jeudi 15 février 2018
Les pêcheurs de clovisses.
Cette fois, Slah et moi, « Boughmiga », partirent vers le nord, le coté de « Hachana », un long isthme de terre entrant dans la mer, juste aux abords du fort El Gastill, au bout de la même langue de terre partant de l’île de Djerba. Un endroit fort désert, seuls les quelques pécheurs à la ligne, ceux avec de petites barques ou les lanceurs de filets à l’épervier, s y aventuraient à des moments différents. Depuis quelques années, des touristes indépendants avaient découvert la place et s’isolaient dans cet endroit féérique avec les émigrés surtout en France. Il y a aussi des hordes de squads pétaradants les plages lors des grandes affluences au pôle touristique de la région de Sangho et l’oasis maritime. Cette fois, les oiseaux voyageurs sont tranquilles et les chiens sauvages sommeillaient, blottis entre les arbustes du lac salé. Les rejets de la mer n’étaient pas grand-chose et les grosses tempêtes les avaient envoyés plus loin aux abords lointains du lac. Pourtant, il y avait tout au long du littoral de l’Isthme, des milliers de paquets de cigarettes étrangères, mouillés, brulés par le soleil, dégoulinant de traces de nicotine. De plusieurs marques, il parait qu’ils avaient été rejetés dans la mer adriatique, par des trafiquants surpris par la douane et parvenues par les vents et les vagues jusqu’au littoral sud. Comme par coïncidence, c’était pendant où le bateau de Marseille arrivait au port de Zarzis, que ces objets arrivèrent et firent la grande joie des pauvres maraudeurs et des pêcheurs qui en revendirent une grande quantité aux consommateurs. D’après un témoin, le dernier des derniers avait vendu au moins pour cent dinars de paquets de cigarettes. Comme toujours, grâce à Dieu et par sa bonne étoile, Boughmiga était occupé en ce moment par le décès de son petit neveu et avait été toujours retenu à chaque occasion à équivoque. Toutefois, il en récolta plusieurs, une demi douzaine de chaque marque, afin de les mettre dans son musée à la disposition des chercheurs, car, il se pourrait que leur tabac ne serait pas régulier et le danger de leur consommation très dangereux. Comme toujours, des analyses du tabac qui auraient être faites dés le début, mais pour Boughmiga, il n’est jamais trop tard pour connaitre et savoir.
A l’horizon, Slah et moi, autant nos yeux pouvaient voir, il y avait un monticule blanc que nous décidâmes d’y parvenir malgré la distance, le sable mouvant et les ruisseaux d’eau de mer revenant à sa source. Pris aussi dans la mécanique de l’observation de la plage et de l’ambiant, mon ami faisait aussi de petites découvertes et lisait assez bien les rejets des émigrés clandestins et autres. En fonction de la marche glaneuse, la tâche blanche se détachait de plus en plus en trois petites tentes qui s’avérèrent des abris de fortune pour des pêcheurs de clovisses. C’était un petit groupe de personnes d’âge moyen, venant de la région de Zarrat pour cette catégorie de pêche, inconnu chez les Accara. Pendant la saison de récolte de cette petite bête enfouis sous le sable marin et très difficile à détecter, sauf par une main experte maniant la faucille adroitement, des gens exploitaient les plages de Boughrara, de Lemsa et d’Ejdaria. Ils sont généralement des mâles, mais d’après un témoin, de familles entières étaient venus pour piocher une grande partie de la plage de Hassi Jerbi comme pour un labour. Il parait qu’ils repéraient les clovisses par des trous de respirations à la surface de la mer basse, mais aussi grâce au son de la faucille quand elle percute la coquille du mollusque. Malgré leur condition très difficile, comme celle des pécheurs à la serre de Ghannouch autrefois, ils nous avaient invité à boire du thé et se reposer, mais on été là pour bouger et observer les plages. Les discussions étaient beaucoup plus importantes et parait il, le phénomène de l’émigration clandestine, se passait quelques fois sous leurs yeux sans pouvoir piper mot à quiconque, même aux autorités. Un drame qu’ils dénoncent tout montrant au monde, comment ils pouvaient survivre et vivre relativement comme tout le monde, à la force de ses bras et sa volonté.
En rentrant, nous avions abordé volontairement la région du dépotoir anarchique des déchets de la région, qui parait il, serait en cour de gestion par les autorités municipales et les traces des Bulldozers en témoignent. Un endroit, que Boughmiga, avait beaucoup abordé, comme la situation de l’Île de Djerba, afin de réagir convenablement dans un programme durable et adéquat. Si Slah, engagé dans la mécanique électorale et politique de la vie communale de la région, avait bien constaté l’ampleur du phénomène et la nécessité de nettoyer ce sac salé pour de bon. Bien sur, un endroit de traitement, serait envisageable, sérieusement, loin au dessus des tergiversations bureaucratiques et des promesses électorales. Cette situation, de pollution de la mer, nuirait aussi, aux pêcheurs de clovisses et aux générations futures.
Lihidheb Mohsen 15.02.18
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