dimanche 26 avril 2020

La raie et ses enfants....

Aujourd’hui 26.04.20, en confinement et en jeûne…, entrepris assez tôt ma marche soliloque au bord de la mer. Je ne risquais pas de rencontrer personne et quand ça arrive, le respect de deux mètres de distanciation était respecté. Normalement, pas plus que deux personnes, avec qui je discutais à distance des problèmes du jour, corona, rapatriements, déboires de l’ARP, l’éloquence du président et bien sur les livres qu’on était en train de lire… Le climat était à la tempête et aucun marin ne mit ses filets en mer, seules les embarcations flottillaient sur les vagues houleuses et au gré du vent. Dans une sorte de mouvement d’ensemble, légèrement en décadence causée par les vagues, il y avait dix huit petites barques en plastique, avec leurs moteurs hissés à l’arrière. Il n’y a plus de canoés construits en bois et le domaine a été investi rapidement par l’industrialisation et la motorisation. Une invasion rapide, qui transforma toute l’activité, dans le sens de la surexploitation, la rapidité, la surpêche et la possibilité de mettre les filets à deux reprises par jour ou en mettre plusieurs aux levés consécutifs. Il y a même un non voyant qui travaillait vigoureusement à la force de ses bras et sa lucidité dans le positionnement des choses et des mouvements. Il faut dire qu’il avait aussi travaillé quand les embarcations étaient encore en bois et excellait avec les rames, au point d’acquérir le niveau et statut d’un élément normal du groupe. Je continuais donc mon chemin, recevant le vent en face tout en marchant lentement pour ne pas suer et avoir des risques pour la santé. Pourtant, il y avait un sentiment amer, quand j’ai constaté l’oubli de mon portable à la maison et ne pouvais prendre de photos. Quand je parvins au deuxième attroupement d’embarcations au long du village, il y avait des pêcheurs qui avaient risqué leurs filets dans cette tempête. Ils étaient trois, et tout en sortant leur canoé vers le sec, continuaient à démêler leurs filets, des herbes marines et des carabes bleus. On a pu conster comment ce crustacé invasif et nuisible pour les pêcheurs, diminuait en nombre et aurait atteint le pic de sa prolifération. « Comme la corona peut être ». Mais la prise la plus importante était une raie géante de cent vingt kg au moins, qui devrait être transporté vers les frigos du port et la vendre demain à la criée. Sans pouvoir prendre photos, j’ai pu constater combien de poissons avec les filets, avaient été engloutis par la raie et certains pêcheurs avaient manifesté leur joie de s’être débarrassé d’un concurrent qui leur chipait les seiches directement des filets en mer. Mon émotion était grande, quand j’ai vu des petits de cinq centimètres sortir de son ventre et paraissaient déjà sans vie. Comme toujours, le bonheur des uns est le malheur d’autres, ainsi de suite. Les cormorans blancs voltigeaient au-dessus de nos têtes, à happer au vol ou se précipiter sur les poissons pourris que les pêcheurs leur jetaient. Il y avait aussi deux chats, plus calmes et reniflaient dédaigneusement le poisson jeté et les crabes encore vivantes. Ainsi, soit-il, des morts, des vivants, des morts pour des survivants, des survivants grâce aux autres, une série de violences à l’aller et au retour, une série interminable d’inter dépendances… Mais quand même, haïr une raie ou un dauphin pour leur picorage directement des filets en mer, aurait une réponse glaçante et définitive, disant que ce ne sont pas ces animaux qui sont sorti sur la terre pour nuire aux hommes et c’est bien le contraire. Lihidheb Mohsen éco artiste

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