vendredi 12 mars 2021

La cavale sociétale.

 

                  


Comme partout dans le monde, il y a bien des coalitions d’idées, des attitudes concentrées sur un point, un symbole, un marabout fédérateur ou une sagesse résultant de tant de compromis successifs. Poussif, me voilà pensif, à narrer ce qui peut rester dans mon inconscient présent, de certaines ponctualités, disséminées çà et là, durant les années, durant notre vie, à faire des tremplins d’espoir ou des fixations pour rechuter dans le noir… et pour comprendre en profondeur, il va falloir entrer dans les détails et faire de chaque événement, un rayon de soleil, éclatant, de vie et de passion.

                    Voilà t y donc, l’année solaire ou lunaire, commence par les pluies et orages, les vents du nord avec des tempêtes, les barques jetées sur la plage par les vagues en rage, les labours tardifs suite aux maigres précipitations, pour passer à la cueillette des lentilles, les haricots, la moisson, la petite brise de fraicheur, le tamisage des grains par le petit souffle du vent, la zoumita, le thé à même le sol, le premier bain à la mer, la tonte des moutons et son cérémonial glouton, les mariages avec leur tapage et couscous appétissant, les circoncisions et les battus à la traque de l’enfant élu pour sa mutilation, la ruée vers les plages pour le pêche collective au petit poisson, les veillés à la belle étoile sur les algues du littoral, les attaques sur les champs de pastèques, les amandiers, les pommiers…, les sortis en groupe à la nage vers l’intérieur de la mer à force de bras et de palabres, le murissement des dattes et la dégustation des premières en plein milieu du ciel, les premières poulpes, les cris des bénévolats pour la construction de maisonnettes en dur, « baghli » « baghli », la charrette qui passait devant les boutiques du villages pour faire une collecte en nature aux familles en difficultés, le Tam tam pour la mobilisation des gens pour aider un père de famille sans garçons à la reconstruction de son puits pour l’irrigation, les lignes par trois des éponges exposés à la vente, les melons et pastèques dans la rue, les groupes de femmes multicolores allant ou venant du moulin à grains, les cercles de jeux à même le sol pour la « kharbga », la marche collective vers le cimetière après la prière, le cinéma ambulant coupant la route pour un long moment, les compagnes de vaccination, contre l’ophtalmie, la variole, la teigne, la phtisie, la moisson des sorghos, l’épluchages des tiges et les feuilles aux animaux, ainsi les événements se succèdent, le saint Ramadan, avec la rupture du jeûne et le festoiement culinaire, tout le long des soirs, le dictat possessif des écrans, puis l’Aïd pour la joie des enfants, des pois chiches et petits bonbons, des petites pièces de monnaie, des vêtements neufs, des pétards devant les mosquées, des visites de complaisance entre les familles dans tous les sens, seuls les maris restent à la maison, pour arriver cahin caha, à l’Aïd El Kébir, pour venir à bout, du mouton bêlant sa destiné, qui passe sans cynisme ni violence, dans les panses comme une offrande à la divinité, puis le retour du pèlerinage et le dégustation des breuvages des puits divins, alors Achoura et les feux volumineux pour fêter la fin de l’année lunaire et la naissance du prophète avec du couscous et la viande séchée….

                    Pourtant, l’évènement le plus important, en plus de la transhumance en veilleuse, réduite et devenue creuse, à cause de la monoculture et de la stabilisation des populations, pour faciliter la mainmise du colonisateur et du preneur de décisions, alors c’était la cueillette des olives, quand toutes les familles se déplacent, pour aller temporairement sur place, à dresser une tente, entre les oliviers, avec tout ce qui accompagne des plaisirs de la campagne, la liberté et l’air fraiche, sortant du nid des palmiers, pataugeant avec la nature, avec une cuisine au bois vert fumant, des veillées à la lampe à pétrole et des contes sous les rayons des étoiles…

                   Alors, devant ces ponctuations, il faut compter avec les imprévus, les morts subites, les incidents de parcours, la fuite d’un âne le soir brisant ses chaines, la chute d’un palmier, le retour des marins, le départ de certains, sur les épaules d’autres dans la capitale, pour aller encore au nord, vers des pays étrangers…, pourtant, on restait toujours à pédaler sur place, dans un nuage de quiétude d'acceptation du néant, sans toutefois, ouvrir l’horizon, pour de bon, à la connaissance, à la science, à l’épanouissement, à s’inscrire dans la civilisation, humaine…, hélas, mais il n’est jamais trop tard.

                                                   Lihidheb mohsen 12.03.2021

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