mardi 14 février 2017

Portraits et sagesse 100

Le poulpe, parade à Paris. C’était en escaladant les palmiers, pour dénicher quelques dattes encore comestibles qu’on l’informa de la venu subite de son frère à la maison. Il se précipita alors vers la famille pour constater en effet le retour prématuré du laboureur revenant de la région de Choucha. Comme d’habitude, dans cette tribu des Accara, les gens se précipitaient toujours à rentrer et travaillaient dur pour écourter leurs séjours dans les travaux dans la mer ou sur la terre. On le dit encore, « Accari Wimraouah », pour décrire l’ampleur de la nostalgie et l’attachement affectif aux activités quotidiennes du village. A chaque moment il y a du nouveau, voila, les troupeaux qui partent, les béliers se battent, les marins qui arrivent, les voisins cueillent les dattes, un collectif pour construire une maison en branches et palmes, une alerte à la pêche du petit poisson, un palmier est tombé sur la ruelle, des enfants jouent au ballon avec des chiffons, des filles font la cuisine entre elles, un youyou provenant d’une raghata traitement collectif et volontaire de la laine de famille, un groupe d’enfants cherche les fuyards d’une circoncision collective, un chien enragé traverse le village et signalé du bout du village, un incendie de hutte fait rage, une bagarre de tribus sur la plage, de jeunes filles invitent à un mariage, un vieux gronde des enfants volages, une sortie en groupe chantant vers l’horizon à la nage, un revenant du marché distribue des pommes à son passage, des femmes au régime de dattes nettoient jusqu’à l’autre bout de la route, une charrette passe et on fait le caprice d’une resquille entre les roues pour faire une centaine de mètres de balancements sous le rythme des sabots creusant la terre de la route, un incendie de hutte fait ravage et tout le monde accoure pour sauver ce qui pouvait l’être, une rixe acharnée inter tribu au sujet du passage vers un lopin de terre, un décès ordinaire qui devient agréablement important à cause de la simplicité des ses cérémonies et l’incantestation des ses étapes pendant que celles d’un mariage provoquent toujours des incidents et batailles inter tribales, l’irrigation du sorgho et la surveillance du débit et le parcours de l’eau en fonction de la grandeur de la terre cultivée et le temps octroyé, les pêcheurs d’éponges alignent leurs produit sur le sable à même la route pour l’appréciation des acheteurs armateurs et les néo riches, un groupe s’entasse autours du postier à bicyclette sans que personne d’entre eux n’aie un correspondant ailleurs, d’autres s’agglutinent autour du jeune venant de la capitale pour écouter les merveilles du cinéma et les aventures de Taras Bulba et de Omar Sharif, un autre groupe allait au pâturage sur le plateau d’oliviers avec les petits nombres de moutons, Un vieux féodal griffonnait sur le sable avec le bout de sa canne pour faire des arabesques qu’il effaçait ou croisait pour conclure la discussion avec un laboureur ou un moissonneur, un vendeur de jus de palmiers doux le matin qui rêvait de sa cuite hebdomadaire et sa compagne stoïque, les pauvres qui sillonnaient les plages à la recherche d’os de seiches pour les fourguer aux juifs de la ville, d’autres inspectent une à une les petits trous du fond rocheux de la mer pour dégoter des poulpes, certains grignotaient la terre du littoral pour trouver du « Timmeir » une sorte de radis ou de pomme de terre blanc rose et légèrement salé dont on essuyait sommairement le sable à la main, voilà les parents qui revenaient de l’expédition de pêche vers les iles Kerkennah avec les fruits de leur travail et les offrandes, voici des voiles des voiles qui pointaient à l’horizon dont certains se signalaient au cor de gros coquillages quand ils venaient le soir, Avec l’arrivée des proches et les divers cadeaux en caroubes, pains secs et divers instruments de production et de traitement, l’odeur étouffantes des éponges devenait un parfum et l’arrière fond d’un monde fantastique et beau, sur la plage les grands gaillards robustes et tannés de « Ghannouch » pêcheurs à la serre rassemblaient leur kilomètres de grosse cordes pour faire la fête le soir entres les palmiers de la plage, des instits et des revenants de Tunis étaient légèrement refoulé à cause du parfum que toutes les sortes de poissons abhorraient et les faisait fuir, le Meddeb aveugle avançait ses paroles de sagesse pour avoir aussi sa part du butin que la mer offrait, les vieux qui ne se sont jamais découvert la tête se précipitaient vers les bandes de poisson pendant que les autres s’affairaient à chacun sa tache, Il fallait tout de même trancher le dilemme de qui avait vu le bande de poisson le premier, devant quel tribu, qui en avait le droit, qui était le plus fort, qui avait le plus grand nombre de personne, qui criait le plus fort, qui avait une connaissance auprès des autorités, qui avait une meilleurs acuité visuelle, qui avait une meilleure habilité….pour que ça se calme dans des compromis tacites, un vieux pleurait tout seul dans le village en cachette parce qu’il ne pouvait plus participer à la pêche ni aller aux labours des champs et se demandait pourquoi il vivrait encore, une vieille revenait de la colline avec des herbes médicinales en prévision d’une maladie quelconque, un vieillard tressait des kilomètres de cordes à partir des palmes broyées, une femme noire faisait les maisons pour récolter de la laine, des grains, des tissus, une participation collective à un mariage prochain…. C’était pour cela et pour bien d’autres que l’Accari était toujours très pressé de rentrer à la maison et à la vie bouillonnante de touts les jours. Dans ce contexte, dans cette micro société en mouvement, il y avait aussi des flux et reflux comportementaux et conceptuels avec l’indépendance et l’orientation universaliste des politiques alternatives. Pourtant, il y avait bien deux frères dont l’un était plutôt taciturne, qui parlaient hautement et souvent avec colère du devenir de cette société dans une sorte d’hystérie savante et prédicatrice étonnante. « Tu me carambole et je te carambole, vous les renvoyez et vous allez les suivre, Sbayyiss, la montagne rouge… » Toute une série de déclaration qui s’accentuent suite aux provocations des malins rencontrés dans la rue. Pendant que l’un d’entre eux cuisinait à la fumée des palmes et asséchait ses vêtements au dessus des palmiers de huit mètres, l’autre récoltait les figues dans un sac pour éviter l’envie des femmes enceintes et éviter ainsi un équivoque qu’il ne contrôlait pas. L’un d’entre eux échangeait un seau plein de dattes cotre quelques millimes pour le thé ou quelques cacahouètes et refusait toujours un montant plus important. Une série de comportements sages et de déclarations sur une situation en changement rapide avec des contradictions flagrantes que seul ce genre de personnes pourrait dénoncer. Une situation, qui interpelle la possibilité de chercher qui avait vraiment raison, ces intégrés à fond dans leur environnement ou ceux qui le subissaient stoïquement au gré des vents du mercantilisme. Dans cette précipitation des choses et la rentrée rapide, comme toujours du frère des champs de labour de la Choucha, qui sans ramasser les restes de son expédition, s’attela au retour avec sa mule exténuée par une semaine de charrue, Zaied, pour manifester sa joie et dans l’ordre traditionnel de l’hospitalité aussi familiale soit elle, prit le caisson à miroir, instrument fondamental pour les pécheurs aux éponges et se dirigea vers la mer en quête d’un poulpe ou une seiche pour le repas du soir. Il connaissait les différentes troues de mer rocheuse et malgré le manque de visibilité et l’instabilité de la mer, sa détermination gagna et dégota un beau poulpe qu’il transporta joyeusement à la maison pour le diner. Un couscous fumant et appétissant fêta l’arrivée du frère et Zaied put déguster sa pèche et savourer sa joie. Une joie sans limite, un désir de vivre et de s’épanouir suivant le destin et les opportunités possibles. Comme toute émigration écologique, un exode naturel de vidange des vides et remplissage des carreaux blancs, qui amena Zaied du tremplin des gens de la tribu à Tunis, par Marseille, se retrouva à Paris, des champs de la Choucha, à l’oasis maritime de Souihel, jusqu’à la ville des lumières et des droits humains. Ainsi, dans un couloir de main d’œuvre vers l’Europe, laissant les travaux locaux et les activités traditionnelles, des milliers de gaillards prirent le chemin du nord, d’une étape à une autre, poussés par la volonté de travailler et surtout d’améliorer une situation de pauvreté qui perdure et sans espoirs, passèrent la mer, confiants et fiers. Avec un jeune homme de Tataouine, ils firent le voyage, sortant pour la première fois de leurs villages respectifs, chacun avait une adresse pour la destination à Paris et décidèrent de prendre ensemble le premier taxi et se fier à la première adresse la plus proche de la gare. C’était celle de gens de Tataouine et Zaied comme son compagnon était bien accueilli pendant quelques jours pour se faire amener vers son adresse des Accari à Paris. Bien sur dans toutes les étapes de ce parcours d’émigrants, les candidats étaient bien traités pendant le voyage et pendant l’accueil jusqu’au jour du travail et l’autonomie pour aider à son tour les autres. Comme un mouton qui venait de perdre sa toison, Zaied qui venait de changer son milieu et sa société, n’était pas du tout à l’aise et si ce n’était le système de ghetto culturel et social, la situation aurait empiré. Dans des baraquements de fortune, avec de grandes difficultés de transport et d’habitat, les émigrés avaient quand même réussis à trouver du travail et vivre en groupe comme si c’était at home à Zarzis. Bien sur, avec le temps, après avoir construit des maisons au pays, acheter des oliviers, aider la famille, assister les parents, joindre la famille et s’intégrer progressivement…ils restèrent purement tunisiens et fidèles à leur authenticité culturelle et sociale. Une attitude qui avait aussi des revers surtout quand le taux de scolarité et de réussite des jeunes était très moyen pour ne pas dire médiocre. Une génération, qui n’avait pas du tout déshonoré ses origines, en refusant les milieux suspects et les activités répréhensibles, ce que certains des générations actuelles, n’avaient pas bien compris et tombèrent dans le chaos comportemental. Encore bravo à Si Zaied et sa génération d’émigrés qui participèrent à l’essor économique du pays d’accueil et la croissance du pays d’origine, tout en restant eux même et de bons patriotes, dans un universalisme de fait et un élan humain. A la retraite, Zaied revint au bled et renoua sa relation avec la terre et la mer et comme il se rappela encore les trous des poulpes, il milita aussi longtemps pour l’exploitation des terres collectives de la Choucha au point de voir sa personnalité identifié à ce sujet, à résoudre dans la sagesse et la solidarité citoyenne dans touts le sud de la Tunisie. Lihidheb Mohsen 14.02.17

3 commentaires:

  1. Jaziri Raouf C'est l homme qui se laisse pas vendre il tourne pas la veste il a toujours militer pour le bon cause et surtout la terre......bien sûr Échoucha

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  2. Faouzia Bouthour akkara salamtoufiha li twazine
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    Mohsen Lihidheb

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    Mohsen Lihidheb
    Mohsen Lihidheb Il n y a plus de Twazine et de Accara, l'unité nationale, l'unité universelle, l'unité humaine, faussent les calculs des barons de la discorde. Il n y aura qu'une solution juste avec la loi et la sagesse des uns et des autres.

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  3. Faouzia Bouthour haya ...bahi ....c'est nouveau ,,, bravo ....
    J’aime · Répondre · 2 h
    Moncef Jertila
    Moncef Jertila grand HOMME de principe

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