vendredi 25 janvier 2019
Portraits et sagesse 147
Il est sans nom, comme la bonne action, la bonté, la bravoure, l’abnégation et la consécration à son devoir et encore plus à son travail. Rencontré la dernière fois au souk Lerbaa, il ne m’avait pas reconnu, voir même jamais connu, mais quand je lui avais décrit la ville, le lieu de son travail, sa tâche…il admit que c’était bien lui et mon nom ne lui disait pas grand-chose. Je l’avais remercié pour ce qu’il avait fait pour moi et à tant d’autres effacés par la vie. Il fait son travail certes, mais l’Etat, les structures les même, le système étaient au service de l’homme. Cette fois, je l’avais vu de loin dans le souk El Hichem, avec devant lui son petit fils trainant les achats de légumes pendant qu’il le suivait légèrement souriant à l’ambiant. J’avais donc hâté mes pas pour le devancer sur la route de son retour et en contournant les voitures, je me suis trouvé devant eux, mais juste, juste, pour prendre une photo à l’arraché. Un peu surpris, il hésita avant que je le prends par la main et l’embrasse sur la joue dans un geste de remerciement sincère que je n’ai jamais fait dans ma vie. Un geste de remerciements, à lui, à ces semblables, au système de santé de l’après indépendance du pays et à la politique paternaliste et humanitaire d’autrefois.
On était plusieurs à attendre le médecin des pulmonaires dans cette consultation régionale, pour la quelle on venait de Tataouine, Benikhedache, Bengardane et Zarzis. Des enfants chétifs et visiblement sous alimentés étaient trainé par leurs mères, des filles maigrichonnes aux joues saillantes, des vieux minuscules enturbannés dans leurs Wazra à toussoter sans répit et tout le monde se pressait sur le peu d’ombre du bâtiment colonial converti en service de l’hygiène publique en plein centre de Médenine le chef lieu de tout le sud. Il faut comprendre les phtisiques et leur horreur du soleil et la chaleur suffocante de la région de Médenine terrassée de gypse et bombardée par les vents du sirocco. A chacun ses douleurs et ses malheurs, malgré que personne ne se lamentait ni affichait sa peine, dans une sorte de retenue, d’acceptation du fait accompli, le destin et une probable confiance dans les structures de soins. Pour le phénomène de la tuberculose, l’état avait mobilisé ses efforts pour éradiquer cette maladie contagieuse, dont la guérison nécessitait du temps et des moyens. Une compagne presque politique, qui comme les droits humains et l’éducation des pauvres, avait bien réussie et dont Boughmiga était le témoin oculaire ou même le sujet traité avec succès.
Bien sur l’état des hôpitaux et des divers services, étaient satisfaisant, chacun faisaient ce qu’il pouvait et malgré le manque de matériel et de technologies, le facteur humain, comblait cette maque aux possibilités de soins. On ne pouvait jamais douter des compétences des institutions ni la crédibilité des agents sanitaires. Il faut dire que les accidents étaient rares et les fonctionnaires eux même auraient pris les déficiences comme des offenses à leur intégrité professionnelle et humaine. Boughmiga avait fait les hôpitaux, à Zarzis, Médenine, Tataouine, Djerba, Gabés, Tunis, Seliana, Paris… connait parfaitement les services rendus aux malades et admet que comme la capitale des lumières était exemplaire sur les plans humanitaires et humains, les services des établissements nationales étaient aussi parfaits par rapport aux possibilités et les disponibilités.
Pour cela, nous autres, qui connaissons parfaitement l’évolution des services de la santé pour le bon peuple et n’ayant pas les moyens ni les convictions d’aborder les cliniques privés, sommes très tristes de voir autant d’accidents, de négligences, des manques de médecins, des pannes suspectes de scanners, de renvois indirects des patients vers le privé, de l’absences des médecins des services d’urgence ou la désinvolture du personnel. Pour ce dernier, qui garda toujours une éthique exemplaire et véritable, commence aussi à subir les effets dévastateurs du corporatisme et de la nonchalance. Toutefois, le personnel reste toujours satisfaisant, pendant que le corps des médecins, reste incolore et inodore, surtout quand sur cinquante ans, deux ou trois d’entre eux, sont cités pour leur éthique de travail et leur crédibilité au serment d’hypocrite. Pendant que les tares et déboires sont nombreux et normalement répréhensibles par une médicine légale en attente et juste les états d’humeurs, l’usage de facebook au travail, les sorties inconsidérées pendant le service alors que les patients attendent, les négligences dans le diagnostic… Bien sur, sans cibler un secteur déterminé et accabler tout le monde, plusieurs cas de « flirt » directs avec le privé avaient été constatés et touchant des gens pauvres et sans moyens.
A ce point et malgré les manifs, les sit-in, les écrits, les protestations sur face book, les ministres à la chaine, les compagnes électorales…le mal persiste toujours et ne peut être résolu sans une action générale de plusieurs dimensions et par tout le monde pour exploiter le matériel existant à l’extrême et combler les difficultés par l’élan humain de confraternité et d’abnégation au travail.
Venant de sortir d’une hospitalisation, il faut dire, qu’en gros, tout était satisfaisant, sauf pour ce qui est des urgences, où des réserves majeures étaient constatées. Toutefois, je n’avais pas prétendu aux médicaments de mon propre gré…ce dont les démunis s’inquiètent, car la pharmacie de l’hôpital n’en avait pas toujours.
Voici donc, mon ami, une petite comparaison de deux temps, de deux générations, de deux mentalités, de deux mondes, où je te remercie pour ton amour du travail, ta crédibilité et ton dévouement aux structures de l’état et le devenir commun. Des remerciements, qui parviennent aussi à la politique sociale d’autrefois, qui permit aux pauvres de guérir et d’escalader avec honneur les marches de la connaissance et du bien être.
Lihidheb Mohsen 22.01.19
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