lundi 11 décembre 2017

La chute collective

On était au régime réduit depuis le protectorat, puis enclin à serrer les ceintures pendant le régime paternaliste de Bourguiba, pour se trouver aux débuts du système Benaliste, dans les bras du consumérisme et du comportemental malin. A chacun ses références, ses arguments et ses alliances conceptuelles et économiques, l’ouverture sporadique sur la Lybie, avait aussi contribué au boom consumériste et à la démesure générale. En effet, habitués à la juste mesure, « khamsin wesdiss tey» « rtall batata » « ouchouria zit » « khamsin gram tmatem merhi » «khmoussia guez » « tabaa fil » soit cinquante grammes de sucre et cinq de thé, une livre de pommes de terre, dix centilitres d’huile, cinquante grammes de tomates en conserve, vingt centilitres de pétrole pour la lampe du soir, un cachet avec l’emblème éléphant contre les maux de têtes et malaises divers en remplacement de touts les médecins et les pharmacies du monde…étaient les seuls produits disponibles dans les échoppes et les seuls que les villageois demandaient quotidiennement s’ils le pouvaient. Une auto régulation des besoins en fonction des possibilités et de la sagesse locale, qui se trouva brutalement bousculé par les masses de marchandises provenant de la Lybie voisine, un pays nanti, habitué à l’opulence et la consommation quantitative. Une situation qui amena le paysan local à se familiariser avec les sortes de fromages, qu’il n’avait jamais gouté, avec les oranges volumineuses en sacs de cinq kilogrammes, avec le lait en conserve à gogo, avec des produits de Chine, de Taiwan, de Hongkong, de la Turquie, de l’Amérique latine….dont les composants n’étaient pas forcément propres à la consommation et concurrençaient mortellement les productions locales. Boughmiga se rappelle encore quand le lait en cône arriva dans la boutique et pendant qu’il en consommait une le premier passant lui demanda s’il était malade ou bien qu’il était encore un bébé pour consommer du lait. Et depuis cette date des années soixante dix, arrivèrent les divers yaourts, les légumes hors saisons, les sucreries, les biscuits, les fruits exotiques, les œufs industriels, les pâtes, les produits emballés, le gaz butane……pour finir avec la catastrophe inimaginable de l’eau en bouteille. Paradoxalement, à force que le consumérisme augmentait le niveau scolaire dégringolait, à force que l’émigration augmentait vers l’Europe des lumières les esprits s’enquilosaient des segments utilitaires médiocres, à force que le temps passait et le pays avançait les horizons se rétrécissaient et les rêves s’embrouillaient. Dans ce climat de flottaison à l’aveuglette et de pilotage à vue quelques fois, la chute collective fut consommer aussi, surtout quand les décideurs politiques se limitaient à gérer les compromis et nager sur les contradictions au lieu de défricher des solutions sérieuses aux problèmes. Malgré le fait que l’instrumentalisation des compromis eut lieu depuis l’indépendance et même avant, elle fut compléter au temps de Ben Ali, par l’arrivisme institutionnalisé et l’ambiance où le plus malin s’en sortirait avant les autres. Un climat qui glorifia les profiteurs et les « fils de nabba » et ce même dans les médias et les sphères officielles. Bien sur, dans cette ligne de conduite, tout ce qui était patriote, humaniste, égalitaire, démocrate, intellectuel, intelligible, conséquent, travailleur….était automatiquement mis au frigo ou dans les archives comme le fut Boughmiga à plusieurs reprises et de plusieurs façons. Un état d’esprit, forgé par le facteur politique, par mégarde ou intentionnellement, reste encore prédominant dans le comportemental collectif, où, le travailleur ne travaille pas, les riches ne se risquent pas, les jeunes s’immolent sur terre et sur mer, les corporations se referment de plus en plus sur elles même et se radicalisent envers tout le monde, l’Etat s’évapore visiblement devant la passivité criminelle du législatif…..et le pessimisme est presque général. Dans cette situation où sont arrivés les choses et tout en partant du fait que le droit des Palestiniens à l’autodétermination est inaliénable et que ce soutien de bon sens et d’humanité ne peut être l’otage exclusif de certains politiques, on ne peut que se demander sur les disproportions populistes envers certains sujets aux dépends d’autres aussi douloureux et inhumains, pendant que les foyers de préoccupation et de désarroi jonchent l’espace vital collectif. Devant les guerres, les famines, les maladies, les machinations guerrières, l’instrumentalisation des conflits, la manipulation des troupeaux humains au gré de l’ennemi et en fonction de leur tempérament coléreux, expansif et généralement temporel…on ne peut que rappeler que relativiser les « happenings » pour une revendication plus efficace et plus sérieuse. On ne peut oublier les manifestations géantes qui, malheureusement se tassent vite et négligent piteusement leurs slogans et leurs revendications, dans le gouffre de l’oubli collectif. Ainsi, soit-il, El Qods, ne peut que rester un symbole pluri religieux et la capitale politique du peuple Palestinien, tout en appelant à plus de lucidité et crédibilité afin de revendiquer ces droits inaliénables. Une solidarité qui ne pourrait réussir que par l’engagement des travailleurs dans leurs travaux, la lucidité des politiques dans leurs approches et la libération des peuples de leurs fixations traditionnelles. Ces révisions, ne sont pas des appels à l’acceptation du fait accompli, mais plutôt une actualisation des revendications sur les bases de la conjoncture et des rapports de force. Bien sur, certains politiques trouveraient bien des occasions pour défendre leur stérilité et afficher leur allégeance, mais, comme à travers toute l’histoire, les idées insolites, étaient toujours mal comprises. Voilà, un petit aperçu de la chute collective, à travers quelques segments certes, mais assez explicites pour réveiller les morts, en attendant l’ouverture des yeux des vivants. Vive le peuple Palestinien, vive le peuple Yéménite, vive le peuple Libyen…..et vive l’homme, dans toutes ces couleurs, toutes ses valeurs….pacifiques et amicales entre les peuples. Lihidheb Mohsen Zarzis 11.12.17

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