vendredi 15 janvier 2021

Tiges de Sorgo

 


                  


Sous les hautes tiges de sorgos, assez hauts, dans des carrées irrigués une fois par semaine, avec le froufrou des grandes feuilles, trainaient nos corps frêles, caché de l’œil de rapace du paysan de la place, pour sortir de l’autre côté, échappés d’un adulte fâché. Aux pieds des palmiers, de cette oasis maritime, de petites exploitations, par leur mouvement et leur verdure, caressaient nos angoisses d’enfants confiants. Comme les palmes servaient à alimenter le bétail, couvrir les toits, faire du feu, filer des cordes, faire peur aux petits poissons…, le tronc servaient aussi à faire les toitures des gourbis, garder le feu pour tout le village allumé pendant trois semaines, ainsi gratter les cellules de sa contexture pour en alimenter, avec des noyaux de dates brisés, les chameaux toujours ruminants. Pendant les récoltes et justes après les diners, s’il y en avait, les femmes affluaient chez les propriétaires, pour dénoyauter les dates afin de les sécher, ou défueillaient les tiges de sorgos pour rentrer tard à la maison, avec un bon tas sur le dos de feuilles encore vertes pour les moutons gloutons. Pour les tressages des tiges pour en faire des sortes de tapies, pour cabanes et abris, il fallait des installations et beaucoup de temps.

                  Dans cette atmosphère dans le climat du désert, des gens affluaient pour s’approvisionner en dates séchées, estiver leurs bêtes sous les palmiers pré de la mer, ou s’installaient pour de bon pourchassés par les colons du pays voisin de l’orient. En effet, ces derniers, arrivaient dans de conditions difficiles, des bébés dans leurs bras, l’attirail de thé dans les mains et un nuage de menace et de faim flottant derrière eux. Aussitôt arrivés, tout le monde se précipita, pour les accueillir et nourrir, et commencer à leur construire de petits foyers, de cabanes, leur donnant leur dignité et vivre à proximité… Voilà un tronc d’arbre, voilà un tronc de palmier, un tapis de tige, quelques provisions de fruits secs et un peu de poudre de grains…, jusqu’au jour, où ils se remettraient sur pieds et commence à travailler et vivre de leurs propres efforts, à assister les gens, à garder leurs moutons, monter les palmiers ou aider les cultivateurs…

                    De cette période du village, Boughmiga se rappelle encore tout enfant, d’un mariage de l’un de ces gens, déjà installés depuis trente ans. Il était très surpris, avec ses amis, d’assister à un mariage, avec des rites différents, de péripéties particulières, comme faire la trêve d’une journée, entre les processions. La première se faisait carrément sur un âne, traversant le village, avec des étoffes multicolores et des filles marchant derrière. Mais ce qui resta dans sa mémoire, quand le soir, pendant le summum de la cohue, il tendit sa petite main, à travers la cloison en palmes, pour repêcher d’une grande marmite, les restes de boyaux de mouton cuits, qu’il prit, avec une explosion de plaisir, et partagea avec ses amis, avec un huitième de pain de l’épicier du village.

                   Dommage, ces gens-là partirent, quand leur pays devint riche, Idoudi, Nayli, Mosrati, Kikli, Zouari…, mais étrangement, coupèrent les ponts des relations, politique malpropre et euphorie de l’argent, oblige. Mais il y a toujours, des bons, des moins bons et des meilleurs partout, dans toutes les régions et les temps.

   Razzia

 

Vers le nord ils apprirent à courir,
A leurs chevaux rapides,
Pour attaquer et revenir
De leurs contrées arides.

Ils ont la surprise en faveur
Mais la distance les use,
Avec les fusils, ils font peur
Mais sans qu’ils en abusent,

Et souvent ils sont rattrapés,
Et le butin revient alors,
Aux pauvres fellahs razziés,
Grâces à des hommes forts.

Car eux aussi faisaient courir
Leurs chevaux vers l’orient,
Pour rattraper et recouvrir
Les troupeaux aux attaquants,

Ainsi se noua une drôle d’histoire,
Entre Nouayels et Akkara,
Les hommes bleus du Sahara
Et ceux du bord de la mer.

 

Lihidheb Mohsen
Zarzis Tunisie 20.05.04

 

                Le Guevara du Djeffara

 

De ses montagnes de Lybie,

Seul descendît,

Vers les plaines de Tunisie,

Et participa aux combats,

Des vaillants fellaghas.

Bien sur, la France le condamna

A mort par contumace,

Et malgré cette menace

Continua la guérilla.

Mais aussitôt l’indépendance

Et le retrait de la France,

Il fût cette fois encore,

Hélas, condamné à mort.

Il rentra alors chez lui,

Après un devoir accompli

En vrai soldat inconnu

Qui resta dans l’oubli.

Un soldat de liberté

Sans frontières milita

Et dans notre mémoire resta

L’objet de notre fierté.

Nos hommages aux résistants,

Qui combattirent l’injustice,

Sans calculs ni malices,

Refusant tous les tyrans.

 

Lihidheb mohsen eco artiste

4170 Zarzis 16.08.09

(A Si Abdallah Haddad, quelques parts

 dans les montagnes de Gheriane en Lybie)

 

                            Assemblage et texte le 15.01.21

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