérable lors du payement d’un bill, où l’impression générale était très négative voir catastrophique, voilà encore une fois, à l’autre bout du Bled j’ai du payer la rançon trimestrielle. A cause du prix astronomique du produit, cette fois aussi, il n’était pas agréable de se voir délester de son peu d’argent restant de ses dépenses écologiques, artistiques et culturelles. Il faut dire que ce mal pécuniaire n’était pas aussi dur et insoutenable, car dans le hall, le look et le vestimentaire des clients n’étaient pas adéquats, le caissier était un joli barbu et derrière le comptoir un fonctionnaire passait nonchalant avec sa chéchia blanche, sa blouse ronde, ses baskets de banlieusard…au point de se croire en Afghanistan ou dans le désert de Somalie. J’ai du sortir rapidement pour vérifier le drapeau au dessus de l’établissement, pour voir, qu’il est encore Tunisien et qu’il a encore quelques temps à vivre vue ses déchirures par le vent et les effets des vents de la discorde programmée. Bien sur, on ne peut reprocher aux Afghans leurs accoutrements, ni aux Somalies leurs couleurs ou aux Khaliji leurs turbans…mais investir la Tunisie millénaire par des traditions vestimentaires et comportementales étrangères…reste et restera toujours un intrus corporel qui se fera éjecter inévitablement avec le temps. Voilà, le topo dans la ville émancipée et ouverte du littoral sud, que croire alors dans d’autres régions beaucoup plus influencées et influençables par la vague dévastatrice de la déformation. Une situation, qui n’encourage pas les jeunes à rester dans le pays, et partent ou bien pour servir en chair à canon pour les guerres, ou errent à travers les mers en quête d’un monde meilleurs. Certes, il est déplacé de protester et de manifester après chaque grand naufrage et drame de Harraga, car comme on peut le voir et concevoir, aimer le pays est tout un ensemble de valeurs locales à respecter et dissuader les jeunes de cette aventure périlleuse, qui est aussi un travail de touts les jours et sur tout les plans. Il faut dire que quand j’avais l’âge de ces jeunes, j’étais aussi tenté d’émigré comme tout le monde dans les normes légales autrefois, mais ma conviction politique d’opposant humanitaire et populaire m’avait dissuadé et m’incita à appeler à résoudre ses problèmes sur place et ne point fuir les difficultés. Comme pour chaque problèmes, les causes sont multiples et les solutions sont aussi multiples et embellir notre bled, ou le laisser comme il est, beau, diversifié, naturel, paisible…est déjà révolutionnaire et avant-gardiste. Lihidheb Mohsen 06.06.18

mardi 5 juin 2018

La destruction du patrimoine.

Cette fois, avec témoin, on vient de constater l’effet des tracteurs niveleurs, des bulldozers, des entrepreneurs constrictors, des terrassiers asphalteurs…labours et balayages sur des sites préhistoriques, des immeubles sur le site de Bouteffaha, des routes goudronnées sur les Sites de Meninx, Ghizen, Souk El Guebli, Chammakh, Rsiffet, Ras Kazouz, Mrissa…un ratissage en règle, méthodique, sans le moindre constat, ni les moindres prélèvements de spécialistes avant défiguration, sans profiter de l’opportunité de sculpter les strates des trous de canalisation et prendre des photos documentaires…mais comme d’habitude, Boughmiga, fait ce qu’il peut et reporte ce qu’il avait vu sur le terrain de ces mouvements dévastateurs. Heureusement, il avait « travaillé » superficiellement ces endroits avant l’avènement ce tsunami irresponsable du progrès humain débile et sa mécanisation monstrueuse. En contrepartie, les agents de ces mêmes énergumènes, sur leurs mastodontes, masqués et enturbannés, jetaient partout les déchets et surtout déversaient à même les routes les citernes de liquides nauséabonds et insupportables à sentir des usines de thon et crustacés de Zarzis. En passant obligatoirement de ces endroits en voiture, l’odeur était étouffante et resta dans le contour des pneus pendant deux semaines à infester le véhicule et son environnement. Aussi organique soit il et bio dégradable, ça reste injuste et peu amical avec la nature et l’éthique humaine. Ces mêmes machines de la mort, qui avaient détruits le Borj de Zarzis, les cinq Ksars maritimes de la région, les dizaines de milliers de palmiers, les centaines de kilomètres de haies de cactus et d’agaves, les tonnes de détritus partout dans les lacs salés, au bord des routes agricoles, dans l’oliveraie…ces mêmes machines qui avaient volé le sable des plages et celles délimitant les champs d’oliviers. Ainsi, pour la dixième fois, depuis 1976, Boughmiga demandait aux élus et à leur centrale, de fournir des endroits groupés, l’un pour les déchets organiques, l’autre pour les déchets de la construction et démolition, l’autre pour les huiles usagés, pour les produits toxiques, pour les restes des hôpitaux et leurs produits et machines irradiés, pour l’électro ménager, pour le verre, pour le papier….mais cette proposition n’avait même été noté sur le papier, tant la tradition orale était prédominante et le reste encore, dans une insignifiance totale et une médiocrité générale. Malgré les dictatures, le totalitarisme et la vie dure, il y avait en chacun de nous, un gardien alerte et permanent, redressant la plus part du temps, les caprices humains, mais depuis, il est parti, englouti dans le chaos des argumentations. Lihidheb Mohsen 05.06.18