dimanche 21 février 2021

La vénération de la pluie

 

                   


C’était dans les yeux de mes parents, que j’ai vu la joie et le bonheur lorsqu’il pleuvait. Une relaxation, un acquis et un sentiment heureux d’avoir garantie l’année, pour eux et pour les animaux. Le vieux avec son sac de toile défoncé pour le protéger des grêles, une pelle à la main, avec un large sourire, détournait l’eau ruisselant de la route de la colline vers ses quelques palmiers. Des voisins s’activaient craignant plus de précipitations, d’autres criaient au secours pour protéger leurs cabanes de la descente de l’oued…pendant que de son côté, le boucher du village, se frottait les mains, car la majorité des familles feraient la fête à cette occasion, en cuisinant des repas copieux avec de la viande. D’ailleurs, c’était pour ce point précis de couscous festif, que je partageais et participais à ce bonheur collectif, sans me désolidariser de ce don du ciel, Ô combien vital et vivifiant.

                   Pour y parvenir, il avait fallu, attendre, mettre des semences au pif, avant qu’il ne pleuve, regarder l’horizon nord espérant des nuages…pendant que d’autres faisaient des prières invocatrices, des processions de lamentations et des parties de foot avec des cannes organisées par les vieilles femmes du village. Un match violent, qui parcourait tout le village où la blessure de l’une d’entre elles, était considérée, un signe de promesse et le sang signe de flots d’eaux qui couleraient. Les enfants, garçons et filles, quant à eux, faisaient des danses et des jeux disant « Ô pluie, ma tante, mouille ma tête, ma bandoulière est pleine, des dons de Dieu le clément, pleine de blé et d’orge, Oum Ktambou avec ses nattes que Dieu ne la déçoit, Oum Ktambou la belle, rentrera certainement belle et mouillée ». Quand il commençait à pleuvoir, les gens restaient tranquilles, contemplatifs, afin, disaient-ils, de ne pas effrayer la pluie et la voir partir sans irriguer l’oasis suffisamment.

                   Quand Boughmiga, visita le marabout de Sidi Ettouey, dans la sorte de visite et pèlerinage annuel, qu’effectuaient les Rbayaa, de toute la plaine de la Djeffara et Oued Souf, il remarqua bien ces pasteurs d’ovins, caprins et chameaux, vénéraient la pluie et la demandaient à Dieu, dans toutes leurs manifestations, chants, danses et prières. « Blog, Boughmiga.skyrock.com ». Ce qui est aussi automatique chez toutes les tribus du sud Tunisien, au point de construire autour de ces croyances des histoires fantastiques. Gare au responsable politique ou administratif, qui arrive d’ailleurs et la pluie ne tombe pas dans sa période. Il sera mis à l’index au point que certains devaient être saigner au front pour que le sang coule et faire une prémonition. Même dans les chants populaires, on liait, les événements, les gens et les périodes à la possibilité d’avoir de la pluie. D’ailleurs, la dénomination et le repérage des années se faisait à travers les phénomènes climatologiques. L’année de la disette, celle des inondations, l’année de l’argile, celle des grenouilles, l’année de la fenouil grec, l’année du froid…celle du petit poisson « Ouzeff », celle des sauterelles...

                    Mais le grand dilemme, la faille désormais comportementale, est que nos ancêtres, dans leur transhumance, allaient suivant les nuages pour profiter de la pluie pour leurs bêtes et le labour, même si c’était chez d’autres tribus, qui toléraient automatiquement ce partage réciproque et vital des terres et des pâturages. Maintenant, chacun se fixe dans une région, presque désertique, et attend que la pluie vienne arroser ses espoirs, ce qui n’est pas toujours évident et ne pas en blâmer la nature.

                     Malgré les défauts discutables de la monoculture, il faut admettre une grande récession dans l’exploitation des céréales, qui servaient à un moment de l’histoire, à alimenter des armées entière…pendant que maintenant, nous attendons la pluie certes, qu’on ne vénère plus, mais aussi les produits agricoles d’autres régions du nord du pays et même de l’étranger.

                      De toutes les façons et devant l’inconséquence comportementale, Boughmiga, n’a plus le courage de répondre aux valeurs, à la détermination et aux rêves de ses ancêtres.

                                             Lihidheb Mohsen 21.02.21

2 commentaires:

  1. Slah Mazlout
    يا مطر يا خالتي صبي على قطاياتي
    قطاياتي مليان من ربي سبحانه

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  2. Mo Ouercheffani
    Mohsen Lihidheb
    , Quelle belle Foto, le plus joli palmier du Monde! Salam men Berlin et slah a raison! (Salut slah)!

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    · 16 h

    Soula Nouiri
    لو تبرمج البلدية لحفظ هذا المنظر الطبيعي بعمل بسيط: ببناء داىرة اسفل النخلات واذا ممكن تزيينها بغرس الزهور المناسبة وتعميمها على كل مشهد يعتبر مماثل أو اكثر.

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