samedi 2 novembre 2019
Portraits et sagesse 150
Madame Abla Briki Lihidheb, fille d’une famille modeste et intègre de la région de Zarzis, était fonctionnaire à la poste Tunisienne depuis 1981, où elle avait fait trente-neuf ans de service non-stop, dans des conditions quelques fois très difficiles, vue la conjoncture politique et les stupides contraintes humaines. En effet, mariée au collègue Lihidheb Mohsen, « Boughmiga », opposant politique, activiste écologique, journaliste d’investigation et élément insaisissable et dénonciateur de tous les dépassements des anciens régimes, elle en eut plusieurs répercussions fâcheuses juste du fait qu’elle soit sa compagne. Ainsi, elle entra dans une famille nombreuse et des conditions difficiles armée par son élan de bonne éducation familiale et l'intégration. Il faut dire aussi, que son application au travail, sa rapidité et le respect des clients que ce soit à Chammakh, Souihel et Zarzis, lui avaient fait aussi des mécontents. Il faut aussi, reconnaitre que seul cet en engagement au travail, avait permis au couple de s’en sortir et de passer outre les persécutions, le lynchage et les machinations administratives et politiques. Ayant fait une vingtaine d’années aux guichets de la poste de Zarzis, Abla était toujours très loin devant les autres agents des autres postes de travail avec la clientèle, par le nombre d’opérations et le minimum d’erreurs. Mais quand elle a un déficit par exemple ou un problème professionnel mineur, elle passe toute la nuit suivante à penser et à se morfondre, tant son esprit consciencieux était en alerte. Quand elle avait pris en charge l'agence des colis postaux de Zarzis, elle assura le service pendant presque une quinzaine d’années toute seule, faisant le travail de trois personnes au moins, au point de se trouver occupé par les activités sans avoir le temps de boire de l’eau de la bouteille qu’elle amenait avec elle. Elle faisait en même temps, le guichetier, le comptable, le manutentionnaire et le chef centre au point que lors de ses sorties en congé, elle devait retravailler toute la période de son absence, les documents cumulés à cause de la quantité de travail pour les remplaçants non habitués au rythme.
Pour Abla toutes les périodes étaient difficiles, supporter un mari comportementalement extravagant, opposant notoire, pauvre et organiquement entêté, intellectuel marginal, libre penseur et foncièrement contestataire, avec des parents et beaucoup de frères et sœurs, une activité écologique parallèle extra sociale et avant gardiste…en plus, elle devait se lever chaque jour à cinq heures du matin, pour lire le coran, faire ses prières et s’occuper de la maison, des enfants, de la cuisine, aller au travail, revenir s’occuper de la maison, aller au travail, faire la cuisine pour tout le monde, aider les enfants dans leurs révisions….pour dormir à dix heures du soir. Mais comme elle était exemplaire en tant que mère de famille, dans son travail, dans la grande famille…elle avait bien accompagné la vieillesse et la maladie de sa propre Maman Kemla, comme elle l’avait fait avec sa belle-mère Mabrouka, la maman de Boughmiga. Il faut dire, que dans le tumulte, la recherche de l’équilibre des extrémités, elle et Boughmiga avaient réussi à donner aux enfants, Youssef, Nadia et Dhaou, une éducation suffisante et surtout les contours de la personnalité intègre, lucide, humaine et serviable.
Une carrière réussie, lucide, responsable, avec ses problèmes, ses vicissitudes sous les régimes de Bourguiba et de Ben Ali. Il faut rappeler qu’elle subissait des harcèlements parce qu’elle avait un mari contestataire, un frère syndicaliste et une droiture totale. Après ladite révolution, elle endura toujours l’exploitation au travail à outrance, pendant que d’autres partisans politiques étaient honorés en tant que des fonctionnaires soi-disant exemplaires proches de certains partis. Elle était bien touchée par cette partialité flagrante, sans se laisser déranger par ce comportemental médiocre.
Boughmiga le néanderthalien, son conjoint, qu’elle avait aidé indirectement mais fondamentalement à réussir son action écologique mémoire de la mer et de l’homme depuis vingt-six ans, et malgré sa sévérité rigoureuse pour faire le profil des personnes, ne peut que remercier Madame Abla, pour ce qu’elle était. Par la même occasion, il ne peut que souligner la bonne éducation qu’elle avait reçu de son père Si Belgacem grand Meddeb, ses frères Ali, Habib et Abid, ainsi que l’apport incontestable de culture locale de la part de sa tante Slima, une merveilleuse personne d’après Abla, pleine de contes, d’optimisme et d’amour à la vie.
Lihidheb Mohsen 02.11.19
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